La Finlande vers un gouvernement d'alliance entre centre-droit et extrême droite

Le vainqueur des élections législatives en Finlande et probable futur Premier ministre, Petteri Orpo, annonce vouloir constituer une coalition gouvernementale avec la formation nationaliste anti-immigration arrivée deuxième à ce scrutin. (AFP)
Le vainqueur des élections législatives en Finlande et probable futur Premier ministre, Petteri Orpo, annonce vouloir constituer une coalition gouvernementale avec la formation nationaliste anti-immigration arrivée deuxième à ce scrutin. (AFP)
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Publié le Jeudi 27 avril 2023

La Finlande vers un gouvernement d'alliance entre centre-droit et extrême droite

  • Quand le parti nationaliste milite pour d'importantes restrictions, M. Orpo défend lui une immigration de travail pour contrer le fort vieillissement de la population finlandaise
  • Les négociations finales pour former un gouvernement durent habituellement un mois environ en Finlande

HELSINKI: Vers un nouveau gouvernement unissant droite et extrême-droite en Europe: le vainqueur des élections législatives en Finlande et probable futur Premier ministre, Petteri Orpo, a annoncé jeudi vouloir s'allier avec la formation nationaliste anti-immigration arrivée deuxième.

Les négociations officielles en vue de former un gouvernement, qui commenceront le 2 mai, réuniront la Coalition nationale (centre droit) qu'il dirige et le Parti des Finlandais (extrême droite) ainsi que deux autres petits partis, a annoncé M. Orpo, 53 ans, au cours d'une conférence de presse à Helsinki.

Une telle alliance avec le Parti des Finlandais, qui a obtenu 20,1% des voix aux législatives du 2 avril, signifierait qu'une nouvelle formation anti-immigration se retrouverait au pouvoir en Europe, sur fond de poussée des partis populistes ou d'extrême droite dans plusieurs pays du continent.

M. Orpo avait deux options pour constituer une coalition: soit s'allier avec le centre gauche, avec le parti social-démocrate (SDP) de la Première ministre démissionnaire Sanna Marin, soit choisir de s'unir avec le Parti des Finlandais, avec lequel le principal sujet de divergence concerne l'immigration.

"Il y a bien sûr des différences entre les partis. Et, certainement, comme on le sait, il y a des questions sur lesquelles ces visions différentes existent", a-t-il dit devant la presse.

Mais au terme des discussions préliminaires de ces dernières semaines, "nous avons collectivement estimé que ces questions pouvaient être réglées. Il n'y a pas de différences insurmontables", a affirmé M. Orpo.

La droite a déjà gouverné avec le Parti des Finlandais (ex-Vrais Finlandais) entre 2015 et 2017, date d'une scission au sein de la formation eurosceptique qui avait abouti à une ligne plus dure, notamment en matière migratoire.

La question s'annonce comme le point le plus difficile pour nouer une alliance. Quand le parti nationaliste milite pour d'importantes restrictions, M. Orpo défend lui une immigration de travail pour contrer le fort vieillissement de la population finlandaise.

"Ce sera un sujet de négociation. C'est une question très importante pour nous: l'immigration qui menace la sécurité comme l'économie", a déclaré jeudi Riikka Purra, la dirigeante des Vrais Finlandais.

Immigration et UE 

"Dans le même temps, nous ne sommes aucunement opposés à toute immigration. Il y a certainement des choses sur lesquelles nous pourrons tomber d'accord en matière d'immigration de travail", a-t-elle dit.

Son parti, qui milite à long terme pour un "Fixit" - une sortie de la Finlande de l'Union européenne - est classé entre la droite souverainiste et l'extrême droite par les politologues.

Jusqu'ici allié au Parlement européen du Rassemblement national (RN) français ou encore de la Ligue italienne au sein du groupe Identité et démocratie, ce dernier a annoncé début avril rejoindre le groupe eurosceptique des Conservateurs et réformistes européens, qui incluent notamment la formation nationaliste polonaise "Droit et Justice" et les "Frères d'Italie" de la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

L'attitude vis-à-vis de l'UE pourrait être la deuxième pomme de discorde entre M. Orpo, dont le parti est ouvertement pro-UE, et Mme Purra, selon les analystes.

Les négociations finales pour former un gouvernement durent habituellement un mois environ en Finlande.

Les membres des coalitions au Parlement finlandais héritent traditionnellement de postes de ministres et le deuxième parti au pouvoir prend généralement celui de ministre des Finances.

Lors des élections du 2 avril, la Coalition nationale était arrivée en tête avec 48 sièges, devant le parti des Finlandais (46) et les sociaux-démocrates de Mme Marin (43).

Cette dernière a annoncé après sa défaite son intention de quitter la tête de son parti en septembre et de se mettre en retrait en redevenant simple députée.

Les deux autres petits partis de la possible future coalition sont le parti chrétien-démocrate (cinq sièges) et le parti suédophone (neuf), des alliés traditionnels de la droite finlandaise.

Il faut 101 députés pour avoir une majorité absolue au Parlement finlandais et ses 200 sièges.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.