La trêve réduit les combats au Soudan, mais ne soulage guère la crise humanitaire

Des Soudanais font leurs courses sur un marché de Khartoum le 27 mai 2023, alors que le cessez-le-feu a ralenti les combats entre deux factions militaires rivales. (AFP)
Des Soudanais font leurs courses sur un marché de Khartoum le 27 mai 2023, alors que le cessez-le-feu a ralenti les combats entre deux factions militaires rivales. (AFP)
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Publié le Samedi 27 mai 2023

La trêve réduit les combats au Soudan, mais ne soulage guère la crise humanitaire

  • Khartoum plus calme samedi matin alors que le cessez-le-feu semble tenir bon
  • Les organisations humanitaires affirment qu'en dépit de la trêve, elles ont eu du mal à obtenir les garanties bureaucratiques et de sécurité nécessaires pour transporter l'aide et le personnel des régions plus sûres du pays vers Khartoum et d'autres zones

DUBAI/CAIRO : Khartoum était plus calme samedi matin alors qu'un cessez-le-feu de sept jours semblait atténuer les combats entre deux factions militaires rivales, bien qu'il n'ait pas encore permis d'apporter l'aide humanitaire promise aux millions de personnes prises au piège dans la capitale.

Une trêve signée lundi par les deux parties belligérantes - l'armée soudanaise et un groupe paramilitaire appelé « Forces de soutien rapide » - visait à garantir un passage sûr pour l'aide humanitaire et à conduire à des pourparlers plus larges parrainés par les États-Unis et l'Arabie saoudite.

Samedi, des témoins ont déclaré que Khartoum était plus calme, bien que des affrontements sporadiques aient été signalés au cours de la nuit. La chaîne de télévision du Golfe Al-Arabiya a fait état d'affrontements dans le nord-ouest de Khartoum et dans le sud d'Omdurman, une ville voisine de la capitale.

Dans un communiqué publié samedi, les FSR ont accusé l'armée d'avoir violé le cessez-le-feu et d'avoir détruit l’usine d’impression de devises du pays lors d'une frappe aérienne. Vendredi, l'armée avait accusé les FSR de l’avoir prise pour cible.

L'armée a déclaré entre-temps que son appel de vendredi aux réservistes était une mobilisation partielle et une mesure constitutionnelle, ajoutant que l'armée s'attendait à ce qu'un grand nombre de personnes y répondent.

Le conflit, qui a éclaté le 15 avril, a tué au moins 730 civils et poussé 1,3 million de Soudanais à quitter leur foyer pour se réfugier à l'étranger ou dans des régions plus sûres du pays.

Ceux qui sont restés à Khartoum sont confrontés à des pannes d'électricité, d'eau et de réseaux téléphoniques. Des pillards ont saccagé des maisons, principalement dans les quartiers aisés.

Samedi, la police soudanaise a déclaré qu'elle étendait son déploiement et a également fait appel à des officiers retraités compétents pour l'aider.

« Notre quartier est devenu une zone de guerre. Les services se sont effondrés et le chaos s'est répandu à Khartoum », a déclaré Ahmed Salih, 52 ans, un habitant de la ville.

« Personne ne se soucie d'aider le peuple soudanais, ni le gouvernement, ni la communauté internationale. Nous sommes des êtres humains, où est l'humanité ? » a-t-il ajouté.

Les organisations humanitaires affirment qu'en dépit de la trêve, elles ont eu du mal à obtenir les garanties bureaucratiques et de sécurité nécessaires pour transporter l'aide et le personnel des régions plus sûres du pays vers Khartoum et d'autres zones chaudes. Des entrepôts ont été pillés.

Les combats se sont également étendus à la fragile région du Darfour, touchant plus particulièrement la ville occidentale d'El Geneina, qui a subi un assaut des milices qui ont anéanti ses infrastructures et tué des centaines de personnes.

L'unité gouvernementale de lutte contre la violence à l'égard des femmes et des enfants a déclaré vendredi en fin de journée avoir reçu des rapports faisant état de 25 cas de viols de femmes et de filles au Darfour et de 24 autres à Khartoum depuis que le conflit a éclaté.

Les victimes ont décrit 43 des hommes comme portant des uniformes et conduisant des véhicules immatriculés forces de sécurité ou se trouvant dans des zones contrôlées par elles.

« L'unité exprime sa vive inquiétude face aux informations faisant état de viols collectifs, d'enlèvements [...] et de femmes et de jeunes filles victimes d'agressions sexuelles alors qu'elles sortent pour chercher de la nourriture. »

Les FSR ont démenti les informations selon lesquelles ses soldats se livreraient à des agressions sexuelles ou à des pillages.

Reuters n'a pas pu vérifier de manière indépendante les allégations de l'unité.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.