Face au «séparatisme» islamiste, l'exécutif hausse le ton avec son projet de loi mercredi

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse avec son homologue égyptien à la suite de leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée, le 7 décembre 2020 à Paris, dans le cadre de la visite d'État controversée de trois jours d'al-Sisi en France.  (Michel Euler / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse avec son homologue égyptien à la suite de leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée, le 7 décembre 2020 à Paris, dans le cadre de la visite d'État controversée de trois jours d'al-Sisi en France. (Michel Euler / POOL / AFP)
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Publié le Lundi 07 décembre 2020

Face au «séparatisme» islamiste, l'exécutif hausse le ton avec son projet de loi mercredi

  • Ce projet de loi, présenté plus de 3 ans et demi après le début du quinquennat et qui s'annonce comme l'un des ses derniers grands textes, veut répondre à l'inquiétude des Français sur la menace de l'islamisme radical et le terrorisme jihadiste
  • Signe que l'exécutif marche aussi sur des oeufs pour éviter d'apparaître comme stigmatisant l'ensemble des musulmans, le titre de la loi n'a cessé d'évoluer, évoquant tour à tour la lutte contre le «communautarisme»

PARIS : Ecole obligatoire dès 3 ans, neutralité et protection des services publics, contrôle des associations, financement des cultes: le projet de loi contre le séparatisme, qui ambitionne de fermer les angles morts de la République face à l'islamisme, est présenté mercredi dans un contexte politique sensible. 

Ce projet de loi, présenté plus de 3 ans et demi après le début du quinquennat et qui s'annonce comme l'un des ses derniers grands textes, veut répondre à l'inquiétude des Français sur la menace de l'islamisme radical et le terrorisme djihadiste, exacerbé après la décapitation de Samuel Paty et l'attentat de Nice.

«Le mal est en nous. Ce n'est pas vrai de dire qu'on le chassera par un coup de baguette, une seule action musclée», a encore martelé vendredi Emmanuel Macron lors de son interview au media en ligne Brut. 

«On est dans un momentum où les Français attendent une prise en charge de ces problèmes par les pouvoirs publics», relève auprès de l'AFP le directeur général adjoint de l'Ifop Frédéric Dabi. «Il y a des taux d'adhésion massifs: 87% des Français pensent que la laïcité est en danger et 79% estiment que l'islamisme a déclaré la guerre aux Français», souligne-t-il encore en se basant sur une enquête réalisée fin octobre.

Le texte, présenté le jour du 115e anniversaire de l'emblématique loi de 1905 sur la laïcité, est aussi pour l'exécutif le dernier avatar de trois années de tâtonnements pour trouver la parade face à ce que le chef de l'Etat, toujours à la recherche de marqueurs régaliens, avait appelé «l'hydre islamiste»

Dans un quinquennat scandé par les actes terroristes, plusieurs dipositifs policiers et judiciaires ont été mis en place pour tenter de lutter contre trafics et radicalisation, aboutissant avec les outils de droit commun à la fermeture de quelque 400 lieux (associations, mosquées, salles de sport...). 

Mais, constatant des lacunes dans l'arsenal jurdique, Emmanuel Macron s'est finalement décidé à porter un texte de loi pour se «réarmer» face à l'islamisme radical, dont il a dévoilé les principes début octobre lors d'un discours aux Mureaux. Depuis, l'assassinat sauvage de l'enseignant Samuel Paty le 16 octobre a conforté l'exécutif dans cette doctrine de fermeté, précipitant la dissolution d'associations controversées (BarakaCity, CCIF) ou la tenue d'opérations contre des dizaines de mosquées «soupçonnées de séparatisme».

«Guerre de religions»

Signe que l'exécutif marche aussi sur des oeufs pour éviter d'apparaître comme stigmatisant l'ensemble des musulmans, le titre de la loi n'a cessé d'évoluer, évoquant tour à tour la lutte contre le «communautarisme», puis contre les «séparatismes», avant d'être baptisée «loi confortant les principes républicains», sans référence dans son titre à la religion ou la laïcité.

Encadrement de la haine en ligne - casse-tête juridique mais devenu incontournable après l'assassinat de Samuel Paty -, protection des fonctionnaires face aux menaces et violences, contrôle accru des associations mais aussi des lieux de culte ou encore interdiction des certificats de virginité figurent parmi les mesures phare du projet. 

Le Conseil d'Etat, auquel le texte a été soumis, tique sur l'une de ses dispositions, l'interdiction quasi-totale de la scolarisation à la maison. «Il y a évidemment un régime d'exception qu'on a élargi un peu», nuance le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, en évoquant notamment certains «projets pédagogiques spécifiques» dont les contours légaux seront précisés mercredi.

L'exécutif devra aussi naviguer dans un contexte politique délicat, après avoir vu sa majorité parlementaire sortir les herses au début du mois face aux manoeuvres du gouvernement sur la loi Sécurité globale, jusqu'à fragiliser le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en première ligne sur ce dossier. 

Au-delà de la majorité, au sein de laquelle cohabitent d'ailleurs des lignes divergentes sur la laïcité, les oppositions sont aussi sur le pied de guerre en prévision du débat dans l'hémicycle début 2021, soit pour dénoncer un texte qui ne va pas assez loin (à droite) ou susceptible de ranimer «une guerre de religions» (à gauche).

Et la contestation s'étend aussi à l'étranger, entre manifestations au Bangladesh ou au Pakistan, protestations de dirigeants de pays musulmans mais aussi critiques dans la presse anglo-saxonne d'un texte accusé de jeter l'anathème sur tous les musulmans.


Au procès de son braquage, Kim Kardashian «pardonne» malgré «le traumatisme»

C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
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  • Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage...
  • Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent. Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non"

PARIS: C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir.

Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage... et nombreux diamants brillant autour de son cou.

Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent.

Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non". Le président la lit.

"Madame, c'est après vous avoir vue dans une émission", après "avoir constaté votre émotion et réalisé les dégâts psychologiques que je vous ai infligé que j'ai décidé de vous écrire", avait rédigé l'accusé, aujourd'hui sourd et muet et qui suit les débats sur un écran d'ordinateur.

"Pas dans le but d'obtenir de vous quelconque indulgence, j'assume ce que j'ai fait", mais pour "venir vers vous en tant qu'être humain pour vous dire combien je regrette mon geste", lit encore le président.

"Ca a tout changé" 

Kim Kardashian se met à pleurer à la barre, essuie ses larmes. "Naturellement c'est très émouvant", surtout que la reine des influenceuses veut "devenir avocate" et se bat aux Etats-Unis pour les droits des prisonniers, précise-t-elle. "Je crois à la deuxième chance", affirme la star via une interprète.

Puis elle se tourne, presque solennelle dans sa robe haute-couture, vers le vieux malfrat récidiviste au k-way sur le dos et crâne dégarni, qu'elle avait suivi du regard quand il était entré dans la salle d'audience précédé du cliquetis de sa canne.

"Je vous pardonne", lui dit-elle, avant de préciser qu'elle se "bat aussi pour les victimes", qu'elle veut "être entendue et comprise", et que "ça ne change rien au traumatisme".

Aomar Aït Khedache écrit sa réponse sur un bout de papier, que le président lit: "Ce pardon est un soleil. Je vous remercie. Voilà 10 ans que le remords et le regret m'usent au sens propre du mot".

L'accusé a reconnu avoir été l'un des hommes montés cagoulés dans la chambre d'hôtel cette nuit du 2 au 3 octobre 2016. Au début de son audition, la cour a demandé à Kim Kardashian d'en faire son récit.

"J'avais l'habitude de marcher dans les rues de Paris, même vers 3H00 du matin. Je me sentais toujours en sécurité dans cette ville, c'était un endroit magique", commence la star. Mais après cette Fashion week 2016, "ça a tout changé".

Elle laisse couler quelques larmes qu'elle essuie au mouchoir puis se reprend. Raconte comment ce soir-là, elle avait décidé de ne pas ressortir de son hôtel après minuit, et faisait ses bagages pour son vol de retour le lendemain.

"Certaine de mourir" 

"J'ai entendu des bruits de pas dans les escaliers, j'ai appelé ma mère, ma soeur, mais personne ne répondait". La porte de sa chambre s'ouvre, entrent deux hommes pistolet au poing qu'elle prend pour des policiers: ils en ont la tenue. Avec eux, le réceptionniste de l'hôtel, menotté.

"Un des hommes m'a dit avec un accent français +ring ring+, en me montrant son annulaire".

Elle comprend qu'il veut sa bague de fiançailles, un gros diamant évalué à 3,5 millions d'euros posé sur sa table de nuit. Ils le prennent, puis découvrent sa boîte à bijoux. "Le grand a dit 'ah, ah!' comme s'il était content". Montant total du butin - jamais retrouvé - emporté par les malfaiteurs: 9 millions d'euros.

"Ils m'ont jetée sur le lit, et le plus petit a commencé à attacher mes mains avec un Serflex (collier de serrage, NDLR) j'étais complètement hystérique, je répétais au réceptionniste +qu'est-ce qu'il va nous arriver ? Ils peuvent tout prendre mais faut que je puisse rentrer chez moi, j'ai des bébés SVP+", se souvient-elle, sa voix se cassant à nouveau.

"Vous avez pensé mourir, Madame ?", demande le président de la cour d'assises.

"Absolument, j'étais certaine que j'allais mourir".

Les malfrats avaient pris la fuite en voyant que le garde du corps, prévenu par la styliste cachée dans sa chambre, avait essayé de joindre Kim Kardashian.

Depuis, admet Kim Kardashian, sa vie n'est plus la même. Fini les partages en direct de ses moindres mouvements sur les réseaux sociaux, les gardes du corps sont plusieurs et présents tout le temps. "Je ne peux pas dormir la nuit si je ne suis pas certaine que mon personnel de sécurité n'est pas présent à la maison".

Sa déposition se poursuit.


Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot

Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot
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  • "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix
  • "La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens"

PARIS: "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix.

"La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens", a justifié le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à l'Assemblée nationale.

"Toute tentative (de reconnaissance) unilatérale (...) ne fera que nuire aux perspectives futures d'un processus bilatéral et nous poussera à prendre des mesures unilatérales en réponse", avait averti dimanche le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand, Johann Wadephul, à Jérusalem.

Près de 150 pays reconnaissent l'Etat palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin.

Le président français Emmanuel Macron doit coprésider en juin avec l'Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations unies pour relancer la solution à deux Etats, palestinien et israélien.

Il espère à cette occasion "déclencher une série de reconnaissances" d'un Etat palestinien, notamment par la France, mais aussi d'Israël par plusieurs pays du monde arabo-musulman.

"Notre objectif est de réunir le plus grand nombre possible de pays qui pourraient reconnaître l'Etat de Palestine et d'autres qui pourraient normaliser leurs relations avec Israël pour que cette décision qui appartient à la France rendent possible l'existence même d'un État de Palestine", a souligné Jean-Noël Barrot mardi.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.