Ethiopie: toujours des combats au Tigré, ce qui complique l'envoi de l'aide, selon l'ONU

Des réfugiés éthiopiens ayant fui le conflit du Tigré font la queue pour s'inscrire à l'aide alimentaire au camp d'accueil d'Um Raquba dans l'État soudanais de Gedaref, le 3 décembre 2020. Plus de 45 000 personnes ont fui le nord de l'Éthiopie depuis le 4 novembre, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a ordonné des opérations contre les dirigeants du parti au pouvoir de Tigray en réponse à ses attaques présumées contre des camps de l'armée fédérale. (Yasuyoshi Chiba / AFP)
Des réfugiés éthiopiens ayant fui le conflit du Tigré font la queue pour s'inscrire à l'aide alimentaire au camp d'accueil d'Um Raquba dans l'État soudanais de Gedaref, le 3 décembre 2020. Plus de 45 000 personnes ont fui le nord de l'Éthiopie depuis le 4 novembre, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a ordonné des opérations contre les dirigeants du parti au pouvoir de Tigray en réponse à ses attaques présumées contre des camps de l'armée fédérale. (Yasuyoshi Chiba / AFP)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

Ethiopie: toujours des combats au Tigré, ce qui complique l'envoi de l'aide, selon l'ONU

  • Le Tigré est privé de tout approvisionnement depuis le 4 novembre, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale à l'assaut des forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF)
  • Le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) dit vendredi "se tenir prêt à reprendre" ses activités au Tigré, "dès que la situation le permettra", notamment en termes de sécurité

ADDIS ABEBA, Ethiopie :  Les combats continuent dans plusieurs parties du Tigré selon l'ONU, malgré les communiqués de victoire du gouvernement fédéral éthiopien, compliquant l'acheminement de l'aide vers cette région du Nord de l'Ethiopie, théâtre d'un conflit armé depuis un mois.

Le Tigré est privé de tout approvisionnement depuis le 4 novembre, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale à l'assaut des forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), qui dirigeait alors la région et défiait son autorité depuis des mois.

Mercredi, le gouvernement éthiopien a garanti un accès humanitaire "sans restriction" dans la région à l'ONU, qui le réclamait depuis plusieurs semaines pour éviter une potentielle catastrophe.

"Nous avons des informations faisant état de combats qui se poursuivent dans plusieurs parties du Tigré", a expliqué vendredi à l'AFP Saviano Abreu, porte-parole du Bureau onusien de coordination de l'aide humanitaire (Ocha), précisant que l'ONU continuait de négocier "avec toutes les parties au conflit".

"Nous devons avoir le même type d'accord avec toutes les parties au conflit, afin de nous assurer d'avoir un accès libre et sans conditions au Tigré", a-t-il poursuivi.

Cela sous-entend que les forces du TPLF contrôlent encore certaines zones ou y sont, au minimum, encore actives.

Jeudi, le président du Tigré Debretsion Gebremichael avait fait état de combats en cours "autour de Mekele" et plusieurs diplomates avaient indiqué à l'AFP que des affrontements persistaient dans plusieurs endroits du Tigré.

M. Abiy avait clamé victoire, il y a presque une semaine, affirmant que l'opération militaire avait été "menée à bien" et que les combats étaient terminés, après la prise annoncée de la capitale régionale Mekele par les troupes gouvernementales, supposées contrôler désormais la quasi-totalité du Tigré.

Réfugiés érythréens

Vendredi, les évaluations en matière de sécurité dans la région sont toujours en cours et trois responsables onusiens ont confié à l'AFP ne pas s'attendre à ce que l'aide parvienne au Tigré avant la semaine prochaine.

"En gros, pour le moment, il n'y a pas d'accès" à la région, et l'ONU et le gouvernement "auraient dû s'abstenir" de révéler leur accord sur l'accès humanitaire, avant que les préparatifs soient plus avancés, a estimé à Addis Abeba un responsable onusien ayant requis l'anonymat.

"Quand vous rendez ça public de cette façon, cela crée des attentes et les gens se demandent: l'accès a été donné, pourquoi l'aide ne nous arrive pas? ", a-t-il souligné.

Des "centaines de membres du personnel humanitaire", présents avant le conflit, distribuent quand même déjà de l'aide au Tigré, selon M. Abreu.

Environ 600.000 personnes - dont 96.000 réfugiés érythréens vivant dans quatre camps - dépendaient totalement de l'aide alimentaire pour se nourrir au Tigré avant le conflit, selon l'Ocha.

Quatre semaines de combats ont poussé quelque 45.500 personnes à fuir au Soudan voisin, mais ont aussi déplacé un nombre indéterminé d'hommes, de femmes et d'enfants à l'intérieur du Tigré, s'inquiètent les organisations humanitaires.

"Avant les missions d'évaluations lancées" ces derniers jours, "les Nations unies estimaient provisoirement que jusqu'à deux millions de personnes au Tigré auraient besoin d'assistance", souligne vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM) qui fournissait de l'aide à environ un million de personnes avant le conflit.

Dès le lancement de l'opération militaire, les communications ont été totalement coupées - et n'ont été que très partiellement rétablies ces derniers jours - et l'accès très restreint, rendant difficile de connaître la situation militaire et humanitaire au Tigré.

Le PAM dit ne pas savoir actuellement combien de nourriture y est disponible dans ses entrepôts et ceux du gouvernement éthiopien.

Le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) dit vendredi "se tenir prêt à reprendre" ses activités au Tigré, "dès que la situation le permettra", notamment en termes de sécurité.

Il indique qu'environ 5.000 déplacés sont installés dans la localité de Shire, où des membres du HCR et d'organisations partenaires sur place leur ont distribué eau, biscuits énergétiques, vêtements, matelas et couvertures.

Le HCR s'inquiète aussi du sort des camps de réfugiés érythréens "qui restent injoignables" et qu'il estimait lundi à court de réserves alimentaires.

L'organisation veut aussi se rendre sur place pour vérifier des informations sur de possibles exactions contre ces réfugiés, a indiqué vendredi à l'AFP sa représentante en Ethiopie, Ann Encontre.

Les réfugiés érythréens installés en Ethiopie ont fui le régime autocratique du président Issaias Afeworki. Le TPLF accuse l'Erythrée d'avoir envoyé des troupes au Tigré pour le combattre aux côtés de l'armée éthiopienne.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.