Quand le drone du «Père Noël» sauve une famille des flots en Ukraine

Des habitants de Zaporizhzhia marchent dans la boue du Dnipro, le 10 juin 2023 (Photo, AFP).
Des habitants de Zaporizhzhia marchent dans la boue du Dnipro, le 10 juin 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 11 juin 2023

Quand le drone du «Père Noël» sauve une famille des flots en Ukraine

  • Pour Katerina et ses enfants, ce Père Noël en tenue de camouflage est leur sauveur
  • Il explique avoir besoin de préserver son anonymat en raison de ses activités sur le terrain

KHERSON: C'est depuis le grenier, en haut d'une maison de trois étages, que Katerina Krupich et ses deux enfants ont vu, avec horreur, l'eau libéré par le barrage de Kakhovka grimper inexorablement vers eux.

Ils s'y étaient réfugiés, sans eau, ni nourriture, quand leur petite île de Chaika, sur le Dniepr, a commencé à être submergée après la destruction du barrage, dans le sud de l'Ukraine.

Mais quand la majeure partie de la maison s'est retrouvée engloutie par les flots et qu'ils commençaient à perdre l'espoir, ils ont entendu le vrombissement d'un drone au-dessus d'eux.

Katerina, 40 ans, se souvient qu'elle a immédiatement compris qu'il s'agissait d'un drone ukrainien. Elle a alors appelé à l'aide, en se penchant par la fenêtre et levant les deux mains en signe de prière.

"Je leur montre que nous sommes trois et que nous n'avons plus rien à manger ou à boire. S'il vous plait aidez-nous", raconte-t-elle, en larmes.

Le drone a fait plusieurs allers-retours, livrant des vivres et un message scotché sur une bouteille en plastique: "Tenez bon. Pas de panique. Vous allez être évacués. Le Père Noël".

Katerina a éclaté en sanglots en lisant le mot.

"J'ai décidé de le garder, pour me souvenir de ce que nous avons vécu", raconte-t-elle depuis la ville de Kherson, où elle a été évacuée avec ses deux enfants.

«j'ai vu les Russes fuir»

La famille a été secourue mercredi soir par une équipe de sauveteurs ukrainiens.

La vidéo de la mère de famille appelant à l'aide, filmée par les gardes-frontières ukrainiens, est devenue virale sur les réseaux sociaux du pays en guerre.

Les Krupich ont vécu sous occupation russe durant plus d'une année. Il ne restait plus qu'une dizaine de personnes sur la minuscule île de Chaika, près de la ville d'Olechky occupée par les Russes.

"Nous avons vécu tous ces mois coupés du monde", dit-elle.

"Nous avons pêché et mangé les victuailles que les voisins nous laissaient prendre chez eux".

Avec l'explosion mardi du barrage hydroélectrique de Kakhovka, dont Kiev et Moscou s'accusent mutuellement, l'île a rapidement commencé à être submergée.

Les inondations qui ont suivi ont touché tant les zones sous contrôle ukrainien que celles sous occupation russe sur les deux rives du Dniepr, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés.

"J'ai vu les Russes fuir", raconte Katerina.

L'eau montait très vite: "Dix centimètres toutes les demi-heures, et encore 10 cm, et encore 10 cm".

L'eau lui est arrivée aux chevilles, puis aux genoux. Les maisons de l'île disparaissaient lentement, les flots charriant déchets et débris sur son passage.

Quand il s'est avéré trop dangereux de rester dans leur maison, dotée d'un seul étage, la famille s'est réfugiée dans une maison voisine, de trois étages. Tout en haut, dans le grenier.

"Ca faisait peur de voir l'eau monter jusqu'aux fenêtres. Puis elle a atteint le toit, et la toiture a commencé à disparaître à son tour".

«Un ange gardien»

Ils ont été sauvés quand un garde-frontière ukrainien de 31 ans les a repérés avec son drone.

Celui qui a signé "Le père Noël" manipulait un DJI Mavic 3, un drone commercial utilisé pour la surveillance depuis le début de la guerre.

Se servir de son drone pour larguer des vivres à travers une petite fenêtre de toit était une première, confie-t-il.

"Les gens l'appellent un drone de mariage", explique-t-il, précisant qu'en temps de paix, il est utilisé pour filmer des vidéos de très haute qualité.

"En temps de guerre, nous avons appris à l'utiliser un peu différemment. Remplacer une grenade par une bouteille d'eau, ce n'est pas un problème, elles ont le même poids", dit-il, le visage recouvert d'un masque.

Il explique avoir besoin de préserver son anonymat en raison de ses activités sur le terrain. Il a seulement révélé avoir une barbe, d'où sa signature.

Pour Katerina et ses enfants, ce Père Noël en tenue de camouflage est leur sauveur.

"Il est mon ange gardien", dit-elle.

Mais le garde-frontière assure qu'il n'a fait que son travail.

"Quand vous voyez une femme avec deux enfants mineurs, vous prenez des décisions immédiatement", explique "le Père Noël. 


Meurtre d'un patron américain, le suspect était en possession d'un manifeste contre le système d'assurance santé

Cette photo de réservation du 9 décembre 2024, obtenue auprès de l'administration pénitentiaire de Pennsylvanie, montre Luigi Mangione. Mangione, 26 ans, a été arrêté le 9 décembre pour le meurtre ciblé d'un cadre de l'assurance maladie dans les rues de New York,  (Photo by Handout / Pennsylvania Department of Corrections / AFP)
Cette photo de réservation du 9 décembre 2024, obtenue auprès de l'administration pénitentiaire de Pennsylvanie, montre Luigi Mangione. Mangione, 26 ans, a été arrêté le 9 décembre pour le meurtre ciblé d'un cadre de l'assurance maladie dans les rues de New York, (Photo by Handout / Pennsylvania Department of Corrections / AFP)
Short Url
  • Le suspect numéro un de l'assassinat du patron d'un géant de l'assurance santé à New York avait sur lui un texte manuscrit exprimant sa colère contre ce secteur, a révélé mardi un responsable de la police.
  • « J'ai pu lire ce manifeste (...) C'est un manuscrit. Il laisse entendre qu'il est frustré par le système de santé des États-Unis », a expliqué Joseph Kenny, le chef des enquêteurs de la police de New York.

NEW-YORK : Le suspect numéro un de l'assassinat du patron d'un géant de l'assurance santé à New York avait sur lui un texte manuscrit exprimant sa colère contre ce secteur, a révélé mardi un responsable de la police.

« J'ai pu lire ce manifeste (...) C'est un manuscrit. Il laisse entendre qu'il est frustré par le système de santé des États-Unis », a expliqué Joseph Kenny, le chef des enquêteurs de la police de New York, dans l'émission Good Morning America sur la chaîne ABC.

« Plus précisément, Luigi Mangione, 26 ans, explique que notre système de santé est le plus coûteux du monde, alors que l'espérance de vie d'un Américain se classe au 42ᵉ rang mondial. Il a écrit beaucoup sur son mépris pour les entreprises américaines et en particulier pour l'industrie de la santé », a-t-il ajouté.

Au lendemain de son arrestation et de son inculpation pour l'assassinat de Brian Thompson, le patron de UnitedHealthCare, premier assureur santé privé du pays, beaucoup de questions se posent sur le parcours et les motivations du suspect. Ce dernier est un fils de bonne famille diplômé en ingénierie d'une université privée de l'État de Pennsylvanie.

Luigi Mangione a été arrêté dans un McDonald's d'Altoona, à environ 500 km à l'ouest de New York. Un juge d'un tribunal local de Pennsylvanie l'a placé en détention dans l'attente de son transfert devant la justice new-yorkaise.

Les policiers s'interrogent notamment sur une photo de radio médicale affichée sur le profil du suspect sur le réseau social X.

Mercredi dernier à l'aube, le tueur s'est approché de Brian Thompson, âgé de 50 ans, et l'a froidement abattu en pleine rue devant un hôtel à Manhattan, une scène capturée par une caméra de vidéosurveillance et visionnée par des millions de personnes.

La mort de Brian Thompson, dans cet assassinat visiblement prémédité en pleine rue, a provoqué un fort émoi, mais elle a aussi donné lieu à des commentaires haineux sur les réseaux sociaux à l'encontre des programmes d'assurance santé américains, illustrant une colère profonde à l'égard d'un système lucratif accusé de s'enrichir sur le dos des patients.

« On ne tue pas quelqu'un de sang-froid pour des questions politiques ou pour exprimer un point de vue », a condamné lundi Josh Shapiro, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie.


Immigration irrégulière : Londres et Berlin signent un plan d'action

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) et la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser (3R) assistent à une réunion des ministres et agences européens, à Carlton Gardens à Londres, le 10 décembre 2024.  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) et la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser (3R) assistent à une réunion des ministres et agences européens, à Carlton Gardens à Londres, le 10 décembre 2024. (Photo AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni et l'Allemagne ont signé un plan d'action conjoint pour lutter contre les réseaux de passeurs de migrants, alors que plusieurs ministres de l'Intérieur européens se réunissent mardi à Londres.
  • Près de 34 000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni depuis janvier en traversant la Manche sur des canots de fortune, et au moins 70 personnes y ont trouvé la mort en 2023, année la plus meurtrière.

LONDRES : Le Royaume-Uni et l'Allemagne ont signé un plan d'action conjoint pour lutter contre les réseaux de passeurs de migrants, alors que plusieurs ministres de l'Intérieur européens se réunissent mardi à Londres.

Ce plan doit permettre de « renforcer les capacités opérationnelles des forces de l'ordre britanniques et allemandes » face à ces réseaux criminels, a indiqué lundi soir le ministère britannique dans un communiqué.

Le Home Office a affirmé que l'Allemagne avait « l'intention de clarifier sa loi » pour permettre de poursuivre en justice les personnes qui aident à l'organisation des traversées de migrants vers le Royaume-Uni, notamment celles qui sont impliquées dans la fourniture et le stockage de canots pneumatiques et de moteurs.

Berlin « a accepté d'examiner si les dispositions pénales contre les délits liés au trafic de migrants doivent être davantage précisées, en particulier en ce qui concerne les activités de soutien logistique menées en Allemagne » pour les traversées de la Manche, a simplement indiqué de son côté le ministère allemand de l'Intérieur.

Près de 34 000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni depuis janvier en traversant la Manche sur des canots de fortune, et au moins 70 personnes y ont trouvé la mort en 2023, année la plus meurtrière.

L'ambassadeur allemand à Londres, Miguel Berger, a souligné que le Brexit avait compliqué la coopération entre les pays de l'UE et le Royaume-Uni dans la lutte contre l'immigration irrégulière.

« Nous essayons maintenant de voir comment nous pouvons à nouveau renforcer notre coopération », a-t-il déclaré sur la BBC.

Pour Angela Eagle, secrétaire d'État à la sécurité des frontières et à l'asile, cet « accord rend les choses beaucoup plus claires ».

« Il augmentera notre capacité à coopérer, tant sur le plan opérationnel que dans le cadre des poursuites judiciaires, et nous serons en mesure de démanteler davantage de réseaux criminels organisés », a-t-elle affirmé sur Sky News.

La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a salué un accord qui aidera à mettre fin aux activités inhumaines des organisations criminelles de trafic de migrants, reconnaissant que beaucoup de ces crimes sont planifiés en Allemagne.

Cet accord intervient alors que les ministres de l'Intérieur du Royaume-Uni, d'Allemagne, de France, des Pays-Bas et de Belgique (le « groupe de Calais ») sont réunis à Londres pour discuter de la lutte contre les réseaux de passeurs de migrants, avec des représentants de la Commission européenne et des agences Frontex et Europol.

Au programme : le « rôle des flux de financement illicites » et le partage de renseignements pour mieux poursuivre les passeurs en Europe.

Le Premier ministre travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir en juillet, s'est engagé à réduire l'immigration, régulière comme irrégulière, et a fustigé « l'échec » de ses prédécesseurs conservateurs sur ce sujet.


Le prix Nobel de la paix 2024 met en garde Poutine contre la menace nucléaire

Short Url
  • Lundi, lauréate du prix Nobel de la paix 2024, l'association japonaise des survivants de la bombe atomique, Nihon Hidankyo, a exhorté la Russie à cesser d'agiter la menace nucléaire pour remporter la guerre en Ukraine.
  • Le président russe, qui agite régulièrement, de façon plus ou moins explicite, la menace de recourir à l'arme nucléaire, a récemment modifié par décret les possibilités d'y recourir.

OSLO : Lundi, lauréate du prix Nobel de la paix 2024, l'association japonaise des survivants de la bombe atomique, Nihon Hidankyo, a exhorté la Russie à cesser d'agiter la menace nucléaire pour remporter la guerre en Ukraine.

« Je pense que le président Poutine ne comprend pas vraiment ce que les armes nucléaires représentent pour les êtres humains, de quel type d'arme il s'agit », a déclaré Terumi Tanaka, coprésidente de l'association.

« Je pense qu'il n'y a même pas réfléchi », a ajouté le nonagénaire lors d'une conférence de presse à Oslo, à la veille de la cérémonie de remise du prix.

Le président russe, qui agite régulièrement, de façon plus ou moins explicite, la menace de recourir à l'arme nucléaire, a récemment modifié par décret les possibilités d'y recourir.

Jeudi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répété que la Russie était prête à utiliser « tous les moyens » possibles pour se défendre.

Le 21 novembre, Moscou avait démontré qu'elle était prête à recourir à la force en tirant un missile balistique de portée intermédiaire sur une ville ukrainienne, un engin conçu pour porter l'arme nucléaire dont il avait simplement été démuni pour ce tir.

« Monsieur Poutine, nous voulons vous dire que les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées. C'est un acte qui irait à l'encontre de l'humanité », a insisté Terumi Tanaka.

Nihon Hidankyo milite inlassablement contre ces armes de destruction massive, près de 80 ans après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, s'appuyant notamment sur les témoignages des survivants, les « hibakusha ».

Les bombardements nucléaires américains sur ces deux villes japonaises, les 6 et 9 août 1945, firent environ 214 000 morts et précipitèrent la capitulation du Japon ainsi que la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Terumi Tanaka avait 13 ans quand Nagasaki, où il vivait, a été pulvérisée par « la » bombe.

Notant que « l'Amérique a créé et utilisé cette arme contre l'humanité », il a souligné, lundi, ne pas rechercher « une compensation monétaire » de la part des autorités américaines.

« Ce que nous aimerions voir de la part des États-Unis, a-t-il dit, c'est qu'ils abolissent leurs armes nucléaires. »

Avec le temps, les membres de Nihon Hidankyo se font de plus en plus rares. Le gouvernement nippon recense environ 106 800 « hibakusha » toujours en vie aujourd'hui, dont l'âge moyen est de 85 ans.

- Le tabou nucléaire -

Mardi, les trois coprésidents de Nihon Hidankyo recevront officiellement le prix Nobel de la paix, décerné à l'association en octobre, à l'hôtel de ville d'Oslo.

« Notre message à Poutine, ainsi qu'aux autres États dotés de l'arme nucléaire, est le suivant : écoutez les témoignages des hibakusha », a souligné Jørgen Watne Frydnes, le président du comité Nobel.

« Il est crucial pour l'humanité de préserver le tabou nucléaire et de stigmatiser ces armes comme étant moralement inacceptables. Menacer de les utiliser est une manière de réduire le sens de ce tabou, et cela ne devrait pas être fait », a-t-il ajouté.

« Et bien sûr, leur utilisation ne devrait jamais, sous aucun prétexte, être répétée par quiconque sur Terre », a-t-il conclu.

Neuf pays détiennent aujourd'hui l'arme atomique : les États-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne, la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et, selon certaines sources, Israël.

Avec l'intensification des tensions géopolitiques dans le monde, ces puissances nucléaires modernisent leurs arsenaux, soulignait en juin l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

En janvier, sur les quelque 12 121 ogives nucléaires existant dans le monde, environ 9 585 étaient disponibles pour une utilisation potentielle, comme l'ont relevé les chercheurs du Sipri.

En 2017, 122 gouvernements avaient négocié et adopté le traité historique sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN) à l'ONU, mais la portée de ce texte est essentiellement symbolique puisqu'aucune puissance nucléaire ne l'a signé.

« Bien sûr, les États possédant des armes nucléaires s'y opposeront », a noté Terumi Tanaka, appelant les citoyens de chacun de ces pays à « leur montrer que leur résistance est déplacée ».

« Nous voulons créer un monde débarrassé à la fois des armes nucléaires et des guerres. »