En France, tensions autour du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin

Une vue panoramique montre le chantier de construction d'un tunnel pour la ligne de train à grande vitesse TAV (Treno Alta Velocita) entre Lyon et Turin, à Saint-Martin-la-Porte, dans le sud-est de la France, le 29 novembre 2018. (Photo, AFP)
Une vue panoramique montre le chantier de construction d'un tunnel pour la ligne de train à grande vitesse TAV (Treno Alta Velocita) entre Lyon et Turin, à Saint-Martin-la-Porte, dans le sud-est de la France, le 29 novembre 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

En France, tensions autour du projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin

  • Soutenue par l'Union européenne, cette nouvelle ligne grande vitesse doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, pour un coût évalué à plus de 26 milliards d'euros
  • Selon les opposants, les travaux, en cours mais encore loin d'être achevés, risquent de «détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant»

SAINT JEAN DE MAURIENNE, FRANCE: Chantier "éminemment écologique" ou projet "mégalo et détraqué" ? La tension monte en France autour du projet controversé de ligne ferroviaire Lyon-Turin, avant une grande mobilisation prévue samedi par ses opposants et interdite par la préfecture pour "risques de débordements".

"Il y a des craintes quant à la sécurité des forces de l'ordre et des pompiers", a déclaré le préfet de Savoie François Ravier jeudi lors d'un point presse à Chambéry, précisant que "2.000 gendarmes et policiers" allaient être déployés en vallée de Maurienne, frontalière de l'Italie, célèbre pour ses stations de ski.

La manifestation, annoncée de longue date par une dizaine d'organisations dont les Soulèvements de la Terre et les No-Tav italiens, entend dénoncer les impacts écologiques, notamment sur la ressource en eau, de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins".

Le gouvernement français avait annoncé fin mars avoir engagé la procédure de dissolution du mouvement Soulèvements de la Terre, qu'il a rendu responsable des affrontements violents lors d'une manifestation interdite contre un projet de réserve d'eau agricoles, à Sainte-Soline.

Soutenue par l'Union européenne, cette nouvelle ligne grande vitesse doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, pour un coût évalué à plus de 26 milliards d'euros.

Un million de poids-lourds 

La nouvelle ligne "permettra de délester les routes alpines d'un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d'environ un million de tonnes d'équivalent CO2", soit "l'équivalent produit par une ville de 300.000 habitants", selon les données de la société franco-italienne Telt, en charge du tunnel.

Les opposants maintiennent eux l'appel à manifester. "Les motifs du préfet sont fallacieux, nous ne sommes pas des terroristes", a réagi Marc Pascal, référent du parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Savoie.

"Nous continuons d'appeler à une manifestation familiale, festive, non violente, pacifique", a-t-il lancé.

"Les associations locales ont déposé un référé contre l'arrêté" auprès du tribunal administratif de Grenoble, a indiqué de son côté Brigitte Finas, du bureau national de l'association altermondialiste Attac. "Il y a un déni de démocratie", a-t-elle estimé.

Le même jour, des experts de l'ONU ont appelé la France à entreprendre un "examen complet" de ses pratiques de maintien de l'ordre, s'inquiétant d'"allégations d'un usage excessif de la force", notamment lors de la manifestation écologiste de Sainte-Soline.

Selon les opposants, les travaux, en cours mais encore loin d'être achevés, risquent de "détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant".

Des élus comme le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle et la députée La France Insoumise (LFI, gauche radicale) Mathilde Panot ont annoncé leur venue samedi en vallée de Maurienne.

 "Intrusions" 

Le préfet a justifié son arrêté d'interdiction par un défaut d'information des organisateurs sur le nombre de manifestants attendu et sur les parcours. Selon lui, ils pourraient être "entre 3.000 et 4.000", avec "notamment des personnes venant de régions extérieures et sans doute de pays étrangers frontaliers, notamment l'Italie et la Suisse".

En outre, "on nous a signalé la présence d'éléments radicaux, entre 300 et 500", a-t-il ajouté citant des évaluations du ministère de l'Intérieur.

La vente de mortiers d'artifice, carburants au détail, produits chimiques et d'artifices est d'ores et déjà interdite, selon la préfecture.

Jeudi matin, une manifestation de soutien au projet avait en revanche été autorisée, rassemblant environ 200 personnes, dont des élus devant la gare de Saint-Jean-de-Maurienne.

"Le Lyon-Turin, ce n'est plus un projet, c'est déjà une réalité dans notre territoire, dans nos aménagements", a estimé le maire (sans étiquette) de la ville, Philippe Rollet.

"Le Lyon-Turin est éminemment écologique", a renchéri Émilie Bonnivard, députée (Les Républicains, droite) de Savoie, en allusion à la baisse attendue du trafic routier et des émissions de CO2.

"La montagne n’est pas un gruyère", s'insurge jeudi dans un communiqué l'association Mountain Wilderness, en déplorant que les Alpes "souffrent déjà (...) du réchauffement climatique".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.