L'Allemagne en train à petit prix, pari pour le climat et le pouvoir d'achat

Des trains à grande vitesse ICE de l'opérateur ferroviaire allemand Deutsch Bahn sont garés sur des voies ferrées à Munich, dans le sud de l'Allemagne, lors d'une grève des cheminots, le 21 avril 2023. (AFP).
Des trains à grande vitesse ICE de l'opérateur ferroviaire allemand Deutsch Bahn sont garés sur des voies ferrées à Munich, dans le sud de l'Allemagne, lors d'une grève des cheminots, le 21 avril 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 01 mai 2023

L'Allemagne en train à petit prix, pari pour le climat et le pouvoir d'achat

  • Le «Deutschlandticket» offre un accès illimité aux bus, métros, trains locaux et régionaux -- les trains à grande vitesse étant exclus
  • Avant de conclure qu'il s'agit de «la plus importante réforme des transports de l'histoire», selon les mots du ministre des Transports Volker Wissing, l'abonnement à 49 euros doit faire ses preuves

BERLIN : Voyager en Allemagne pour 49 euros par mois: un nouveau ticket de transport valable à partir de lundi promet aux usagers une "révolution". Mais le coût et l'efficacité du dispositif interrogent.

Avec cette initiative, l'Allemagne veut à la fois soutenir la population face à l'inflation, tout en favorisant l'usage des transports moins polluants.

Le "Deutschlandticket" offre un accès illimité aux bus, métros, trains locaux et régionaux -- les trains à grande vitesse étant exclus.

Avant de conclure qu'il s'agit de "la plus importante réforme des transports de l'histoire", selon les mots du ministre des Transports Volker Wissing, ou d'une "révolution ferroviaire", selon une élue écologiste, l'abonnement à 49 euros doit faire ses preuves.

L'association allemande des gestionnaires de transports publics (VDV) table sur au moins 16 millions de futurs abonnés, dans un pays de 84 millions d'habitants. Environ 750 000 tickets ont déjà été vendus, sans compter les usagers qui ont converti leur abonnement régulier en "Deutschlandticket".

Un accord de financement a été trouvé entre les régions et l'Etat qui verseront chacun 1,5 milliard d'euros par an, pour éviter de creuser davantage le déficit de la Deutsche Bahn, l'opérateur ferroviaire national, estimé à 30 milliards d'euros.

Des dépenses critiquées par l'opposition. L'argent aurait dû selon elle être utilisé "pour améliorer et rénover les infrastructures ferroviaires", a déploré le député chrétien-démocrate Michael Donth.

Le réseau est vieillissant, avec un besoin d'investissement à hauteur de 8,6 milliards d'euros par an sur une décennie.

De la voiture au train ?

Trains bondés, retards, problèmes techniques... seulement 65,2% des trains longue distance sont arrivés à l'heure en 2022, une baisse de 10 points sur un an.

Ces difficultés étaient apparues au grand jour lorsqu'un premier ticket de transport à prix cassé avait été mis en place l'été dernier. Pour 9 euros par mois, les Allemands avaient pu emprunter tous les transports régionaux.

Le succès avait été immense avec 52 millions d'abonnements vendus mais les opérateurs ferrovaires avaient eu du mal à gérer l'engouement.

"Pour résoudre ces problèmes, ce n'est sûrement pas une solution de baisser le prix des abonnements", estime auprès de l'AFP Christian Böttger, chercheur pour l'Université technique de Berlin.

Le ministre des Transports n'a pas exclu une hausse du prix du billet dans l'avenir, pour rendre la formule plus viable économiquement.

D'autant que le report espéré du trafic automobile sur les transports publics n'est pas garanti.

Nombre d'usagers, habitant "loin des centres-villes", ne disposent "pas d'infrastructures ferroviaires suffisantes qui pourraient remplacer l'automobile", selon l'expert.

Ticket climat

Selon un bilan de l'Office des statistique, le billet à 9 euros a juste permis une "stagnation" du trafic routier par rapport à 2019.

Et les automobiles ont émis davantage d'émissions de gaz à effet de serre en 2022 en Allemagne, avec une hausse de 0,8 million de tonnes, selon l'Agence fédérale de l'environnement.

Autre débat: le train est certes plus "vert" que la voiture (la compagnie ferroviaire nationale allemande tire 61% de son électricité des renouvelables) mais demeure quand même polluant (le reste vient notamment du charbon et du gaz).

Le ticket à 49 euros profitera surtout aux "personnes urbaines qui ont déjà un abonnement un peu plus cher", explique à l'AFP Oliver Wittig, expert transports au cabinet EY.

Nombre de pays cherchent à relancer le ferroviaire pour diminuer l'impact carbone du secteur des transports.

L'expérience du ticket à 9 euros n'avait pas convaincu la France: "Cela coûte cher et il y a très peu de report de la voiture vers le train", avait déclaré en octobre Clément Beaune, le ministre français des Transports.

En Espagne, des passes ferroviaires gratuits pour les trains régionaux et de banlieue ont été lancés en septembre.

Selon la Renfe, opérateur ferroviaire espagnol, 2,1 millions d'abonnement ont été émis au premier trimestre.

En Autriche, un "ticket climat" permet depuis 2021 d'utiliser tous les transports publics du pays, trains grandes lignes inclus, pour 1 095 euros par an, contribuant à un "boom" des voyages en train, selon l'opérateur ÖBB.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com