Gabriel Fortin: chômeur solitaire surnommé le «tueur de DRH»

Des fleurs sont déposées devant un site industriel de la société FAUN, au lendemain de l'assassinat d'un de ses employés par un tireur, à Guilherand-Granges, le 29 janvier 2021. (Photo Philippe Desmazes / AFP)
Des fleurs sont déposées devant un site industriel de la société FAUN, au lendemain de l'assassinat d'un de ses employés par un tireur, à Guilherand-Granges, le 29 janvier 2021. (Photo Philippe Desmazes / AFP)
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Publié le Dimanche 11 juin 2023

Gabriel Fortin: chômeur solitaire surnommé le «tueur de DRH»

  • Le mardi 26 janvier 2021 vers 18H40, à Wolfgantzen, une bourgade du Haut-Rhin, une femme de 39 ans est trouvée morte dans sa voiture, sur le parking de son entreprise
  • Découvrez le récit du parcours sanglant pour lequel Gabriel Fortin sera jugé à partir du 12 juin devant la cour d'assises de Valence

LYON, France : Socialement isolé, accusé d'avoir voulu se venger de ses licenciements, Gabriel Fortin doit être jugé à partir de mardi pour avoir abattu de sang-froid en 2021 deux de ses anciens DRH et une fonctionnaire de Pôle Emploi dans une équipée sanglante qui suit le fil de ses échecs professionnels.

Selon ses proches, cet ingénieur discret, amateur de planeur et de tir sportif, vivait le chômage comme «un vrai drame», une injustice. Un certain flou entoure la personnalité de l'homme qui arbore sur de rares photos de fines lunettes et un crâne dégarni.

Le célibataire de 47 ans a pour l'heure refusé de parler aux magistrats, enquêteurs et médecins. Tout juste sait-on qu'il est originaire de Nancy où il résidait et «vivait comme un reclus depuis plusieurs années, n'avait aucune vie sociale, ses seuls contacts étaient sa mère et son demi-frère», confie une source proche du dossier.

Depuis sa mise en examen pour assassinats et tentative d'assassinat et son incarcération en isolement au Centre pénitentiaire de Valence, l'enquête a reconstitué son passé marqué par deux licenciements, en Eure-et-Loir en 2006, puis en Ardèche en 2010. Deux épisodes qui semblent avoir nourri sa rancune jusqu'au passage à l'acte.

Dans de rares messages écrits au juge d'instruction au début de son incarcération, Gabriel Fortin évoque une «vie brisée» que ne réparent pas les indemnités chômage, d'après des éléments de l'Ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance.

Il confiera aussi à des médecins qu'il préférait la détention à la déchéance sociale. Lors de l'exploitation de son matériel informatique les enquêteurs ont relevé cette phrase: «La peur doit changer de camp».

- «Rejets insupportables» -

Pour les experts psychiatres, si Gabriel Fortin montre une tendance «paranoïaque», il n'y a pas trouble mental. On a plutôt affaire à «un homme intelligent» en situation d'isolement social, apparemment sans relation sentimentale, visiblement «blessé par des rejets insupportables de la part du seul milieu qu'il pensait pouvoir lui procurer une place sociale».

Le 28 janvier 2021 tout bascule. L'ingénieur se rend au Pôle Emploi de Valence et abat une conseillère, Patricia P., 54 ans. Avec calme et «détermination»,  selon le parquet de Valence.

Il traverse le Rhône pour se rendre dans une entreprise voisine, à Guilherand-Granges (Ardèche) pour tuer Géraldine C., 51 ans, directrice des ressources humaines.

Pour le procureur de l'époque, la préméditation est «avérée». Il n'est pas établi qu'il connaissait la fonctionnaire de Pôle Emploi, mais il a fréquenté l'agence jusqu'en 2013. Quand à Géraldine C., elle avait participé à un de ses entretiens préalables de licenciement, fin 2009 dans une entreprise spécialisée dans les camions-poubelles.

Après son arrestation mouvementée, menée par des policiers qui ont percuté son véhicule alors qu'il circulait à contre-sens sur un pont, le lien s'établit rapidement avec un autre meurtre et une agression armée survenus deux jours plus tôt dans le Haut-Rhin.

Estelle L., encore une DRH, a été tuée par balle sur le parking de son entreprise. Bertrand M., également dans les ressources humaines, échappe à une agression armée à son domicile. Les deux sont d'anciens collègues, ils ont participé au licenciement pour «faute» de Gabriel Fortin en septembre 2006, au sein d'une entreprise d'Eure-et-Loir.

- Vengeance inachevée -

L'enquête révèle qu'il s'était préparé de longue date et que ses projets de vengeance sont sans doute restés inachevés.

Il a notamment mené des recherches sur Internet et effectué des repérages en région parisienne, avec au moins trois autres cibles présumées dans son collimateur: deux avocats et un flirt adolescent.

Avant son expédition, il avait laissé chez lui deux lettres «laconiques» demandant à sa mère et à son demi-frère «qu'on s'occupe de son appartement  (...) et de son chien, sans en dire plus», selon une source proche de l'enquête.

Sur les traces du «tueur de DRH»

Un homme sème l'effroi le 28 janvier 2021 en abattant coup sur coup une employée de Pôle Emploi à Valence (Drôme) et la DRH d'une entreprise en Ardèche, à une dizaine de kilomètres de là.

Il est rapidement interpellé alors qu'il tente de fuir en voiture. Inconnu des services de police, il s'appelle Gabriel Fortin, 45 ans. Il n'a plus d'emploi depuis qu'il a été licencié pour faute par l'entreprise ardéchoise.

L'enquête fait rapidement le lien avec le meurtre, deux jours plus tôt, d'une responsable des ressources humaines dans le Haut-Rhin et l'agression d'un cadre RH, tous deux anciens salariés d'une entreprise d'Eure-et-Loir où cet ingénieur avait été licencié pour faute en 2006.

Voici le récit du parcours sanglant pour lequel Gabriel Fortin sera jugé à partir du 12 juin devant la cour d'assises de Valence.

Meurtre mystérieux à Wolfgantzen

Le mardi 26 janvier 2021 vers 18H40, à Wolfgantzen, une bourgade du Haut-Rhin, une femme de 39 ans est trouvée morte dans sa voiture, sur le parking de son entreprise. L'autopsie permet d'établir qu'elle a été tuée de quatre balles tirées du côté gauche de son véhicule.

Estelle L., était la DRH de l'entreprise Knauf, spécialisée dans les matériaux d'isolation. Le nom de cette mère de deux filles de 9 et 13 ans avait été jeté en pâture sur les réseaux sociaux en 2018, avec le hashtag #BalancetonDRH.

Attaque manquée à Wattwiller

Moins d'une heure après les tirs de Wolfgantzen, Bernard M. est agressé chez lui par un homme armé dans la commune de Wattwiller, à une quarantaine de kilomètres.

«Je suis chez moi en train de travailler, ça sonne à la porte, je vais ouvrir. Quelqu'un masqué, comme cela doit se faire avec le Covid, tient un carton dans les mains. Il y a un coup de feu qui part, visiblement il y avait un pistolet», raconte à l'époque la victime sur Europe 1.

«Il n'a pas réussi à tirer un deuxième coup. Il part en courant, je le suis, je le rattrape, je le plaque au sol (....). Se déclenche une bagarre, il arrive à m'échapper», dit-il en soulignant que son agresseur n'a pas prononcé un mot.

Ce responsable de ressources humaines connaît la femme tuée à Wolfgantzen: c'est une ancienne collègue de l'entreprise Francel, en Eure-et-Loir. L'enquête révèlera par la suite qu'ils ont tous deux mené l'entretien de licenciement de Gabriel Fortin en septembre 2006.

Stupeur à Pôle Emploi Valence

Deux jours plus tard, vers 8H30, un homme au visage masqué entre dans une agence Pôle Emploi à Valence. Masque chirurgical sur le nez, main droite plongée dans un sac de plastique blanc, il ouvre le feu et touche au thorax une employée Patricia P., 53 ans, suscitant la stupeur dans l'établissement.

L'agresseur repart en voiture. Sa victime ne peut être réanimée.

L'enquête établira que le suspect avait été inscrit dans cette agence entre 2010 et 2013. «Il n'avait pas un comportement agressif, jusqu'au moment où il fait feu avec une détermination réelle», indique le parquet à l'époque.

Dernier meurtre et fin de parcours en Ardèche

L'homme reprend sa voiture, parcourt une dizaine de km et rejoint Faun Environnement, entreprise qui fabrique des véhicules de collecte de déchets à Guilherand-Granges (Ardèche), sur l'autre rive du Rhône.

Là, il demande à voir Géraldine C., finit par trouver cette DRH de 51 ans, ouvre le feu la touchant au ventre et au visage, jette son arme et prend la fuite en voiture. Là encore, des témoins décrivent un homme «froid et méthodique».

Gabriel Fortin est interpellé après avoir été percuté par un véhicule de police alors qu'il empruntait un pont à contre-sens, en direction de Valence.

Sur une vidéo amateur mise en ligne sur les réseaux sociaux, on voit des policiers plaquer au sol un homme au crâne dégarni qui ne résiste pas quand on le conduit dans un fourgon. Depuis, il garde le silence.


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.


Lecornu joue le contraste avec Bayrou sans dévoiler son jeu

Le nouveau Premier ministre français et ancien ministre des Armées Sébastien Lecornu (à droite) est accueilli par le Premier ministre sortant François Bayrou lors de la cérémonie de passation des pouvoirs à l'hôtel Matignon à Paris, le 10 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français et ancien ministre des Armées Sébastien Lecornu (à droite) est accueilli par le Premier ministre sortant François Bayrou lors de la cérémonie de passation des pouvoirs à l'hôtel Matignon à Paris, le 10 septembre 2025. (AFP)
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  • Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu adopte un style sobre et minimaliste, contrastant avec François Bayrou, afin de gagner du temps et préparer en coulisses une majorité fragile
  • Chargé de former un gouvernement dans un climat parlementaire explosif, il consulte à tout-va, mais les lignes de fracture gauche-droite rendent difficile l’émergence d’un accord stable

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu joue le contraste de styles avec François Bayrou, plaidant pour la "sobriété" face à un prédécesseur volontiers prolixe, ce qui lui permet de ne pas s'avancer sur le fond du compromis qu'il doit bâtir.

A son arrivée mercredi à Matignon, l'ex-ministre des Armées a posé d'emblée les bases de cette approche minimaliste.

"Je ne vais pas faire de grand discours, puisque cette instabilité et la crise politique et parlementaire que nous connaissons commandent à l'humilité, la sobriété", a-t-il dit dans un discours particulièrement bref, deux minutes à peine.

La passation de pouvoirs avait un petit parfum de vengeance devant François Bayrou, qui l'avait doublé à ce poste en décembre, en imposant sa nomination à Emmanuel Macron.

Le leader centriste de 74 ans ne s'est jamais montré tendre à l'égard de son cadet, pas encore quadragénaire, qu'il qualifie en privé de "courtisan" pour sa proximité discrète avec le chef de l'Etat.

Sa courte prise de parole rompt avec l'exercice du pouvoir de son prédécesseur, qui ne rechigne pas aux longues explications pédagogiques sur la dette ou la situation internationale, et apprécie de parler en direct avec les journalistes. Les dernières semaines de François Bayrou à Matignon ont été marquées par de nombreuses interventions dans les médias pour défendre le vote de confiance qui l'a au final fait tomber.

Le centriste dramatisait l'urgence à résorber la dette, un "piège mortel". Sébastien Lecornu assure qu'"il n'y a pas de chemin impossible".

- "Rassurer" -

Sans "nier les difficultés", il ne faut "pas jouer sur les peurs", "il faut rassurer les gens et leur donner un message d'espoir", explique son entourage, dans un contexte de rupture entre l'opinion et les politiques.

Sébastien Lecornu a pointé le "décalage" entre la vie politique et la vie "réelle" des Français, mais aussi entre la politique "intérieure" et la "géopolitique mondiale".

Homme de droite rallié au macronisme en 2017, il a incarné cette prudence et cette discrétion lors de son passage au ministère des Armées depuis 2022. Malgré la guerre qui sévit de nouveau en Europe avec le conflit ukrainien, il est resté très peu disert dans les médias, au point de demeurer un quasi inconnu pour le grand public.

Devra-t-il se faire violence dans ses nouvelles fonctions? "C'est vrai qu'il va devoir s'ouvrir plus", observe un de ses soutiens. Il ne s'exprime que lorsqu'il a "quelque chose à dire", ajoute-t-il.

Avant d'expliquer ses projets aux Français, le chef du gouvernement entend mener de larges concertations.

"Il va falloir changer" en étant "plus créatif, parfois plus technique, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions", a-t-il aussi grincé devant François Bayrou.

Prônant "des ruptures" sur la forme comme sur le fond, il refuse de s'exprimer sur les objets ou les concessions qu'il pourrait faire afin d'aboutir à un compromis qui lui permettrait de former un gouvernement, conformément à la feuille de route d'Emmanuel Macron.

- "Sortir du bois" -

Sébastien Lecornu a réuni jeudi matin les dirigeants du "socle commun", partis du centre et de droite qui constituent sa coalition naturelle. Il s'est ensuite rendu à l'Assemblée nationale et au Sénat, pour y rencontrer les présidents des deux chambres, la macroniste Yaël Braun-Pivet et le LR Gérard Larcher.

Il a aussi été reçu dans les bureaux de Nicolas Sarkozy qui lui a "témoigné son soutien", d'après l'entourage de l'ex-chef de l'Etat.

Vendredi et lundi, il doit recevoir les partenaires sociaux (syndicats et patronat).

Le nouveau locataire de Matignon a notamment avancé l'idée devant ses interlocuteurs des Républicains "de se mettre d'accord, outre le budget, sur deux ou trois textes majeurs et forts" qui répondraient aux priorités des uns et des autres.

Ses soutiens louent ses qualités de "négociateur" comme sur la loi de programmation militaire, mais cette fois il va devoir "sortir du bois sur certains sujets". Travailler avec les socialistes "sans déplaire" à la droite, analyse un proche.

Ainsi Gérard Larcher s'est dit opposé à la mise en place d'une taxe sur les très hauts patrimoines, alors que pour la gauche c'est "la base de tout accord" de non censure, selon l'eurodéputé Raphaël Glucksmann.

Peu d'espoir également de trouver un terrain d'entente avec le RN qui entend lui demander de "rompre avec le macronisme". Ce sera "la rupture ou la censure", a prévenu Marine Le Pen jeudi soir sur TF1.

Rien à espérer non plus du côté de La France insoumise: "Nous avons proposé un programme et nous sommes élus pour l'appliquer, pas pour faire des combines et chercher des places", a tranché Jean-Luc Mélenchon sur France 2.


France: une commission préconise à son tour d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans

Un rapport du Parlement français sur TikTok dévoilé jeudi préconise l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans et la mise en place d'un "couvre-feu numérique" pour les 15-18 ans, pour tenter d'endiguer le "piège algorithmique" qui peut affecter la santé des plus jeunes. (AFP)
Un rapport du Parlement français sur TikTok dévoilé jeudi préconise l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans et la mise en place d'un "couvre-feu numérique" pour les 15-18 ans, pour tenter d'endiguer le "piège algorithmique" qui peut affecter la santé des plus jeunes. (AFP)
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  • Lancée en mars, la commission a auditionné des familles de victimes, responsables de réseaux sociaux et influenceurs pour décortiquer l'algorithme de TikTok, application ultrapopulaire chez les jeunes"
  • Elle a été créée dans la foulée de l'assignation en justice en France de TikTok, fin 2024, par un collectif de sept familles l'accusant d'avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide

PARIS: Un rapport du Parlement français sur TikTok dévoilé jeudi préconise l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans et la mise en place d'un "couvre-feu numérique" pour les 15-18 ans, pour tenter d'endiguer le "piège algorithmique" qui peut affecter la santé des plus jeunes.

Une telle interdiction permettrait "de donner un signal à la fois aux enfants et aux parents qu'avant 15 ans", les réseaux sociaux, "ce n'est pas anodin", résume auprès de l'AFP la députée du parti présidentiel Laure Miller (EPR), rapporteure de cette commission d'enquête parlementaire.

Lancée en mars, la commission a auditionné des familles de victimes, responsables de réseaux sociaux et influenceurs pour décortiquer l'algorithme de TikTok, application ultrapopulaire chez les jeunes dont le design "a été copié par d'autres réseaux sociaux", rappelle Mme Miller.

Elle a été créée dans la foulée de l'assignation en justice en France de TikTok, fin 2024, par un collectif de sept familles l'accusant d'avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide.

"C'est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça", explique à l'AFP Géraldine, 52 ans, qui fait partie des plaignants et souhaite rester anonyme. En février 2024, cette mère de famille a perdu sa fille, Pénélope, qui s'est suicidée à l'âge de 18 ans.

Après son décès, elle avait découvert les vidéos de scarification que sa fille publiait et consultait sur TikTok.

"Ce n'est pas TikTok qui a tué notre fille, parce que de toute façon, elle n'allait pas bien", explique Géraldine. Mais pour cette mère qui dénonce aujourd'hui le manque de modération en ligne, le réseau a "enfoncé" sa fille dans un mal-être.

TikTok assure régulièrement faire de la sécurité des jeunes "sa priorité absolue".

Le rapport recommande d'aller jusqu'à une interdiction avant 18 ans si, d'ici trois ans, "les réseaux sociaux ne respectent pas de façon satisfaisante leurs obligations juridiques", notamment vis-à-vis du règlement européen sur les services numériques (DSA).

Plusieurs pays de l'UE, dont la France, l'Espagne et la Grèce, ont récemment appelé Bruxelles à davantage encadrer l'utilisation des plateformes en ligne par les enfants, face aux inquiétudes concernant leur caractère addictif mais aussi les dangers liés au cyberharcèlement ou à la prolifération des discours de haine.

Bulles nocives 

Devant la commission parlementaire, les responsables de TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, ont mis en avant une modération dopée à l'intelligence artificielle qui lui aurait permis de retirer proactivement 98% des contenus enfreignant ses conditions d'utilisation en France l'an dernier.

Mais pour les députés, ces efforts sont insuffisants voire "défaillants", avec des règles "très faciles à contourner".

Entre septembre 2023 et décembre 2024, le nombre de modérateurs francophones de TikTok a baissé de 26%, selon des données issues de ses rapports de transparence.

Les contenus néfastes continuent ainsi à pulluler, couplés à des algorithmes de recommandations particulièrement puissants qui peuvent enfermer les jeunes dans des bulles nocives, relève la commission d'enquête.

D'autres impacts négatifs du réseau sur les mineurs incluent, selon Mme Miller, perte de l'attention et de la concentration, perturbation du sommeil ou problèmes d'estime de soi.

"Couvre-feu numérique" 

S'agissant des 15-18 ans, le rapport propose l'instauration d'un "couvre-feu numérique" rendant les réseaux sociaux inaccessibles de 22H00 à 08H00.

Il préconise aussi une vaste campagne d'information sur leurs risques, suivie de la création d'un "délit de négligence numérique" pour "les parents irresponsables".

De récentes lignes directrices de la Commission européenne ont "ouvert la porte à une réglementation nationale", dont "la clé est la mise en place d'un dispositif de vérification de l'âge à l'inscription", selon Laure Miller.

De telles mesures butent toutefois sur les réticences des plateformes, des limites techniques et un risque d'atteinte aux libertés individuelles.