La dernière traversée des navires en bois iraniens

Ce petit port de l'île iranienne de Qeshm a longtemps abrité plusieurs chantiers navals spécialisés dans l'entretien et la réparation des navires en bois. (AFP).
Ce petit port de l'île iranienne de Qeshm a longtemps abrité plusieurs chantiers navals spécialisés dans l'entretien et la réparation des navires en bois. (AFP).
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Publié le Jeudi 11 mai 2023

La dernière traversée des navires en bois iraniens

  • Chaque bateau est unique car il n'existe pas de plan
  • "Il est donc construit sur la base de l'expérience" des artisans, qui "se transmet de génération en génération"

ILE DE QESHM: Ils sillonnent depuis des siècles les mers du Golfe, mais les solides navires en bois construits dans le sud de l'Iran n'ont plus le vent en poupe, poussés à la retraite par des bateaux moins chers et plus rapides.

De Mascate au port iranien de Bandar Abbas en passant par Dubaï, la silhouette ventrue des lenjs fait partie du paysage maritime du Moyen-Orient, au même titre que celle des dhows à voile de la péninsule arabique.

Mais "il y en a de moins en moins", constate, fataliste, le capitaine Hassan Rostam, qui navigue depuis 40 ans dans le détroit d'Ormuz, entre l'Iran à l'est et les Emirats arabes unis à l'ouest.

Corps sec et visage buriné, cet homme de 62 ans prend à témoin le calme dans lequel baigne la longue plage de Guran, où reposent une trentaine de lenjs à marée basse.

Ce petit port de l'île iranienne de Qeshm a longtemps abrité plusieurs chantiers navals spécialisés dans l'entretien et la réparation des navires en bois. Mais, ce matin-là, seuls une vingtaine d'ouvriers s'activent, les pieds nus dans la vase.

Calée sur des poutres, une coque de lenj est encore en construction. Mais elle ne sera pas terminée: faute d'argent, son propriétaire compte la démanteler et utiliser ses planches pour d'autres chantiers.

Il y a 12 ans déjà, en 2011, l'Unesco avait placé le lenj sur sa liste "du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente". Avec ce bateau, c'est "la philosophie, le contexte rituel et le savoir traditionnel liés à la navigation dans le golfe Persique qui s'estompent peu à peu", s'inquiétait l'institution culturelle de l'ONU.

Musée à ciel ouvert 

A l'âge d'or, ces navires rustiques et costauds servaient à transporter céréales, dattes, poissons séchés, épices, bois ou tissus, entre les pays bordant le Golfe, allant jusqu'aux côtes de l'Afrique orientale, de l'Inde et du Pakistan.

Ils pouvaient être aussi utilisés pour la pêche, dont celle, très lucrative, des perles.

Si cette dernière activité a quasiment disparu, la longue tradition de cabotage commercial est poursuivie par des bateaux construits en fibre de verre ou en acier. De toutes tailles, ils traversent à vive allure les eaux turquoises du Golfe en prenant soin d'éviter les immenses pétroliers qui, les cuves pleines, rejoignent l'océan Indien.

"Aujourd'hui, un lenj neuf coûte très cher" parce que "le bois utilisé provient de l'étranger" et que "sa construction est totalement manuelle", réalisée à même la plage, explique Ali Pouzan, qui supervise le chantier de Guran.

Chaque bateau est unique car il n'existe pas de plan. "Il est donc construit sur la base de l'expérience" des artisans, qui "se transmet de génération en génération".

Comme en témoigne Younes qui, à 42 ans, répare des lenjs depuis plus de 20 ans dans son village natal de Guran.

"C'est un métier pénible", avoue-t-il en réalisant, sous un soleil accablant, le "kalfat koobi": une vieille technique qui consiste à rendre la coque imperméable à l'aide de bandes de coton imbibées d'huile de sésame ou de noix de coco.

Conscient que l'avenir de Guran n'est plus dans la construction navale, Ali Pouzan parie sur le tourisme, un secteur prometteur sur l'île de Qeshm, qui attire de plus en plus de visiteurs.

"Nous avons restauré plusieurs bateaux pour les adapter aux balades en mer", explique-t-il.

L'ambition est aussi de transformer le port de Guran en un musée à ciel ouvert, particulièrement photogénique avec ses coques colorées couchées sur le sable.

Au milieu, un vieux lenj est en train d'être restauré pour devenir un café. Son large pont accueillera les visiteurs lorsque les températures, caniculaires en été, redeviendront supportables à l'automne.

Un peu plus loin, près d'une large mangrove, Ali Pouzan veut mettre à disposition des touristes quelques cabanes dont l'architecture s'inspire des lenjs. Chacune portera le nom des plus fameuses destinations de ces valeureux bateaux: Zanzibar, Mombasa, Calcutta...


Louvre: un groupement franco-américain aménagera le département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient

Le musée du Louvre à Paris. (Photo, AFP)
Le musée du Louvre à Paris. (Photo, AFP)
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  • Créé officiellement en 2022 et encore en cours de constitution, ce département rassemble plus de 20.000 œuvres,
  • Fondé en 2004 par Kulapat Yantrasast, architecte né en Thaïlande, formé au Japon et basé à Los Angeles, WHY est un cabinet de design multidisciplinaire.

PARIS : Le musée du Louvre a annoncé jeudi choisir un groupement franco-américain réuni autour de l'architecte californien Kulapat Yantrasast et son agence WHY pour concevoir la scénographie de son nouveau département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient.

"À l'unanimité des membres du jury du concours international de scénographie, le Louvre a retenu la proposition du groupement franco-américain WHY-BGC (agence d'architecture et de scénographie basée à Paris, NDLR) pour concevoir la scénographie des salles du neuvième et nouveau département du musée, consacré aux Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient", écrit le Louvre dans un communiqué.

Créé officiellement en 2022 et encore en cours de constitution, ce département rassemble plus de 20.000 œuvres, des origines de l'image chrétienne jusqu'au début du XXe siècle, sur une aire géographique s'étendant de l'Éthiopie à la Russie, des Balkans au Levant et à la Mésopotamie.

WHY-BGC "proposera également une nouvelle présentation des collections d'antiquités romaines (qui retracent l'activité artistique du bassin méditerranéen du IIe siècle avant J.C. au IVe siècle après J.C). L'ensemble (5.500 m2) constituera la plus importante refonte muséographique menée par le Louvre depuis la création des salles du département des Arts de l'Islam" en 2012, précise le musée.

Fondé en 2004 par Kulapat Yantrasast, architecte né en Thaïlande, formé au Japon et basé à Los Angeles, WHY est un cabinet de design multidisciplinaire. Il a acquis une solide réputation dans le domaine de l'architecture culturelle en remportant plusieurs concours internationaux. Le Metropolitan Museum of Art de New York lui a commandé la transformation de son aile Rockefeller, consacrée aux arts d'Afrique, d'Océanie et des Amériques, qui ouvrira en 2025.

BGC studio a été créée en 2009 par Giovanna Comana et Iva Berthon Gajšak. La scénographie d'exposition est devenue son domaine de prédilection avec de nombreuses réalisations dans les musées parisiens. Elle est aussi présente à l'international, notamment en Italie, au Maroc, dans les Emirats arabes unis et en Chine.


Le Festival de théâtre du Golfe à Riyad renoue avec la tradition et favorise les échanges culturels régionaux

Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes. (X : @MOCPerformArt)
Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes. (X : @MOCPerformArt)
Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes. (X : @MOCPerformArt)
Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes. (X : @MOCPerformArt)
Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes. (X : @MOCPerformArt)
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  • Pour la première fois depuis 1988, le festival est organisé en Arabie saoudite, célébrant un riche héritage de collaboration théâtrale dans le Golfe
  • L'événement, qui se déroule du 10 au 17 septembre, rassemble des artistes, des interprètes et des personnalités culturelles des pays du Conseil de coopération du Golfe afin de promouvoir les échanges artistiques régionaux

RIYAD: Le 14e Festival de théâtre du Golfe a débuté à Riyad, marquant un grand retour après une interruption de huit ans.

Pour la première fois depuis 1988, le festival est organisé en Arabie saoudite, célébrant ainsi un riche héritage de collaboration théâtrale dans le Golfe.

L'événement, qui se déroule du 10 au 17 septembre, rassemble des artistes, des interprètes et des personnalités culturelles de tous les pays du Conseil de coopération du Golfe afin de promouvoir les échanges artistiques régionaux.

Organisé au théâtre universitaire Princesse Nourah bent Abdulrahman, le festival a débuté par une cérémonie d'ouverture à laquelle ont participé d'éminentes personnalités des scènes théâtrales du Golfe et des pays arabes.

Le festival comprendra une série de représentations théâtrales compétitives, des ateliers et des discussions visant à améliorer la production et la collaboration.

L'événement rend également hommage aux esprits créatifs, en reconnaissant leurs contributions à la forme d'art par une série de prix.

S'exprimant au nom du ministre saoudien de la Culture, prince Badr ben Abdullah ben Farhan, Sultan Al-Bazie, directeur général de la Commission du théâtre et des arts du spectacle, a souligné l'importance du festival.

"Le festival est une nuit de la culture du Golfe, célébrant le théâtre comme une plateforme de créativité qui a enrichi la mémoire culturelle et favorisé la collaboration entre nos nations sœurs", a-t-il déclaré.

Al-Bazie a également souligné le soutien que les secteurs culturels reçoivent de la part des dirigeants de l'Arabie saoudite, notant que le festival reflète la vision du Royaume pour faire progresser la scène théâtrale du Golfe.

"L'événement s'inscrit dans notre engagement à créer un paysage culturel prospère dans le Golfe qui renforce l'identité nationale, encourage le dialogue avec le monde et stimule la viabilité économique des arts", a-t-il ajouté.

Dans un commentaire exclusif accordé à Arab News, Al-Bazie a fait part de ses espoirs pour l'avenir du festival.

Il a déclaré: "Le festival revient après huit ans d'absence et est organisé périodiquement dans les pays du CCG".

"Il continuera à se renforcer et à évoluer vers un travail institutionnel visant à promouvoir l'aide, la production théâtrale, la formation et les efforts conjoints. Ce sont tous des espoirs que nous voulons réaliser dans les années à venir".

Avec son riche mélange de spectacles, de conférences et d'échanges culturels, le Festival de théâtre du Golfe devrait consolider le rôle de Riyad en tant que plaque tournante de la collaboration artistique régionale.

L'événement ne se contente pas de raviver des traditions de longue date, il ouvre également la voie à un avenir plus durable et plus dynamique pour le théâtre du Golfe.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'épave d'un navire français, coulé en 1856, retrouvée au fond de l'Atlantique nord

Cette image fournie par Atlantic Wreck Salvage montre une partie du cylindre du moteur du Lyonnais sur le fond de l'océan Atlantique, à environ 320 kilomètres de New Bedford (Massachusetts), dans une zone connue sous le nom de Georges Bank, le 24 août 2024. ( Photo AFP)
Cette image fournie par Atlantic Wreck Salvage montre une partie du cylindre du moteur du Lyonnais sur le fond de l'océan Atlantique, à environ 320 kilomètres de New Bedford (Massachusetts), dans une zone connue sous le nom de Georges Bank, le 24 août 2024. ( Photo AFP)
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  • Le Lyonnais, un bijou technique pour l'époque construit en 1855, voguait vers la France début novembre 1856 de retour d'un voyage inaugural du Havre à New York, a relaté à l'AFP Jennifer Sellitti de l'association Atlantic Wreck Salvage.
  • "Les années 1850 marquent le début du passage de la voile à la vapeur" et "la France cherche alors à monter une première ligne transatlantique", a expliqué Jennifer Sellitti.

WASHINGTON : Une équipe américaine de plongeurs et chercheurs d'épaves a découvert au fond de l'Atlantique nord les restes d'un navire à vapeur français coulé en 1856 après une collision avec un bateau à voile américain, une catastrophe oubliée qui avait fait 114 morts.

Le Lyonnais, un bijou technique pour l'époque construit en 1855, voguait vers la France début novembre 1856 de retour d'un voyage inaugural du Havre à New York, a relaté à l'AFP Jennifer Sellitti de l'association Atlantic Wreck Salvage.

Des plongeurs du groupe D/V Tenacious ont retrouvé l'épave en août après deux décennies de recherches, a-t-elle ajouté.

Le bâtiment, dont la coque était en fer, a été formellement identifié au fond de l'océan à 200 miles (320 kilomètres) au large de New Bedford sur la côte du Massachusetts (nord-est), dans une région appelée Georges Bank.

L'association de Mme Sellitti n'a pas dit où, très précisément, se trouve Le Lyonnais.

"Il n'est évidemment pas dans l'état dans lequel il était (lorsqu'il naviguait). Il est vraiment en morceaux", a reconnu la responsable dans un entretien téléphonique.

- Epaves ensevelies -

Car "l'Atlantique nord est un endroit très hostile pour une épave de navire (à cause) des tempêtes, des marées (...) et des sables mouvants qui ensevelissent complètement les épaves".

C'est grâce aux dimensions d'un cylindre du moteur qu'on a pu identifier formellement Le Lyonnais, a certifié Mme Sellitti.

Le navire, qui fonctionnait à voile et à vapeur, était sorti en 1855 d'un chantier maritime anglais, Laird & Sons, qui l'avait construit pour la société française Compagnie Franco-Américaine.

Il s'agissait pour la France de développer le transport transatlantique de passagers, de courriers et de marchandises.

"Les années 1850 marquent le début du passage de la voile à la vapeur" et "la France cherche alors à monter une première ligne transatlantique", a expliqué Jennifer Sellitti.

Le Lyonnais, après avoir traversé du Havre à New York avec du fret et du courrier, retournait vers le grand port de Normandie avec ses premiers passagers, la plupart des Français.

Mais le soir du 2 novembre 1856, le navire transportant 132 passagers et membres d'équipage entre en collision avec le bateau à voile américain, l'Adriatic, qui navigue entre les côtes des Etats du Maine (nord-est) et de Géorgie (sud-est).

- "Collision inévitable" -

Jonathan Durham, le capitaine de l'Adriatic, avait témoigné après la catastrophe, cité dans le New York Times du 19 novembre 1856: vers 23H00, par une nuit étoilée mais "brumeuse", Le Lyonnais avait "subitement changé de trajectoire rendant une collision inévitable".

Sérieusement accidenté, l'Adriatic avait poursuivi sa route, le capitaine Durham parvenant à rallier deux jours plus tard le port de Gloucester, dans le Massachusetts.

La navire français aurait, selon ce capitaine Durham, aussi continué sa traversée, avec plusieurs trous dans la coque.

Le Lyonnais avait sombré quelques jours plus tard, on ne sait où, et moins d'une vingtaine de personnes avaient été secourues par un autre bateau.

Jennifer Sellitti a écrit un livre sur cette catastrophe qui fut "vraiment une grosse histoire à l'époque": l'ouvrage "The Adriatic Affair: A Maritime Hit-and-Run Off the Coast of Nantucket" (Schiffer Publishing) sort aux Etats-Unis le 28 février 2025.

Il y a 168 ans, le capitaine américain Durham fut arrêté et jugé en France et l'accident souleva de nombreuses questions juridiques en matière de transport maritime.

La catastrophe figure aussi dans le célébrissime roman de Jules Vernes "Vingt Mille Lieues sous les mers" (1869) et a eu à la fin des années 1850 un retentissement dans l'actualité internationale, selon Mme Sellitti.

Avant que "tout le monde cesse d'en parler au moment de la Guerre de Sécession" à partir de 1861, constate-t-elle.