Le spectre de l’instabilité hante les voisins fragiles du Soudan déchiré par la violence

Dans cette capture d’image tirée d’une vidéo diffusée par les forces paramilitaires soudanaises de soutien rapide (FSR) le 23 avril 2023, des combattants montent à l’arrière d’un véhicule technique dans le district du Nil oriental de l’agglomération de Khartoum (Photo, AFP).
Dans cette capture d’image tirée d’une vidéo diffusée par les forces paramilitaires soudanaises de soutien rapide (FSR) le 23 avril 2023, des combattants montent à l’arrière d’un véhicule technique dans le district du Nil oriental de l’agglomération de Khartoum (Photo, AFP).
Un ferry transporte près de 1 900 personnes évacuées à travers la mer Rouge de Port-Soudan à la base navale saoudienne du roi Faisal à Djeddah, le 29 avril 2023, lors d’efforts d’évacuation des personnes fuyant le Soudan (Photo, AFP).
Un ferry transporte près de 1 900 personnes évacuées à travers la mer Rouge de Port-Soudan à la base navale saoudienne du roi Faisal à Djeddah, le 29 avril 2023, lors d’efforts d’évacuation des personnes fuyant le Soudan (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 02 mai 2023

Le spectre de l’instabilité hante les voisins fragiles du Soudan déchiré par la violence

  • Il existe un risque élevé de débordement de la crise vers le Tchad et le Soudan du Sud, très instables, et même au-delà
  • Ce qui a commencé par des affrontements entre deux groupes soudanais commence à avoir un impact négatif sur la région

ROME: Entamant leur troisième semaine, les combats qui ont éclaté le 15 avril entre les forces armées soudanaises d’Abdel Fattah al-Burhane et les forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Hamdan Dagalo ne montrent aucun signe d’apaisement.

Les voisins du Soudan craignent que la violence, qui a englouti de vastes étendues du pays, ne se propage au-delà des frontières du pays et ne déclenche davantage de violence et de chaos dans une région déjà fragile.

Ce point a été souligné lundi par le coordinateur résident humanitaire des Nations unies au Soudan, Abdou Dieng, lors d’une réunion d’information des États membres: «L’effet de contagion de la crise au niveau régional est très préoccupant.»

Le Soudan est limitrophe de sept pays: l’Égypte, le Soudan du Sud, le Tchad, la République centrafricaine, la Libye, l’Éthiopie et l’Érythrée. Les experts et les analystes affirment aujourd’hui que la crise soudanaise risque fort de se propager au Tchad et au Sud-Soudan, très instables, et même au-delà.

«Ce qui se passe au Soudan ne restera pas au Soudan», a indiqué Alan Boswell, de l’International Crisis Group, sur Twitter.

«Aucun voisin du Soudan ne peut se permettre un effondrement de l’État soudanais ou une guerre majeure qui commencerait à se propager», a-t-il révélé à Arab News. «Le risque auquel nous nous attendons si la situation s’éternise, est le risque de fragmentation interne dans un conflit plus complexe au Soudan qui ne cesse de s’étendre. Malheureusement, nous commençons déjà à le voir, notamment à Khartoum.»

Cependant, a ajouté Boswell, il y a «cette fenêtre où il s’agit toujours d’un conflit binaire entre ces deux-là (Al-Burhane et Dagalo). Mais il y a aussi une fenêtre avant que nous commencions à voir, je pense, une intervention extérieure sérieuse. Plus la situation s’éternise, plus cela devient probable. Une fois que ce sceau sera brisé, il est probable que nous verrons davantage d’acteurs extérieurs s’impliquer».

Le risque de débordement géopolitique reflète la position géographique du Soudan, à l’intersection de la Corne de l’Afrique, de l’océan Indien, de l’Afrique subsaharienne et de l’ensemble du monde arabe. En outre, le Soudan est traversé par le Nil et par des oléoducs. Ce pays est riche en minéraux, notamment en or, en chrome, en sel, en gypse et en ciment.

Ce qui a commencé par des affrontements entre deux groupes soudanais rivaux a déjà commencé à avoir un impact négatif sur l’ensemble de la région.

Les Nations unies estiment que 100 000 personnes fuiront le conflit soudanais pour se rendre au Tchad, qui accueille déjà plus d’un demi-million de réfugiés. Des dizaines de milliers de ressortissants soudanais ont déjà échappé aux violences récentes dans leur pays d’origine, se dirigeant principalement vers le Sud-Soudan et le Tchad.

«C’est une situation potentiellement catastrophique et nous risquons de voir le Soudan devenir un autre État en faillite, parce que les combats pourraient ne pas être contenus entre ces deux factions», a déclaré à Arab News Matt Bryden, directeur du Sahan Research, basé à Nairobi. «Il y a un risque que le conflit devienne plus fragmenté et que d’autres acteurs s’impliquent.»

Si la crise des réfugiés dans les pays limitrophes a un impact immédiat, Martin Plaut, chercheur principal à l’Institut d’études du Commonwealth basé à Londres, a déclaré à Arab News que «les impacts à long terme sont beaucoup plus graves et pourraient toucher l’ensemble de la région, ce qui explique pourquoi tout le monde travaille si dur pour essayer d’y mettre fin».

«La Ligue arabe, l’Union africaine, les organisations régionales, les Américains, les Britanniques et les Européens, tout le monde s’efforce vraiment de maîtriser la situation.

«Le problème, c’est que le Soudan pourrait être divisé en deux.

1
Des réfugiés soudanais de la région de Tandelti s’abritent sous un arbre à Koufroun, au Tchad, près d’Echbara, le 30 avril 2023 (Photo, AFP).

Al-Burhane, un Soudanais traditionnel originaire d’un petit village du nord qui a gravi les échelons de l’armée, se tourne vers le nord pour trouver du soutien. Dagalo, quant à lui, est né au Darfour et appartient à la tribu arabe des Rizigat, dans la province occidentale. Il a gravi les échelons pour devenir l’un des hommes les plus puissants et les plus riches du Soudan.

«Dagalo aime se considérer comme le représentant de la périphérie et non de la population nilotique, mais il a joué un rôle central dans la création des Janjawids dans le conflit du Darfour», a déclaré Plaut, faisant référence à la milice connue localement sous le nom de «diables à cheval» et accusée d’une litanie de crimes de guerre pendant la guerre au Darfour.

Bien que Dagalo soit détesté par de nombreuses personnes au Soudan, Plaut affirme qu’il a de nombreux alliés internationaux puissants qui lui fournissent des armes en échange d’or soudanais.

Cela dit, Plaut estime que le conflit doit être résolu par les Africains et les Arabes. «Il ne s’agit pas d’un problème international, sauf pour la communauté internationale si elle fait entrer ses troupes et sortir son personnel et ses citoyens», a-t-il déclaré.

1
Des personnes évacuées dans un ferry qui transporte quelque 1 900 personnes à travers la mer Rouge de Port-Soudan à la base navale saoudienne du roi Faisal à Djeddah, le 29 avril 2023, lors d’évacuations massives du Soudan (Photo, AFP).

Le gouvernement du Soudan du Sud est l’un des voisins qui a déjà exprimé sa profonde inquiétude au sujet des combats. Il craint qu’ils ne franchissent la frontière et ne compromettent le fragile processus de paix dans le pays.

Ce pays épuisé par la guerre, l’un des plus pauvres du monde, n’est pas équipé pour accueillir davantage de réfugiés soudanais. Environ 12 millions de personnes vivent au Soudan du Sud, dont 2,3 millions sont déplacées à l’intérieur du pays. Selon le HCR, les trois quarts de la population dépendent de l’aide humanitaire.

Comme l’a écrit Robert Bociaga dans un récent article d’Arab News: «Le Soudan exporte du pétrole brut produit par le Sud-Soudan. Toute perturbation de cet accord commercial pourrait entraîner une instabilité économique pour la jeune république, qui a déjà souffert des répercussions des récents soulèvements tribaux dans l’est du Soudan.»

L’une des conséquences directes du conflit est le prix des exportations de pétrole du Soudan, qui a chuté vendredi de 100 à 70 dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) le baril.

EN BREF

  • 5 197 personnes évacuées jusqu’au dimanche de Port-Soudan à bord de navires saoudiens
  • 800 000+ personnes susceptibles d’avoir fui le Soudan pour échapper aux combats entre les factions militaires 
  • 70% des établissements de santé à Khartoum forcés de fermer leurs portes en raison des combats

L’Éthiopie, qui se remet toujours de la crise humanitaire provoquée par la guerre du Tigré, partage une longue frontière avec le Soudan. En date du 23 avril, des civils de 23 pays ont fui le Soudan déchiré par les conflits pour se réfugier en Éthiopie, selon le bureau de communication de la région d’Amahara.

«Rien n’indique que l’Éthiopie ou l’Érythrée soutiennent l’une ou l’autre partie, mais elles seront alarmées par l’implication d’autres acteurs», a déclaré à Arab News Aaron Maacho, expert éthiopien de la Corne de l’Afrique. «L’Éthiopie, qui n’a toujours pas résolu ses problèmes, a publiquement appelé les deux parties au conflit soudanais à entamer un dialogue pour résoudre pacifiquement les choses.»

1
Des migrants soudanais transportant leurs bagages font la queue à l’aéroport de Mitiga, dans la capitale libyenne Tripoli, avant de prendre un vol de retour volontaire vers leur pays, le 15 décembre 2021 (Photo, AFP).

La résolution de la crise en Libye, au nord-est du Soudan, risque d’être encore retardée par les événements au Soudan, avec la possibilité d’une aggravation des divisions politiques et des risques sécuritaires. Le pays dépend toujours du Soudan pour ses échanges commerciaux et pour faciliter le retour des mercenaires soudanais du territoire libyen.

Selon les estimations des Nations unies, une transition pacifique et la reconstruction de la Libye pourraient améliorer les performances économiques du Soudan de 22,7 milliards de dollars entre 2021 et 2025. Mais aujourd’hui, le conflit soudanais entraîne une augmentation de l’insécurité frontalière dans le sud de la Libye, notamment en raison des mouvements transfrontaliers de citoyens déplacés et de combattants.

L’Égypte, qui souffre d’inflation et d’une crise de la dette, a également un passé de conflit sur le partage de l’eau avec le Soudan, les deux pays étant tributaires du Nil qui coule depuis l’Éthiopie.

1
Des réfugiés entrent en Égypte par le port terrestre d’Argeen avec le Soudan, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).

Plus près de nous, le Darfour, dans l’ouest du Soudan, est à nouveau menacé de déstabilisation. Boswell craint que les divisions politiques croissantes du pays n’entraînent de nouveaux conflits tribaux.

«D’une certaine manière, il s’agit d’un conflit qui a commencé au Darfour et qui se poursuit aujourd’hui à Khartoum», a-t-il déclaré à Arab News. «Cependant, le Darfour n’est jamais un conflit bilatéral ; de nombreux groupes armés existent au Darfour. Comme nous l’avons déjà vu, ce qui se passe au Darfour ne reste pas au Darfour parce que les pays limitrophes de la région ont de nombreux liens ethniques et ne sont pas en mesure d’arrêter les flux transfrontaliers.

«Alors que l’attention s’est principalement focalisée sur Khartoum, le conflit se déroule déjà au Darfour et il est facile d’imaginer des scénarios dans lesquels le Darfour deviendrait le théâtre où la situation s’éterniserait le plus longtemps», a-t-il poursuivi.

En plus de semer le chaos et de déclencher une crise humanitaire dans une région déjà instable, les combats au Soudan provoquent également des ravages économiques en Afrique de l’Est, en Afrique centrale et au-delà.

Selon Moody’s, si les affrontements débouchent sur une guerre civile prolongée au Soudan, les retombées dans les pays voisins affaibliraient l’environnement sécuritaire de la région, ce qui susciterait des inquiétudes quant à la qualité des actifs pour les prêts des banques multilatérales de développement au Soudan du Sud, au Tchad, en Éthiopie et en Égypte.

Le seul espoir de voir cesser le cauchemar soudanais est un cessez-le-feu, selon Boswell.

À l’heure actuelle, Washington et Riyad font tous deux pression en faveur d’un cessez-le-feu. Cependant, alors que le chaos continue de frapper non seulement la capitale du Soudan mais aussi d’autres régions du pays, la plupart des analystes et des habitants craignent le pire dans une région où «les conflits ont ravagé la vie quotidienne».


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Short Url
  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com