Haut de gamme à l'égyptienne: la rencontre du luxe et de l'artisanat

Des ouvriers filent des fils teints à partir d'une cuve dans un atelier traditionnel de teinture à la main dans le quartier centenaire de Darb al-Ahmar, dans la capitale égyptienne, le Caire, le 21 janvier 2020. (Photo Khaled DESOUKI / AFP)
Des ouvriers filent des fils teints à partir d'une cuve dans un atelier traditionnel de teinture à la main dans le quartier centenaire de Darb al-Ahmar, dans la capitale égyptienne, le Caire, le 21 janvier 2020. (Photo Khaled DESOUKI / AFP)
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Publié le Mercredi 17 mai 2023

Haut de gamme à l'égyptienne: la rencontre du luxe et de l'artisanat

  • A l'heure de la mondialisation et de la production de masse, la joaillière Azza Fahmy s'est fait un nom grâce à ses créations uniques inspirées de l'art et de l'architecture islamiques
  • Aujourd'hui, plus de 50 ans après ses débuts, ses pièces ornent même les mains de la Reine Rania de Jordanie ou le cou de la chanteuse pop Rihanna

LE CAIRE: Bijoux en or et en argent, tapis aux couleurs vives ou cotonnades et soieries: en s'appuyant sur le savoir-faire ancestral des artisans, des marques de luxe posent les fondations du haut de gamme à l'égyptienne.

A l'heure de la mondialisation et de la production de masse, la joaillière Azza Fahmy s'est fait un nom grâce à ses créations uniques inspirées de l'art et de l'architecture islamiques.

Il fallait, dit cette septuagénaire à l'AFP, que ses bijoux en or et en argent parfois sertis de pierres précieuses "résonnent avec l'identité" de ses clients égyptiens.

Aujourd'hui, plus de 50 ans après ses débuts, ses pièces ornent même les mains de la Reine Rania de Jordanie ou le cou de la chanteuse pop Rihanna.

Hend el-Kahhal, à la tête avec son frère Mohamed de Kahhal Looms, entreprise de tapis faits main, affirme, elle, avoir voulu "collaborer avec des designers pour donner une touche contemporaine à des motifs pharaoniques et mamelouks".

"De la teinture jusqu'au métier à tisser, tout se fait à la main" précise M. Kahhal à l'AFP sur le toit de l'usine familiale où sèchent les créations de laine et de soie.

En Egypte, "on a la chance de pouvoir puiser dans 6.000 ans d'histoire", renchérit Goya Gallagher, fondatrice et designer de Malaika, qui produit du linge de maison haut de gamme, installée en Egypte depuis 25 ans.

"Le principal défi, c'est de s'assurer que les produits soient à la fois intemporels, de très bonne facture tout en restant faits à la main" explique aussi Mme Gallagher depuis son usine de la banlieue ouest du Caire.

La formation, un défi
Mais le parcours de ces marques n'a pas été simple.
Premier défi, la formation, car le vivier d'artisans qualifiés se réduit comme peau de chagrin,
les nouvelles générations étant attirées par les formations diplômantes classiques.

"La formation des artisans repose encore essentiellement sur une éducation informelle comme l'apprentissage", affirme à l'AFP Dina Hafez, consultante en ingénierie culturelle.

Mme Fahmy, elle, voulait à la fois "des bons designers, des cerveaux créatifs qui reçoivent une éducation de qualité" et "des artisans qualifiés qui comprennent la vision du designer". Donc, elle a monté sa propre fondation.

Pour former les joailliers de demain, elle s'est associée à l'Université américaine du Caire.

Via une structure située dans le centre historique du Caire, Threads of Hope, Malaika forme également des femmes marginalisées à cinq techniques de broderie.

Elles vendent principalement leurs ouvrages à Malaika, mais aussi à d'autres clients de l'industrie de la mode et du textile.

Outre l'éducation, les défis sont multiples: les dévaluations à répétition de la livre égyptienne bloquent régulièrement l'importation des matières premières, et quand il s'agit de s'exporter, les producteurs égyptiens se retrouvent dans une concurrence asymétrique avec les marques internationales.

«Pas d'industrie du luxe»

"Le secteur n'est pas structuré, on a besoin d'un véritable écosystème. Pour l'instant, il repose sur des initiatives personnelles", résume la consultante Dina Hafez.

"Le Maroc et la Turquie, deux pays où les opportunités et les obstacles ressemblent à ceux que l'on rencontre en Egypte, ont eux réussi à imposer leurs créations sur la scène internationale", constate-t-elle.

En effet, affirme Mme Fahmy, "il n'y a pas d'industrie du luxe en Egypte: il y a des marques qui essaient de s'imposer à l'étranger, mais cela prend du temps".

Car elles doivent acquérir sur le tas les règles du jeu d'un marché bien installé à l'étranger mais encore naissant en Egypte, où les standards de vente, de présentation et de marketing sont encore loin d'être la norme.

L'UNIDO, le bureau de l'ONU pour le développement industriel, qualifie lui les efforts des autorités pour soutenir le secteur de "limités et sporadiques".

Il existe un Conseil dédié à l'exportation de l'artisanat créé en 2013 "mais pas sûr que les autorités soient conscientes du soft power que peuvent incarner les créateurs", affirme Mme Hafez.

"Les budgets limités et les lourdeurs administratives ne facilitent pas les choses, la réglementation douanière qui évolue très régulièrement non plus", conclut cette spécialiste.

A défaut de pouvoir envoyer leur marchandise loin d'Egypte, tous ces créateurs ont un pied dans ce que Mohamed el-Kahhal appelle la "vitrine du savoir-faire égyptien": le nouveau Grand musée du Caire.

Ici, si les galeries d'égyptologie ne sont pas encore accessibles aux touristes, les magasins d'artisanat de luxe, eux, ont déjà ouvert. Et les tapis Kahhal y trônent en bonne place.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.