Surpopulation carcérale: la contrôleure des prisons étrille « l'inertie coupable  » du gouvernement

Cette surpopulation record inflige "aux prisonniers de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 – dans moins d'1m2 d'espace vital par personne". (AFP).
Cette surpopulation record inflige "aux prisonniers de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 – dans moins d'1m2 d'espace vital par personne". (AFP).
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Publié le Jeudi 11 mai 2023

Surpopulation carcérale: la contrôleure des prisons étrille « l'inertie coupable  » du gouvernement

  • "L'inertie est un mur auquel se heurtent les alertes incessantes du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) sur l'état déplorable des lieux qu'il visite"
  • La contrôleure générale sonne encore l'alarme alors qu'un nouveau pic historique vient d'être atteint dans les prisons françaises avec 73.080 détenus au 1er avril pour 60.899 places

PARIS: Des maisons d'arrêt qui "débordent" et l'Etat "qui détourne le regard": la contrôleure des prisons Dominique Simonnot étrille, dans son rapport annuel publié jeudi, "l'inertie coupable" du gouvernement face à la surpopulation carcérale record en France.

"Inertie, définition: manque d'activité, d'énergie. État de ce qui ne bouge pas ou peu. Synonymes: apathie, immobilisme, inaction, facilité", attaque Dominique Simonnot dans l'avant-propos de ce rapport qui dresse un tableau très noir des atteintes aux droits dans les prisons mais aussi hôpitaux psychiatriques ou centres de rétention administrative.

"L'inertie est un mur auquel se heurtent les alertes incessantes du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) sur l'état déplorable des lieux qu'il visite", se désole l'ancienne journaliste du Canard enchaîné.

Comme en écho à ses déclarations à son arrivée à la tête de cette autorité administrative indépendante, à l'automne 2020. Elle avait alors prévenu qu'elle ne voulait pas "servir d'alibi" et qu'elle comptait voir ses recommandations, bien que non contraignantes, appliquées "avec la plus grande fermeté".

"On tâchera d'être féroces", disait également Dominique Simonnot dans un entretien à l'AFP.

Près de trois ans après, la contrôleure générale sonne encore l'alarme alors qu'un nouveau pic historique vient d'être atteint dans les prisons françaises avec 73.080 détenus au 1er avril pour 60.899 places, et un taux d'occupation moyen qui grimpe à 142,2% dans les maisons d'arrêt.

Cette surpopulation record inflige "aux prisonniers de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 – dans moins d'1m2 d'espace vital par personne – d'être grignotés par les punaises, envahis par les cafards et les rats", égrène Dominique Simonnot. Elle contraint "2.100 d'entre eux à dormir sur un matelas au sol", pointe-t-elle.

L'autorité indépendante, rappelle-t-elle, "recommande depuis 2017" la mise en place d'un mécanisme de régulation carcérale inscrit dans la loi, qui permettrait d'examiner les possibilités de sortie d'un prisonnier en fin de peine avant de faire rentrer d'autres détenus.

Mais "malgré des démarches insistantes (...), les pouvoirs publics ne semblent pas déterminés à modifier l'état du droit", regrette la CGLPL.

« Rance »

Elle tance la "solution avancée par l'Etat" pour lutter contre le fléau de la surpopulation carcérale, celle de la construction de 15.000 nouvelles places de prison d'ici 2027. Une "fameuse promesse fleurant le rance, puisque ces 15.000 places étaient déjà proclamées en 2017 pour 2022" et ont été "très modestement réduites, à 2.000 fin 2021", accuse la contrôleure générale.

Le CGLPL, qui est chargé de veiller au respect des droits fondamentaux dans les prisons, mais aussi les hôpitaux psychiatriques, les centres de rétention administrative, les centres éducatifs fermés et les locaux de garde à vue, a effectué 115 visites de contrôle d'établissements en 2022.

Dans tous ces lieux de privation de liberté, le constat de la contrôleure générale est également "très alarmant".

Concernant les hôpitaux psychiatriques, la CGLPL déplore des "atteintes" portées "à l'égalité d'accès aux soins, à la liberté d'aller et venir, et parfois même à l'obligation de protection" des patients, dans un "contexte de pénurie médicale et soignante".

Dominique Simonnot s'inquiète par ailleurs d'une "gestion de plus en plus sécuritaire" des centres de rétention administrative (CRA), "où sont parqués - pas d'autre mot - les étrangers en voie d'expulsion", et où "les activités y sont plus que rares, les cours de promenade très exiguës, les chambres sales et dégradées, l'information sur les droits parcellaire".

Dans ce contexte, l'accroissement des capacités de rétention, annoncé à l'occasion d'un débat sans vote sur l'immigration en décembre à l'Assemblée nationale, "porte le risque d'une multiplication des atteintes aux droits", prévient la contrôleure générale.

De l'ensemble des constats contenus dans ce rapport de 188 pages, "surnage (...) le sentiment d'un abandon de l'Etat", considère-t-elle.

"Cependant l'espoir demeure", assure Dominique Simonnot, se "félicitant" que les bâtonniers des ordres d'avocats se soient saisis de leur nouveau droit de visiter les prisons, cellules de garde à vue et centres de rétention, tout comme les parlementaires.

"Et plus de monde verra et constatera ce que dénonce le CGLPL, plus vite avanceront les chances de changement. Sans quoi, cette inertie coupable perdurera", souligne-t-elle.


Paris accueillera le 24 octobre la conférence internationale de soutien au Liban.

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  • "Cette conférence ministérielle réunira les États partenaires du Liban, les Nations Unies, l'Union européenne et les organisations internationales, régionales et de la société civile", a-t-il précisé dans un communiqué.
  • Au Liban, plus d'un million de personnes ont été déplacées par les violences.

PARIS : La conférence internationale consacrée Liban, voulue par Emmanuel Macron, se tiendra le 24 octobre pour mobiliser la communauté internationale au secours de la population et pour soutenir les institutions du pays, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères.

"Cette conférence ministérielle réunira les États partenaires du Liban, les Nations Unies, l'Union européenne et les organisations internationales, régionales et de la société civile", a-t-il précisé dans un communiqué.

Samedi, le président français avait annoncé la tenue de cette conférence sans en préciser la date.

Celle-ci "aura pour objectif de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins de protection et de secours d'urgence de la population du Liban et d'identifier les voies d'un soutien aux institutions du Liban, en particulier des Forces armées libanaises, garantes de la stabilité interne du pays", a également indiqué le ministère mercredi.

Après avoir affaibli Hamas, dont l'attaque d'une ampleur inédite le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a déclenché des hostilités meurtrières dans la bande de Gaza, Israël mène désormais une guerre ouverte au Liban contre le Hezbollah pro-iranien, un allié du mouvement islamiste palestinien.

L'objectif affiché est d'éloigner ce mouvement chiite pro-iranien des zones frontalières où il est implanté et de faire cesser ses tirs de roquettes vers le nord d'Israël afin de permettre le retour dans cette région de quelque 60.000 de ses habitants déplacés.

Au Liban, plus d'un million de personnes ont été déplacées par les violences.

"Face à une crise politique et humanitaire grave et profonde, la France rappellera à travers cette conférence l'urgence d'une cessation des hostilités et d'une solution diplomatique fondée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité et permettant le retour en sécurité des déplacés en Israël comme au Liban dans leurs foyers", souligne le Quai d'Orsay.

Il ajoute que l'élection d'un président au Liban est "la première étape de la remise en marche des institutions politiques".

Selon les chiffres officiels libanais, les violences ont fait 2.000 morts depuis le 23 septembre dont plus d'un millier depuis octobre avec le début de frappes israéliennes sur le sud et l'est de son territoire, ainsi que sur la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah.


Un fils Ben Laden installé en Normandie interdit de territoire en France

Le peintre saoudien Omar bin Laden, quatrième fils aîné de l'ancien chef d'Al-Qaida Oussama Bin Laden, pose lors d'une exposition d'une trentaine de ses œuvres d'art à la "Brocante Arielle", au Teilleul, dans l'ouest de la France, le 1er juillet 2022. (AFP)
Le peintre saoudien Omar bin Laden, quatrième fils aîné de l'ancien chef d'Al-Qaida Oussama Bin Laden, pose lors d'une exposition d'une trentaine de ses œuvres d'art à la "Brocante Arielle", au Teilleul, dans l'ouest de la France, le 1er juillet 2022. (AFP)
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  • Omar Ben Laden, un fils du jihadiste Oussama Ben Laden qui s'était installé en Normandie en 2018, s'est vu notifier une interdiction administrative du territoire français et ne peut plus revenir en France, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur
  • Selon la préfecture de l'Orne, le fils d'Oussama Ben Laden avait quitté "volontairement" la France en octobre 2023 au moment où la décision lui était notifiée

PARIS: Omar Ben Laden, un fils du jihadiste Oussama Ben Laden qui s'était installé en Normandie en 2018, s'est vu notifier une interdiction administrative du territoire français et ne peut plus revenir en France, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Installé dans un bourg de l'Orne "depuis plusieurs années en tant que conjoint de ressortissante britannique", Omar Ben Laden "a accueilli sur ses réseaux sociaux en 2023 des propos relevant de l'apologie du terrorisme", a justifié sur X le ministre.

"En conséquence, le préfet de l'Orne a pris une OQTF", une obligation de quitter le territoire français, et "obtenu le départ" d'Omar Ben Laden, a-t-il ajouté.

Selon la préfecture de l'Orne, le fils d'Oussama Ben Laden avait quitté "volontairement" la France en octobre 2023 au moment où la décision lui était notifiée.

Fondateur de l'organisation jihadiste Al-Qaïda et cerveau des attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, Oussama Ben Laden a été tué en mai 2011 au Pakistan par les forces spéciales américaines.

C'est à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Oussama Ben Laden, en mai 2023, que des propos relevant de l'apologie du terrorisme et de la glorification d'Al-Qaïda avaient été publiés sur un compte Twitter (devenu X) au nom d'Omar Ben Laden, un compte aujourd'hui suspendu.

Le préfet de l'Orne avait alors fait un signalement auprès du parquet d'Argentan.

Si Omar Ben Laden, 43 ans, "a nié être l'auteur des propos répréhensibles sur ses réseaux sociaux, ce que l’enquête pénale en cours a vocation à clarifier, il n'en est pas moins établi que ces contenus illicites ont bien été accueillis" sur ses réseaux sociaux et qu'il ne les a pas retirés ni condamnés, indique la préfecture dans un communiqué.

"Au regard des risques pour l'ordre public et la sécurité nationale", le préfet a en outre retiré à Omar Ben Laden son titre de séjour et lui a délivré une OQTF avec interdiction de retour de deux ans (le maximum légal).

Cette décision avait été notifiée le 27 octobre 2023 à l'intéressé, qui avait déposé un recours. Le tribunal administratif de Caen a confirmé la validité de la décision le 4 octobre, précise la préfecture.

- Un homme "fragile" -

Né en Arabie saoudite où il a passé ses premières années, Omar Ben Laden a aussi vécu au Soudan puis en Afghanistan. Après avoir quitté son père à l'âge de 19 ans, il a vécu une vie d'itinérance dans plusieurs pays arabes jusqu'à son arrivée en France et son installation dans la commune de Domfront-en-Poiraie, où il s'adonnait notamment à la peinture.

Selon Pascal Martin, 64 ans, qui se présente comme son agent artistique, Omar Ben Laden, "malade psychologiquement", n'avait pas été informé mardi de cette interdiction du territoire.

"Il vit au Qatar et nous avons décidé avec sa femme de ne pas l'en informer. Il est trop fragile, s'il l'apprend ça va lui faire beaucoup de mal", a assuré son ami joint par l'AFP.

"Cette décision est complètement dingue, inconcevable (...) Il a eu une vie difficile, c’est la première victime du terrorisme. Être le fils d'Oussama Ben Laden a été pour lui une épreuve", a déclaré M. Martin.

"Dans aucun de ses propos je ne l'ai entendu faire l'apologie du terrorisme. Il est incapable de promouvoir le 11-Septembre, il dit que sa vie s’est arrêtée ce jour-là", insiste-t-il.

"C'est scandaleux", tranche Harry Atterton, Britannique de 87 ans et également ami d'Omar Ben Laden. "Il a réussi à se séparer de toute l'idéologie de son père" et n'est "pas du tout impliqué dans la politique."

"Il y a des milliers de terroristes potentiels qui devraient être sortis de la France, mais ils ont choisi Omar (Ben Laden)", déplore l'octogénaire.

Même incompréhension au Palais d'Odin, le bar-restaurant où Omar Ben Laden, son épouse et leurs amis britanniques avaient leurs habitudes à Domfront-en-Poiraie, une commune tranquille d'environ 4.000 habitants.

"Il était d'une discrétion absolue, sur la table d'Anglais que je reçois quotidiennement c'était celui qui parlait le moins", se souvient Christian, le propriétaire.

"J'ai trouvé ça un peu dur, il avait plutôt un message de paix même dans ses peintures. On aurait dû lui laisser une chance. Avec nous les Domfrontais, il n'avait aucune agressivité", a-t-il confié à l'AFP.


La Cour de cassation se prononce mercredi après-midi sur le renvoi de Tariq Ramadan en procès

Une photo montre l'entrée du Palais de Justice à Paris le 5 septembre 2023. (AFP)
Une photo montre l'entrée du Palais de Justice à Paris le 5 septembre 2023. (AFP)
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  • La Cour de cassation rendra mercredi après-midi sa décision sur le renvoi devant la cour criminelle départementale de Paris pour viols sur trois femmes de l'islamologue suisse Tariq Ramadan
  • Le 27 juin, la cour d'appel de Paris a ordonné un procès pour M. Ramadan pour un viol aggravé sur une femme et deux viols sur deux autres

PARIS: La Cour de cassation rendra mercredi après-midi sa décision sur le renvoi devant la cour criminelle départementale de Paris pour viols sur trois femmes de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, qui le conteste.

Le 27 juin, la cour d'appel de Paris a ordonné un procès pour M. Ramadan pour un viol aggravé sur une femme et deux viols sur deux autres.

L'islamologue et une quatrième femme, Mounia Rabbouj, ont formé des pourvois antagonistes, le premier demandant un non-lieu général, la seconde l'ajout de ses accusations rejetées par la cour d'appel.

A l'audience de mercredi, le conseiller rapporteur comme l'avocat général ont prôné la non-admission de ces pourvois, une procédure qui permet d'écarter rapidement les recours non sérieux ou irrecevables.

Les deux magistrats ont notamment estimé que ces requêtes tendaient à remettre en cause l'appréciation de fond de la chambre de l'instruction, alors que le rôle de la Cour de cassation se borne à vérifier l'absence d'erreur de droit.

Aucun avocat, en défense de M. Ramadan ou à l'appui de Mme Rabbouj, n'a défendu oralement ses observations écrites.

Le président de la chambre criminelle a indiqué que la décision serait rendue "dans l'après-midi".

Le 7 juillet 2023, après six ans d'enquête, deux juges d'instruction avaient ordonné le renvoi de M. Ramadan pour des viols sur "Christelle", Henda Ayari, Mounia Rabbouj et une quatrième femme.

Dans son arrêt du 27 juin dont l'AFP a eu connaissance, la cour d'appel a écarté le cas de Mme Rabbouj, et pris sur le fond le contrepied des magistrates instructrices et de l'enquête, qui s'était focalisée sur l'emprise, en retenant la violence comme principal stratagème des viols imputés à M. Ramadan.

Dans cette procédure très médiatisée et emblématique de l'ère #MeToo, les plaignantes ont en effet décrit des relations sexuelles particulièrement brutales.

Le récit de Mounia Rabbouj, qui avait présenté une robe tachée du sperme de l'islamologue, avait contraint l'intellectuel, qui l'avait d'abord nié, à admettre mi-2018 l'existence de relations adultères avec elle et d'anciennes maîtresses, empreintes "de domination", rudes mais "consenties", un tournant majeur dans ce dossier.

En Suisse, le prédicateur a été condamné fin août à trois ans de prison dont un ferme, pour viol et contrainte sexuelle en 2008. Ses avocats ont saisi le Tribunal fédéral suisse, cour suprême de la Confédération.