La galère des jeunes migrants pour accéder aux soins en France

Pour les jeunes migrants, la galère commence lorsque l'administration refuse de les considérer comme des mineurs isolés, en arguant qu'ils n'ont pas pu prouver leur âge ou qu'ils ne sont pas vraiment isolés, explique Euphrasie Kalolwa, de Médecins sans frontières. (AFP)
Pour les jeunes migrants, la galère commence lorsque l'administration refuse de les considérer comme des mineurs isolés, en arguant qu'ils n'ont pas pu prouver leur âge ou qu'ils ne sont pas vraiment isolés, explique Euphrasie Kalolwa, de Médecins sans frontières. (AFP)
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Publié le Samedi 03 juin 2023

La galère des jeunes migrants pour accéder aux soins en France

  • De nombreux jeunes migrants isolés peinent à se faire soigner en France, une situation dénoncée par les associations, et même désormais par l'ONU
  • Pour les mineurs non accompagnés (MNA), les nombreux obstacles administratifs qui les empêchent d'être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance entraînent de «lourdes conséquences» sur leur santé

PANTIN: "Je suis découragé, et j'ai mal": Abdoulaye, 16 ans, vit avec une balle dans le pied, reçue en Libye sur les chemins de l'exil. Comme de nombreux jeunes migrants isolés, il peine à se faire soigner en France, une situation dénoncée par les associations, et même désormais par l'ONU.

Pour les mineurs non accompagnés (MNA), les nombreux obstacles administratifs qui les empêchent d'être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance entraînent de "lourdes conséquences" sur leur santé, déplorent les associations Médecins sans frontières et Médecins du Monde, qui ont alerté à ce sujet le Comité des droits de l'enfant de l'ONU.

Dans un rapport d'évaluation publié vendredi, celui-ci s'est justement inquiété d'un "accès insuffisant" des MNA aux "structures de protection de l'enfance" ainsi qu'aux soins de santé, physique ou mentale.

Pour les jeunes migrants, la galère commence lorsque l'administration refuse de les considérer comme des mineurs isolés, en arguant qu'ils n'ont pas pu prouver leur âge ou qu'ils ne sont pas vraiment isolés, explique Euphrasie Kalolwa, de Médecins sans frontières.

Les jeunes peuvent faire appel de cette décision - avec succès dans 80% des cas suivis par cette ONG - mais la procédure n'est pas suspensive, un point que l'ONU a justement suggéré vendredi de modifier, en prônant le "bénéfice du doute" pour les intéressés.

En attendant, pendant leur procédure de recours, les jeunes sont exclus pendant de longs mois de la Protection universelle maladie, qui permet une prise en charge des frais de santé sans rupture de droits.

Ils doivent alors tenter de s'affilier à une autre forme de couverture, l'Aide médicale d'Etat, qui ne donne accès qu'à un panier de soins plus réduit et ne se met en place qu'après de longues semaines de formalités, selon Mme Kalolwa. Dans l'attente, les jeunes ne peuvent accéder qu'aux soins d'urgence ou bien se rendre dans des structures comme les "permanences d'accès aux soins de santé", souvent saturées.

Kafkaïen

"On a eu le cas d'un jeune qui avait subi des tortures en Libye", se souvient Juliette Chalus, responsable d'un centre d'accueil de jour géré par Médecins sans frontières à Pantin, en région parisienne, pour environ 450 mineurs non accompagnés. "Il était en train de devenir aveugle, à cause des coups qu'il avait reçus à la tête. Mais à l'hôpital, à Paris, ils ont refusé de le prendre en charge car ils ont considéré que ce n'était pas une urgence vitale".

Autre source de galère: considérés comme majeurs par l'administration, les jeunes migrants restent des mineurs aux yeux de certains hôpitaux... qui exigent parfois, pour les soigner, une signature de leurs représentants légaux.

C'est cette difficulté kafkaïenne qu'a dû affronter Abdoulaye, entraînant un report du rendez-vous qu'il avait fini par obtenir pour qu'un chirurgien lui enlève la balle logée dans son pied depuis deux ans.

Médecins sans frontières a dû insister, rappeler à l'hôpital que la Haute autorité de santé avait prévu un tel cas et que le jeune Guinéen pouvait consentir lui-même aux soins. Un nouveau rendez-vous a finalement été pris et l'opération doit avoir lieu dans les premiers jours de juin.

Issou lui, n'a toujours pas pu se faire soigner une carie dont il souffre énormément depuis deux mois. "Je pleure tellement j'ai mal! Mais ils ne m'ont donné que du doliprane et de la codéine et ils me disent d'attendre un coup de fil de l'assistante sociale", se lamente ce jeune Ivoirien de 16 ans.

Pour tous ces jeunes, "la galère administrative impacte leur santé somatique et mentale", souligne Euphrasie Kalolwa. "Ils ne dorment plus, ont des troubles de l'humeur, sont épuisés psychiquement".

Parmi les migrants pris en charge dans le centre de à Pantin, plus d'un tiers souffre d'un stress post-traumatique lié aux souffrances vécues sur les routes de l'exil - nombreux sont ceux ayant survécu à un naufrage en Méditerranée - et plus de la moitié sont affectés par un "trouble réactionnel à la précarité, qu'ils n'avaient pas avant leur arrivée en France", souligne-t-elle.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.