Pour le gouvernement, le maintien de la note par S&P récompense les réformes

«Je prends acte de la décision de l'agence Standard & Poor's de laisser inchangée la notation de la dette française», a réagi le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
«Je prends acte de la décision de l'agence Standard & Poor's de laisser inchangée la notation de la dette française», a réagi le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 04 juin 2023

Pour le gouvernement, le maintien de la note par S&P récompense les réformes

  • Si S&P n'a pas abaissé la note, l'agence n'a pas non plus touché à la perspective «négative»
  • La note AA figure parmi les plus hautes catégories de notation, signifiant une forte capacité à pouvoir rembourser ses dettes

PARIS: Le maintien de la note "AA" française par l'agence S&P est vécu par le gouvernement comme une récompense pour sa politique, mais une rétrogradation reste possible si les réformes et la réduction de la dette capotent.

La décision "conforte l'approche" de Bercy, qui souhaite réduire l'endettement après les dépenses liées au Covid et à la crise énergétique, explique à l'AFP Eric Dor, directeur des Études économiques de l'IESEG School of Management, rappelant que "S&P, comme toutes les agences de notation anglo-saxonnes, adopte une position très néolibérale de l'économie".

Les notes font "beaucoup de bruit médiatique et politique" sans avoir d'impact notable sur les marchés financiers, d'autant qu'un "AA" reste "une bonne note", estime Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asterès.

Pour justifier son maintien un mois après l'abaissement de la note française par Fitch (à AA-), S&P Global, considérée la plus influente des agences, a invoqué "l'impact de la récente réforme des retraites" sur la dette publique et la "stratégie de consolidation budgétaire du gouvernement".

"S&P envoie beaucoup de fleurs à la politique" de l'exécutif et "récompense" les "mesures récentes" plus que la situation budgétaire actuelle, qui reste parmi les moins bonnes des pays notés dans la même catégorie, estime M. Dor. "Je pense que c'est bien pour la communication".

De quoi satisfaire Bercy: dans le JDD, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a salué un "signal positif", témoin, selon lui, d'une stratégie financière "crédible".

Le ministre, qui a dit avoir rencontré l'agence pour présenter ses "arguments", "a semble-t-il un peu réussi son opération pour les convaincre", commente M. Dor.

A l'Assemblée nationale, le rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve (Renaissance) y voit une "reconnaissance du travail accompli".

"On peut penser que sans réforme, il y aurait eu une dégradation, mais on ne peut pas en être certain", nuance M. Bersinger, car "on ne connaît pas exactement l'ensemble des critères" de S&P.

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a mis en garde de ne pas voir le maintien comme une "incitation au relâchement", relevant dans le JDD que "notre économie est solide" mais "nos finances publiques restent dégradées".

Perspective négative 

Si S&P n'a pas abaissé la note, l'agence n'a pas non plus touché à la perspective "négative", laissant planer le spectre d'une future baisse. Ses économistes relèvent notamment des "risques" relatifs à l'exécution des objectifs budgétaires, comme "l'absence de majorité absolue" au parlement.

Fitch avait évoqué les fortes tensions sociales pour justifier la révision à la baisse et Moody's, qui n'a pas revu la sienne, a souligné le "faible mandat" dont disposait désormais le gouvernement.

S&P est aussi moins optimiste que Bercy sur les finances publiques des prochaines années.

Après 4,7% en 2022, le gouvernement table sur un déficit public de 4,9%, avant une baisse progressive à partir de 2024, et prévoit un retour en 2027 dans les clous budgétaires européens, soit sous les 3%.

S&P ne semble pas y croire: elle ne donne pas de prévisions pour 2027 mais table sur un déficit de 3,8% en 2026 et prévoit une croissance de 1,2% en moyenne entre 2023 et 2026, contre 1,5% côté gouvernement.

S&P "rappelle aussi que, même si les annonces du gouvernement ont l'air convaincantes, la France a un très mauvais historique en matière de contrôle de ses dépenses", explique M. Dor à l'AFP.

Pour le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, dans l'opposition, le maintien de la note est un simple "sursis" et "la dérive des dépenses ordinaires continue", critique-t-il dans le JDD.

M. Le Maire a insisté vendredi: "Cette stratégie de désendettement et de réduction des déficits, nous devons nous y tenir avec la fermeté la plus totale", a-t-il dit, alors que l'endettement -— le plus élevé des pays notés "AA" -— a atteint 111,6% du PIB en 2027.

Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé fin mai geler 1% supplémentaire des crédits de son budget 2023, soit 1,8 milliard d'euros en plus des 5% déjà gelés: une "réserve de précaution" car "les risques sur la croissance persistent", selon Bruno Le Maire.

Pour autant, "l'austérité serait une erreur économique", a poursuivi le ministre, disant préférer "la responsabilité à tous les niveaux" aux "coupes budgétaires drastiques qui affaibliraient la croissance".


Delta Airlines renforce son partenariat avec l’Arabie saoudite avant le lancement de sa ligne vers Riyad

Ed Bastian, PDG de Delta Airlines, s'adresse à Asharq Bloomberg en marge du forum Future Investment Initiative à Riyad. (Capture d'écran)
Ed Bastian, PDG de Delta Airlines, s'adresse à Asharq Bloomberg en marge du forum Future Investment Initiative à Riyad. (Capture d'écran)
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  • Cette collaboration intervient alors que Delta s’apprête à inaugurer en octobre prochain son tout premier vol direct entre son hub d’Atlanta et Riyad
  • Le PDG Ed Bastian a expliqué que la priorité initiale serait de capitaliser sur les opportunités d’investissement croissantes du Royaume pour attirer les voyageurs d’affaires

RIYAD : Delta Airlines a conclu un nouveau partenariat avec le ministère saoudien du Tourisme visant à stimuler la demande touristique et à renforcer la notoriété du Royaume sur le marché américain, a confirmé le directeur général de la compagnie.

Cette collaboration précède le lancement du premier vol direct de Delta entre Atlanta et Riyad en octobre prochain, marquant une étape clé dans l’expansion de son réseau au Moyen-Orient.

S’exprimant en marge du Future Investment Initiative Forum à Riyad, Ed Bastian a souligné que l’objectif initial est de tirer parti des opportunités d’investissement croissantes du Royaume afin d’attirer une clientèle d’affaires.

À plus long terme, Delta souhaite également séduire une nouvelle génération de touristes américains, intéressés par les destinations émergentes d’Arabie saoudite, telles que le projet de la mer Rouge et le quartier historique de Diriyah.

« Le Royaume est devenu une destination attractive pour une nouvelle génération de voyageurs », a affirmé Bastian, évoquant un changement de perception chez les visiteurs occidentaux à l’égard de l’Arabie saoudite comme destination touristique.

Pour renforcer son engagement régional, le dirigeant a révélé la signature d’un protocole d’accord avec Riyadh Air, posant les bases d’une coopération dans les domaines du partage de codes et de la coordination des destinations.

Ce partenariat devrait évoluer avec le temps, s’étendant à des projets communs en matière d’exploitation, de maintenance et de technologie, illustrant un resserrement des liens entre les secteurs aéronautiques américain et saoudien.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


FII9 : le PIF dépasse les 250 milliards de dollars d’accords conclus depuis son lancement

Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
Yasir Al-Rumayyan addressing FII9.
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  • Plus de 250 milliards de dollars d’accords signés via la FII en moins de dix ans, le PIF dépassant 1 150 milliards $ d’actifs ; la FII9 vise à renforcer l’impact global de la plateforme
  • Al-Rumayyan appelle à une refonte du modèle économique mondial, soulignant que la véritable richesse réside dans la prospérité humaine, pas seulement dans les chiffres

RIYAD : Plus de 250 milliards de dollars d’accords ont été signés via la plateforme du Future Investment Initiative (FII) depuis sa création il y a moins de dix ans, selon Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Public Investment Fund (PIF) et président de l’Institut FII.

En ouvrant la neuvième édition de la conférence à Riyad, il a affirmé que cette rencontre vise à renforcer l’impact mondial de l’initiative.

Al-Rumayyan a décrit la FII comme le plus grand forum mondial réunissant dirigeants, décideurs et investisseurs pour influencer la trajectoire de l’économie mondiale, rapporte Al Arabiya.

Il a souligné que les participants, issus des secteurs public et privé, représentent collectivement un capital et une responsabilité considérables, ainsi que de vastes opportunités pour façonner les résultats économiques.

Le gouverneur a appelé les participants à agir avec responsabilité et à saisir les opportunités qui se présentent.

Au cours de l’année écoulée, a-t-il noté, les ambitions des investisseurs et des entreprises ont évolué face aux changements économiques et technologiques rapides.

Il a estimé que les modèles économiques traditionnels ne suffisent plus et a appelé gouvernements et entreprises à devenir de véritables partenaires pour promouvoir un nouveau modèle de coopération internationale et de prospérité mondiale.

Le PIF constitue une pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, moteur de la diversification et de la croissance durable au-delà du secteur pétrolier.

En tant que l’un des plus grands fonds souverains au monde, le PIF gère des actifs dépassant 1 150 milliards de dollars, contre environ 925 milliards un an plus tôt, selon les données officielles.

Ses investissements couvrent de multiples secteurs et régions, avec un intérêt croissant pour la technologie, les infrastructures et l’énergie verte.

Le mandat du PIF s’aligne sur l’ambition du Royaume de positionner l’Arabie saoudite comme une destination mondiale de premier plan pour les investissements, soutenue par des mégaprojets et des partenariats internationaux destinés à accélérer la croissance du PIB non pétrolier.

Al-Rumayyan a déclaré que la FII est devenue le lieu de référence où dirigeants et investisseurs débattent des défis et opportunités partagés.

Il a mis en évidence un écart croissant entre l’optimisme des individus quant à leur avenir personnel et leur pessimisme face à la situation mondiale, ajoutant que la technologie pourrait combler ce fossé si elle est déployée de manière inclusive.

Il a toutefois averti que l’intelligence artificielle risque d’accentuer les inégalités éducatives si elle n’est pas régulée de façon équitable et responsable.

Il a identifié l’inégalité comme un frein majeur au progrès humain, citant des prévisions selon lesquelles environ 10 % de la population mondiale pourrait vivre dans une pauvreté extrême d’ici 2025.

Néanmoins, il s’est dit confiant que les dirigeants réunis à la FII peuvent transformer les défis actuels en opportunités bénéfiques pour la société.

Abordant la Vision 2030, Al-Rumayyan a affirmé que le programme a fixé une nouvelle référence mondiale en matière de transformation économique.

Il a noté que les investissements directs étrangers dans le Royaume ont augmenté de 24 % pour atteindre 31,7 milliards de dollars, soulignant que l’Arabie saoudite s’impose désormais comme une destination mondiale majeure, soutenue par ses mégaprojets et ses préparatifs pour accueillir l’Expo 2030 et la Coupe du Monde de la FIFA 2034.

Enfin, il a rappelé que la véritable richesse se mesure au bien-être des populations plutôt qu’aux chiffres, et a invité les participants à utiliser les trois jours du forum pour forger des partenariats transfrontaliers capables de débloquer des opportunités transformatrices au service de l’humanité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


FII9 marque un tournant : les leaders de la tech et du monde entier réunis à Riyad, selon son président

Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
Cette année, le sommet de l'IIF se tiendra du 27 au 30 octobre. (FII)
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  • FII9 s’impose comme un point de bascule mondial, avec une forte domination du secteur technologique et la participation de plus de 20 chefs d’État
  • La FII dépasse le symbolisme pour des résultats tangibles, avec la signature d’accords concrets et des investissements réels, confirmant son rôle de catalyseur pour les partenariats mondiaux

RIYAD: La neuvième édition du Future Investment Initiative marque un « tournant » dans la dynamique mondiale de l’innovation, les leaders technologiques représentant plus de la moitié des intervenants à cet événement organisé dans la capitale saoudienne.

Dans une interview accordée à CNBC, Richard Attias, président du comité exécutif de la FII Institute, a déclaré que la conférence de cette année représente un changement majeur, alors que de nombreux secteurs cherchent à comprendre l’impact de l’intelligence artificielle.

Lancé en 2017, le Future Investment Initiative — souvent surnommé le « Davos du désert » — est devenu une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de mettre en avant sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition 2025, qui se tient du 27 au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des grandes tendances de l’économie mondiale et explorer de nouveaux partenariats dans les industries émergentes.

« FII9 est un tournant », a déclaré Attias à CNBC. « Cette année, 52 % de nos intervenants viennent du secteur technologique. Cela montre bien l’importance de l’IA, bien sûr, mais aussi de l’innovation dans son ensemble, car tous les secteurs et toutes les industries sont désormais impactés par la technologie. »

Attias a souligné trois facteurs clés de cette édition : la prédominance de la technologie, la présence de plus de 20 chefs d’État et 50 ministres représentant 90 pays, ainsi que la réputation grandissante de l’événement comme l’une des plateformes les plus inclusives pour la collaboration internationale.

« Ce sera une formidable plateforme pour les partenariats public-privé », a ajouté Attias, insistant sur le fait que cette coopération est « probablement l’une des solutions aux grands défis auxquels l’économie mondiale est confrontée ».

Il a qualifié la FII de « plateforme probablement la plus inclusive au monde », notant la présence de délégations de nations rivales comme la Russie et l’Ukraine, aux côtés des États-Unis, de la Chine, ainsi qu’une forte participation du Sud global et de jeunes entrepreneurs.

« Riyad devient la capitale économique du monde, au moins pour cette semaine », a affirmé Attias, précisant que la FII s’est étendue d’une conférence de trois jours à une semaine complète d’événements, les participants arrivant plus tôt pour profiter des opportunités offertes par le Royaume.

L’ampleur de l’activité, a-t-il admis, est un « bon problème à avoir », mais nécessite un véritable « navigateur » pour gérer la multitude de réunions et de secteurs représentés.

Il a également évoqué la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, précisant qu’il ne s’agit plus d’un plan futuriste, mais d’une réalité « en mouvement », couvrant des secteurs allant du sport et du divertissement à la sécurité alimentaire, au tourisme, à l’énergie et aux infrastructures.

Attias a souligné que la FII a dépassé le stade des protocoles d’accord symboliques : « De véritables accords sont conclus. Des partenariats très concrets sont signés », a-t-il déclaré.

Il a relié cet esprit d’optimisme et d’action à la résilience de l’institut, rappelant que la FII faisait partie des rares grandes conférences maintenues pendant la pandémie de COVID-19 en 2020. Cet état d’esprit, selon lui, illustre la mission du FII Institute : « créer un impact pour l’humanité ».

L’édition 2025 a attiré 9 000 délégués issus d’une centaine de pays, avec la participation de l’ensemble des fonds souverains du Conseil de coopération du Golfe. Attias a affirmé qu’en réunissant ces fonds avec les sociétés de capital-investissement, les banques, les institutions financières et les PDG mondiaux, la FII a créé « l’équation parfaite » pour stimuler l’investissement et la coopération mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com