Transférer les migrants en régions, la stratégie d'«accueil» du gouvernement

Une photographie montre un panneau d'information annonçant la construction du chantier à Saint-Brevin-Les-Pins, dans l'ouest de la France, le 29 avril 2023, lors d'un rassemblement pour promouvoir le projet d'un nouveau CADA, un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. (Photo FRED TANNEAU / AFP)
Une photographie montre un panneau d'information annonçant la construction du chantier à Saint-Brevin-Les-Pins, dans l'ouest de la France, le 29 avril 2023, lors d'un rassemblement pour promouvoir le projet d'un nouveau CADA, un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. (Photo FRED TANNEAU / AFP)
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Publié le Mercredi 17 mai 2023

Transférer les migrants en régions, la stratégie d'«accueil» du gouvernement

  • C'est dans l'objectif de désengorger l'Ile-de-France, région où convergent 50% des flux migratoires en France et où les campements se reforment régulièrement, que le gouvernement a adressé une circulaire aux préfets le 13 mars
  • L'idée est de créer environ 500 places dans ces nouvelles structures dans toutes les régions à l'exception des Hauts-de-France, de l'Ile-de-France et de la Corse

PARIS: La province, nouvel eldorado pour les migrants ? Du point de vue du gouvernement, en tout cas: l'Etat transfère tous les mois plus de 2.000 exilés de l'Ile-de-France vers les régions, où il multiplie les structures d'accueil, nouvelles cibles de l'extrême droite.

En la matière, les récents événements de Saint-Brévin-les-Pins ont été un cas d'école, avec la démission la semaine dernière du maire (DVD) Yannick Morez, ciblé par l'incendie criminel de sa maison alors qu'il soutenait un projet de centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) voulu par l'Etat dans sa commune de la côte atlantique.

Dans cette station balnéaire, comme à Callac avant elle - une municipalité des Côtes d'Armor qui a renoncé en janvier à accueillir des réfugiés sous la pression de l'extrême droite -, la situation traduit en parallèle la volonté de transférer massivement vers la province les exilés vivant à la rue en région parisienne.

C'est dans l'objectif de désengorger l'Ile-de-France, région où convergent 50% des flux migratoires en France et où les campements se reforment régulièrement, que le gouvernement a adressé une circulaire aux préfets le 13 mars, dans laquelle les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et du Logement Olivier Klein demandent de créer de nouveaux "sas d'accueil temporaire régionaux".

L'idée est de créer environ 500 places dans ces nouvelles structures dans toutes les régions à l'exception des Hauts-de-France, de l'Ile-de-France et de la Corse pour y "orienter des personnes prises en charge lors des opérations de mise à l'abri conduites en Ile-de-France".

Dans ces "sas", un examen de la situation administrative doit être mené dans les "trois semaines", avant que les personnes ne soient "orientées vers le type d'hébergement correspondant à leur situation", selon le document consulté par l'AFP.

Il s'agit de la dernière pierre d'une stratégie engagée depuis plusieurs années par le gouvernement, qui s'était déjà doté depuis 2021 d'un schéma national d'accueil des demandeurs d'asile (Snadar) pour "desserrer la pression" sur Paris en amorçant un "rééquilibrage territorial".

«Terrorisme d'extrême droite»

Ce qui s'est passé à Saint-Brévin relève à cet égard de l'"épiphénomène", tient à tempérer Didier Leschi, le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), qui orchestre cette répartition.

"A un endroit, l'implantation d'un Cada ne passe pas. Mais l'Etat ouvre 700 à 800 places tous les mois depuis 2015. Il y a eu 20.000 places créées pour la seule année 2022", ajoute-t-il.

En 2023, 2.000 personnes par mois sont transférées en région, souligne le patron de l'Ofii, qui justifie le rythme actuel par la nécessité de "libérer les places d'hôtels dans la perspective des Jeux olympiques" de Paris.

Des orientations "indispensables", selon Delphine Rouilleault, la directrice générale de l'association France terre d'asile, qui a ouvert la semaine dernière dans le Maine-et-Loire l'un des "sas" voulus par l'Etat.

Ces derniers pourraient enfin signer un "changement de méthode" avec un "examen à 360 degrés des situations administratives, notamment au regard du droit au séjour", ce qui pourrait éviter l'écueil des précédentes structures: la part "très importante" des retours en région parisienne des personnes envoyées par bus dans des centres inadaptés à leur situation, estime-t-elle.

Restent les mouvements d'opposition à ces structures, souvent pilotés par des partis comme Reconquête! d'Eric Zemmour.

"Les centres d'hébergement en province sont très bien accueillis. Il n'y a pas de problème d'accueil dans les communes, mais un problème de radicalisation de groupuscules qui ont une stratégie organisée visant à faire renoncer les élus engagés dans cet accueil", juge Delphine Rouilleault, qui appelle à "combattre le terrorisme d'extrême droite".

L'association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita) a de la même manière appelé à ne pas se "laisser dicter par l'extrême droite les orientations politiques" en la matière.

"Accueillir et porter des projets d'hospitalité est "un devoir moral et une obligation légale", ont écrit ces villes, dans un communiqué signé la semaine dernière par une quarantaine d'associations et ONG.

Les villes y appellent notamment l'Etat à "sortir de sa posture ambivalente qui impose des projets d'une main et refuse de les défendre de l'autre".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.