Soudan: Tirs et appels à armer les civils avant l'expiration de la trêve

Les dégâts dans une station-service pillée dans le sud de Khartoum, le 28 mai 2023 (Photo, AFP).
Les dégâts dans une station-service pillée dans le sud de Khartoum, le 28 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mai 2023

Soudan: Tirs et appels à armer les civils avant l'expiration de la trêve

  • Samedi, le général Burhane a réclamé le limogeage de l'émissaire de l'ONU au Soudan
  • Selon l'ONU, des civils armés et des combattants tribaux ou rebelles ont rejoint les affrontements

KHARTOUM: Des tirs ont résonné dimanche à Khartoum, au sixième jour d'un cessez-le-feu qui expire lundi soir et devait permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, mais qui n'a jamais été respecté par l'armée et les paramilitaires en guerre au Soudan.

Au Darfour, une vaste région de l'ouest du pays, le gouverneur a appelé les civils à s'armer, faisant planer le spectre de la guerre civile.

"On entend des tirs dans le sud de la ville", ont raconté dimanche à l'AFP des habitants de la capitale soudanaise.

Les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui ont négocié la trêve d'une semaine en cours avec l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, ont réclamé sa prolongation au-delà de son expiration prévue lundi à 19h45 GMT.

Les deux camps se renvoient la faute d'avoir brisé cette trêve qui devait permettre la mise en place de couloirs sécurisés afin d'acheminer l'aide humanitaire.

"Les deux camps ont dit aux médiateurs viser la désescalade (...) et pourtant, ils se positionnent pour une escalade", ont déclaré les médiateurs dans un communiqué, affirmant qu'il faut "donner plus de temps aux humanitaires pour mener leur travail vital".

Les organisations humanitaires assurent n'avoir pu acheminer que de très faibles quantités de nourriture et de médicaments, alors que 25 des 45 millions de Soudanais ont désormais besoin d'aide pour survivre, selon l'ONU.

Si aucun couloir sécurisé n'est dégagé, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a prévenu qu'elle pourrait être forcée de suspendre ses activités.

La guerre qui a éclaté le 15 avril a fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED, spécialisée dans le recueil d'informations dans les zones de conflit, plus d'un million de déplacés et plus de 300.000 réfugiés dans les pays voisins, selon l'ONU.

«Prendre les armes»

Les FSR se sont dites "prêtes à négocier l'extension du cessez-le-feu", sous réserve du respect par l'armée de la trêve actuelle. L'armée a déclaré "examiner la possibilité d'accepter une prolongation".

Pourtant, comme les précédents, ce cessez-le-feu n'a pas abouti à l'arrêt des combats.

La situation est particulièrement critique au Darfour, la région, avec Khartoum, la plus touchée par les combats et déjà ravagée par une guerre meurtrière qui avait éclaté en 2003.

Son gouverneur, l'ancien chef rebelle Minni Minnawi, aujourd'hui proche de l'armée, a appelé dimanche "jeunes et vieux, femmes et hommes, à prendre les armes pour défendre leurs biens".

Déjà, selon l'ONU, des civils armés et des combattants tribaux ou rebelles ont rejoint les affrontements entre militaires et paramilitaires.

Alors que, selon le projet de recherche Small Arms Survey (SAS), 6,6% des Soudanais possèdent une arme à feu, l'armée avait appelé vendredi les militaires retraités à reprendre les armes. Début mai, dans l'est du pays, des centaines de membres des tribus Beja avaient manifesté pour réclamer des armes au général Burhane.

"Les gens qui appartenaient à des mouvements non-violents pensent maintenant à s'armer pour se protéger", a expliqué la militante pro-démocratie soudanaise Raga Makawi.

Le parti Oumma, l'un des principaux partis civils du pays, a mis en garde dimanche "contre les appels à armer les citoyens sous le prétexte de se protéger eux-mêmes", y voyant "des tentatives d'entraîner le pays dans la guerre civile".

«Feuille de route» africaine 

Samedi, le général Burhane a réclamé le limogeage de l'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, en lui faisant porter la responsabilité de la guerre.

Le chef de l'armée, dirigeant de facto du Soudan, accuse M. Perthes d'avoir "dissimulé" la situation explosive à Khartoum. Sans ces "mensonges", le général "Daglo n'aurait pas lancé ses opérations militaires", a-t-il affirmé.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "choqué", témoignant "son entière confiance" à son émissaire. Washington lui a exprimé son "soutien résolu".

Parallèlement aux Américains et aux Saoudiens, l'Union africaine, qui a suspendu le Soudan en rétorsion au putsch des deux généraux, aujourd'hui rivaux, en 2021, tente d'organiser des discussions avec l'Igad, le bloc régional d'Afrique de l'Est dont fait partie le pays, sous l'égide du président du Soudan du Sud, Salva Kiir.

Dimanche, l'organisation panafricaine a affirmé avoir "adopté une feuille de route" prévoyant "la cessation des hostilités" et "la reprise de la transition vers un gouvernement démocratique dirigé par des civils".


Liban: une "série" de frappes israéliennes dans le sud, selon l'agence officielle

Cette photo prise dans la région de Marjeyoun, au sud du Liban, montre la fumée qui s'échappe du site des frappes aériennes israéliennes sur les collines du village de Nabatiyeh, au sud du Liban, le 8 mai 2025. (AFP)
Cette photo prise dans la région de Marjeyoun, au sud du Liban, montre la fumée qui s'échappe du site des frappes aériennes israéliennes sur les collines du village de Nabatiyeh, au sud du Liban, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • L'agence de presse officielle libanaise a fait état d'une "série" de frappes israéliennes jeudi dans le sud du Liban, en dépit du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

BEYROUTH: L'agence de presse officielle libanaise a fait état d'une "série" de frappes israéliennes jeudi dans le sud du Liban, en dépit du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

"Une série de frappes israéliennes" a visé le secteur de Nabatiyé, à une dizaine de kilomètres de la frontière, a rapporté l'agence Ani.

Des médias locaux ont indiqué que les raids avaient touché des secteurs montagneux éloignés des zones d'habitation.

L'Ani a fait état "d'énormes explosions... ayant résonné dans la plupart des zones de Nabatiyé et du sud", provoquant "terreur et panique" parmi les habitants, qui se sont précipités pour aller chercher leurs enfants à l'école, tandis que des ambulances se dirigeaient vers les zones touchées.

Un photographe de l'AFP a vu de la fumée s'élever des collines de la région.

"On a entendu une forte explosion, environ dix frappes consécutives", a déclaré à l'AFP Jamal Sabbagh, un médecin de 29 ans qui effectuait des examens de santé auprès d'écoliers près de la ville de Nabatiyé.

"Certains enfants ont eu peur et il y avait de la panique, les enseignants étaient aussi effrayés", a-t-il confié.

Mercredi, une frappe israélienne à Saïda, également dans le sud du pays, avait tué un commandant du mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah libanais.

Israël est en guerre contre le Hamas depuis que le mouvement palestinien a mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, déclenchant une offensive israélienne dévastatrice dans la bande de Gaza.

Le Hezbollah, groupe armé libanais soutenu par l'Iran, avait alors ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien aux Palestiniens.

Israël a mené entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre mais l'armée israélienne mène régulièrement depuis cette date des attaques au Liban, disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, très affaibli par la guerre.

Le Liban presse notamment les Etats-Unis et la France, garants de l'accord de cessez-le-feu, de contraindre Israël à cesser ses attaques et se retirer des cinq positions frontalières dans lesquels il s'est maintenu.

Beyrouth assure respecter ses engagements et accuse Israël de violer le cessez-le-feu.


Trump à Riyad: un forum économique au centre de toutes les attentions

Le président américain Donald Trump devrait arriver à Riyad le 13 mai (Agence de presse saoudienne).
Le président américain Donald Trump devrait arriver à Riyad le 13 mai (Agence de presse saoudienne).
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  • Des magnats de l'économie américaine, des ministres saoudiens et des chefs d'entreprise participeront à un événement sur invitation à Riyad
  • Selon l’invitation, le forum vise à «approfondir l’engagement, ouvrir de nouvelles perspectives d’investissement et réaffirmer le partenariat économique historique

RIYAD: À l’approche de la visite du président américain Donald Trump, l’Arabie saoudite s’apprête à accueillir, le 13 mai prochain, un Forum d’investissement saoudo-américain très attendu, organisé sur invitation uniquement au Ritz-Carlton de Riyad.

Alors que la visite présidentielle attire l’attention internationale, les projecteurs se tournent vers cet événement économique majeur qui réunira quelque 15 ministres et hauts responsables saoudiens, ainsi que les dirigeants de grands projets et entreprises du Royaume. En parallèle, plusieurs figures emblématiques de l’économie américaine y sont attendues, selon des médias américains: Elon Musk, Mark Zuckerberg, Larry Fink, mais aussi Sam Altman (OpenAI), Jane Fraser (Citigroup), Kelly Ortberg (Boeing) et David Sacks, conseiller à la Maison Blanche sur l’IA et les crypto-monnaies.

Selon l’invitation, le forum vise à « approfondir l’engagement, ouvrir de nouvelles perspectives d’investissement et réaffirmer notre partenariat économique historique».

Si la coopération militaire et sécuritaire reste un pilier des relations bilatérales, cette rencontre devrait surtout marquer un tournant vers de nouveaux secteurs de collaboration, dans un esprit d’échanges économiques à double sens.

Des accords seront signés qui couvrent des secteurs tels que l'intelligence artificielle, la technologie et la coopération en matière de soins de santé, et leur valeur atteindra probablement au moins 600 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) – un objectif fixé par le prince héritier Mohammed ben Salmane en janvier, lorsqu'il est devenu le premier dirigeant étranger à s'entretenir avec le président Trump après le retour de ce dernier à la Maison-Blanche.

S'exprimant cette semaine depuis l'Institut Milken à Los Angeles, le ministre saoudien de l'Investissement, Khalid al-Falih, a souligné l'importance stratégique des États-Unis pour le Royaume, saluant leur position unique sur la scène mondiale.
«Il n’existe aucun concurrent proche des États-Unis, que ce soit en matière de profondeur des marchés de capitaux, de leur ampleur ou de leur capacité d’innovation», a-t-il déclaré.

Arab News participera aux tables rondes et couvrira en direct les temps forts du forum d’investissement prévu la semaine prochaine à Riyad.

Le président Trump est attendu à Riyad le 13 mai, où il prendra part le lendemain à un sommet avec les dirigeants du Golfe. Il poursuivra ensuite sa tournée régionale en se rendant à Doha le 14 mai, avant de clore son premier déplacement officiel à l’étranger de ce second mandat à Abou Dhabi, le 15 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite condamne fermement le projet israélien d’annexer Gaza

Des Palestiniens récupèrent des effets personnels dans une école servant d’abri à des déplacés, visée à deux reprises par des frappes israéliennes mardi, ayant fait plus de 25 morts. (AP)
Des Palestiniens récupèrent des effets personnels dans une école servant d’abri à des déplacés, visée à deux reprises par des frappes israéliennes mardi, ayant fait plus de 25 morts. (AP)
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  • Les autorités israéliennes ont approuvé lundi des plans visant à prendre le contrôle de territoires et à déplacer de force la population
  • Le ministère des Affaires étrangères du Royaume condamne fermement les violations du droit international par Israël

RIYAD: Le ministère saoudien des Affaires étrangères a «catégoriquement rejeté» les plans d'Israël visant à étendre ses opérations militaires à Gaza et à prendre le contrôle du territoire.

Le ministère a également «condamné fermement les violations israéliennes continues du droit international et du droit humanitaire international».

Les autorités israéliennes ont approuvé, lundi, une nouvelle opération terrestre visant à prendre le contrôle de certaines parties de Gaza, à déplacer de force les Palestiniens dans le sud du territoire et à contrôler la distribution de l'aide humanitaire. L'armée israélienne fait appel à des dizaines de milliers de soldats de réserve.

L'annonce a suscité une large condamnation internationale. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré qu'il s'opposait fermement à toute tentative d'expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et a souligné l'importance de tenir Israël pour responsable de ses manquements aux résolutions internationales.

Le Royaume continue d'apporter «un soutien indéfectible à la cause palestinienne, conformément à la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale», a ajouté le ministère.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com