La crise birmane appelée à dominer le sommet des dirigeants de l'Asean

Les délégués assistent à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) à Nusa Dua, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 31 mars 2023 (Photo, AFP).
Les délégués assistent à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) à Nusa Dua, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 31 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

La crise birmane appelée à dominer le sommet des dirigeants de l'Asean

  • L'Association des pays d'Asie du Sud-Est (Asean), critiquée depuis longtemps pour son inaction, tente de relancer un accord sur un plan en cinq points conclu avec la junte birmane il y a deux ans
  • La réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Asean cette semaine sera la première des deux qu'organisera l'Indonésie cette année

SINGAPOUR: La crise birmane va être au centre des discussions entre les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est qui se réunissent pour un sommet régional en Indonésie cette semaine, après des appels renouvelés à mettre fin à l'escalade des violences.

L'Association des pays d'Asie du Sud-Est (Asean), critiquée depuis longtemps pour son inaction, tente de relancer un accord sur un plan en cinq points conclu avec la junte birmane il y a deux ans, après l'échec de tentatives de médiation.

La Birmanie s'enfonce dans une crise politique et humanitaire depuis un putsch militaire qui a fait chuter le gouvernement démocratique d'Aung San Suu Kyi en février 2021, et été suivi d'une répression sanglante par la junte.

Mais les efforts de l'Asean ont été vains face à une junte qui ignore les condamnations internationales et refuse de parler avec les opposants au régime militaire, dont les ex-parlementaires, les Forces de défense du peuple (PDF) - la nouvelle opposition pro-démocratie -, et des groupes armés issus des minorités ethniques.

Les attaques aériennes meurtrières mi-avril dans la région de Sagaing, au centre de la Birmanie, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, ont déclenché des réactions indignées de la communauté internationale et ont accru l'isolement de la junte.

Des diplomates ont indiqué à l'AFP que la crise birmane serait un thème clé du sommet qui se tient du 9 au 11 mai sur l'île indonésienne de Flores.

Le groupe de 10 pays va à nouveau "condamner fortement" les frappes et demander la fin immédiate des violences dans le communiqué final publié par la présidence indonésienne, selon un projet de texte vu par l'AFP.

«Diplomatie discrète»

"Cela devrait être le seul moyen de créer un climat propice à un dialogue national inclusif pour trouver une solution pacifique durable en Birmanie", d'après ce texte.

La Birmanie reste membre de l'Asean mais s'est vue interdire la participation aux réunions de haut niveau à cause de son échec à appliquer le plan conclu il y a deux ans.

La ministre des Affaires étrangères indonésienne Retno Marsudi a indiqué vendredi que Jakarta avait recours à une "diplomatie discrète" pour parler avec toutes les parties du conflit en Birmanie.

Mais l'ancien chef de la diplomatie indonésienne Marty Natalegawa estime que la crise grandissante en Birmanie représente "une menace existentielle" pour l'Asean.

Il a appelé le groupe a en faire plus, faute de quoi l'Asean risque d'être marginalisée par des initiatives unilatérales d'autres pays comme la Chine ou des membres du bloc.

L'Asean devrait "inviter officiellement" le gouvernement d'unité nationale (NUG), un gouvernement fantôme dominé par des anciens députés du parti d'Aung Suu Kyi pour "montrer à la junte les conséquences de son intransigeance", a noté M. Natalegawa.

Ne pas empirer la situation

"On nous indique qu'une diplomatie discrète est menée mais cela ne doit pas être trop discret au risque de devenir un silence assourdissant", a-t-il dit à l'AFP.

Le Premier ministre singapourien Vivian Balakrishnan a appelé à la prudence et à une "patience stratégique".

"Nous devons nous assurer que les actions que nous prenons individuellement et collectivement ne font pas empirer la situation et n'encouragent ou ne permettent pas aux militaires de verser plus de sang", a souligné le dirigeant singapourien depuis l'Australie la semaine dernière.

La réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Asean cette semaine sera la première des deux qu'organisera l'Indonésie cette année.

Les détracteurs de l'Asean critiquent régulièrement son inaction mais ses initiatives sont limités par sa charte qui promeut les principes de consensus et de non interférence.

Les dirigeants d'Asie du Sud-Est devraient aussi parler des tensions croissantes en mer de Chine méridionale, dont la Chine revendique la souveraineté sur l'essentielle de la zone mais que disputent plusieurs pays de l'Asean.

Le président indonésien Joko Widodo devrait aussi présenter une feuille de route pour l'admission du Timor oriental comme membre à part entière du bloc.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com