Vers un nouvel ordre énergétique européen

Un panneau indiquant "gaz longue distance", c'est-à-dire du gaz extrait ou produit à un endroit central et transporté par gazoduc sur de plus longues distances jusqu'aux consommateurs, est visible à Open Grid Europe (OGE), l'un des plus grands gestionnaires de réseaux de transport de gaz en Europe, à Werne, dans l'ouest de l'Allemagne, le 15 juillet 2022. (AFP).
Un panneau indiquant "gaz longue distance", c'est-à-dire du gaz extrait ou produit à un endroit central et transporté par gazoduc sur de plus longues distances jusqu'aux consommateurs, est visible à Open Grid Europe (OGE), l'un des plus grands gestionnaires de réseaux de transport de gaz en Europe, à Werne, dans l'ouest de l'Allemagne, le 15 juillet 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 02 mai 2023

Vers un nouvel ordre énergétique européen

  • L’UE semble déterminée à parvenir à l'indépendance énergétique grâce à un déploiement plus rapide des énergies renouvelables
  • Lors de concertations et de réunions parfois houleuses au sein des instances européennes, le nucléaire civil était le point d’achoppement

PARIS: L’accord provisoire trouvé le 30 mars dernier entre les instances européennes énonce comme objectif contraignant de l'Union européenne (UE) pour 2030 un minimum de 42,5% d’énergies renouvelables. Ce progrès du pacte vert pour l’Europe répond en grande partie aux exigences de la transition énergétique. Mais il ne règle pas nécessairement la crise énergétique européenne que la guerre d’Ukraine a révélée.

La crise de la sécurité de l’approvisionnement énergétique de l’Europe remet en cause sa capacité à maîtriser sa trajectoire de décarbonation et le nécessaire accroissement de son autonomie stratégique. On le voit, le chemin n’est pas aisé. Il se heurte aux choix difficiles de la commission à Bruxelles et à une forme de hiatus entre les stratégies de Paris et de Berlin, notamment à propos de la place de l’énergie nucléaire civile. 

Compétitivité

L’énergie est essentielle pour la compétitivité de l’industrie européenne et la crise qu’elle traverse risque d’éroder un pouvoir d’achat des ménages déjà menacé par la reprise de l’inflation. Ce besoin, vital au développement économique et à la vie courante, impose une planification pour assurer la fluidité du marché libéralisé de l’énergie.

Compte tenu des obligations de la lutte contre le réchauffement et le changement climatique et de la nécessité de s’adapter à l’arrêt de l’importation de produits de Russie, la politique énergétique européenne repose sur les piliers suivants: la réduction des consommations d'énergie; la fin de l'utilisation des énergies fossiles et la décarbonation ; et notamment à travers le développement des énergies bas carbone: énergies renouvelables – chaleur, gaz, carburants, électriques – et énergie nucléaire.

L’UE semble déterminée à parvenir à l'indépendance énergétique grâce à un déploiement plus rapide des énergies renouvelables. L’accélération de l'utilisation des énergies renouvelables devrait inclure la production d'électricité, l'industrie, les bâtiments et les transports.

D’un point de vue pratique, l’ancien ordre énergétique, disparu avec le conflit ukrainien, a été fondé sur un gaz russe bon marché, une politique commune déconnectée de la réalité géostratégique et une priorisation idéologique de la dénucléarisation sur la décarbonation.  Afin d’anticiper une possible crise multidimensionnelle systémique, établir une trajectoire énergétique devrait impliquer la remise de la politique énergétique au fondement de la construction européenne, et l’adoption d’une stratégie prenant en compte les options technologiques et les dimensions géographiques et géopolitiques.

Déploiement plus rapide

L’UE semble déterminée à parvenir à l'indépendance énergétique grâce à un déploiement plus rapide des énergies renouvelables. L’accélération de l'utilisation des énergies renouvelables devrait inclure la production d'électricité, l'industrie, les bâtiments et les transports. Cela permettra au fil du temps la réduction des prix de l'énergie et la diminution de la dépendance de l'UE aux combustibles fossiles importés.

Lors de concertations et de réunions parfois houleuses au sein des instances européennes, le nucléaire civil était le point d’achoppement. La France, soutenue par une dizaine d’autres États membres, parmi lesquels la République tchèque, la Roumanie et la Finlande, réclame un traitement égal entre hydrogène renouvelable et hydrogène «bas carbone» produit avec de l’électricité d’origine nucléaire. L’une des raisons évoquées par ce groupe d’États est la possibilité de rivaliser avec les États-Unis, dont le plan de subventions «vertes» met sur le même niveau le nucléaire et les autres énergies renouvelables.

En face, un autre groupe d’États, autour de l’Allemagne, de l’Autriche et de l’Espagne, s’oppose à à l’atome et insiste pour ne pas prendre en compte de manière trop importante l’hydrogène «bas carbone». En effet, cela aurait pour conséquence de ralentir les investissements dans les énergies renouvelables. 

Pour surmonter cet obstacle, il est nécessaire de mettre fin à la rivalité franco-allemande dans le nucléaire. Théoriquement, l’Europe doit, comme ses rivaux stratégiques, s’engager clairement dans la relance du nucléaire, donner la priorité à la sécurité énergétique des pays d’Europe centrale et orientale et mener la bataille du découplage vis-à-vis de la Chine dans la chaîne de valeur des technologies bas carbone.

Nouvelles routes du gaz et du pétrole

Face à ce choc énergétique, les gouvernements nationaux, tout comme la Commission européenne, ont aussitôt privilégié la construction des nouvelles routes du gaz et du pétrole. Cela accentue la dépendance des Européens aux énergies fossiles et, dans le même temps, la vulnérabilité de la souveraineté énergétique du continent. Ainsi, la promotion des énergies renouvelables qui répond aux exigences de la transition énergétique pourrait faciliter l’affirmation de l’Europe comme une puissance industrielle verte, conjuguant souveraineté et écologie.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com