La Grèce retourne aux urnes, la droite de Mitsotakis part favorite

Des gens passent devant l'affiche pré-électorale de Kyriakos Mitsotakis, chef du parti conservateur Nouvelle Démocratie, le 17 juin 2023. (AFP)
Des gens passent devant l'affiche pré-électorale de Kyriakos Mitsotakis, chef du parti conservateur Nouvelle Démocratie, le 17 juin 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

La Grèce retourne aux urnes, la droite de Mitsotakis part favorite

  • Le dirigeant des conservateurs de Nouvelle-Démocratie (ND), qui vise un second mandat à la tête du gouvernement, avait remporté une large victoire le 21 mai
  • Pour obtenir la majorité absolue, Kyriakos Mitsotakis parie sur un mode de scrutin différent des élections précédentes et qui accorde au parti vainqueur une prime de jusqu'à 50 sièges

ATHENES: Cinq semaines après un premier scrutin, la Grèce retourne aux urnes dimanche prochain pour des élections législatives à l'issue desquelles la droite de l'ancien Premier ministre Kyriakos Mitsotakis espère cette fois-ci décrocher la majorité absolue.

Le dirigeant des conservateurs de Nouvelle-Démocratie (ND), qui vise un second mandat à la tête du gouvernement, avait remporté une large victoire le 21 mai: 40,8% des suffrages, soit le double de son principal adversaire, la gauche de Syriza d'Alexis Tsipras.

Mais ce résultat, qu'il avait pourtant qualifié de "séisme politique", ne lui avait assuré que 146 des 300 sièges de députés. Or il lui en fallait 151 pour pouvoir former un gouvernement sans devoir nouer d'alliance.

Dans un pays où la culture politique est davantage tournée vers l'affrontement que vers la recherche de compromis, Kyriakos Mitsotakis avait exclu de former une coalition et réclamé de nouvelles élections.

Les autres quatre partis élus avaient fait de même, ouvrant la voie au scrutin du 25 juin et à la désignation d'un Premier ministre intérimaire en attendant.

Tout porte à croire que la ND devrait à nouveau largement l'emporter, créditée d'entre 39% et 43,9% des intentions de vote.

Syriza, qui a encaissé un revers cuisant en ne recueillant que 20% des suffrages le 21 mai, espère ne pas céder davantage de terrain. Les sondages lui accordent entre 19,2% et 20,9% des intentions de vote, suivi des socialistes Pasok-Kinal (environ 12%).

Pour obtenir la majorité absolue, Kyriakos Mitsotakis parie sur un mode de scrutin différent des élections précédentes et qui accorde au parti vainqueur une prime de jusqu'à 50 sièges.

Ce fils d'un ancien Premier ministre a brandi le spectre de troisièmes élections au coeur des vacances grecques, en août, s'il ne parvient pas à ses fins.

Ce que des médias et l'opposition ont dénoncé comme une tentative de "chantage" vis-à-vis des électeurs.

Deuxièmes élections législatives en Grèce : ce qu'il faut savoir

La Grèce tient de nouvelles élections législatives dimanche prochain, les secondes en cinq semaines qui devraient confirmer la victoire de l'ancien Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis qui vise un deuxième mandat.

Voici ce qu'il faut savoir sur ce scrutin dans ce pays de 10,5 millions d'habitants :

 

Pourquoi ces nouvelles élections ? 

Lors des élections législatives du 21 mai, le parti conservateur Nouvelle-Démocratie (ND), emmené par Kyriakos Mitsotakis au pouvoir jusqu'à ce scrutin, a enregistré une large victoire (40,8%). Il a devancé de 20 points son principal adversaire, la gauche Syriza d'Alexis Tsipras.

Toutefois, avec 146 sièges de députés sur les 300 du Parlement monocaméral, la ND n'a pas décroché de majorité absolue comme elle le souhaitait pour former un gouvernement sans devoir trouver une alliance avec une autre formation.

De leur côté, les quatre autres partis élus - Syriza, les socialistes Pasok-Kinal, les communistes KKE ou les nationalistes de Solution grecque - n'ont pas non plus cherché à s'entendre pour former une coalition.

Devant ce constat d'échec, un gouvernement intérimaire a été nommé. Un nouveau scrutin a été convoqué pour le 25 juin.

 

le pari de la majorité absolue  

Kyriakos Mitsotakis parie sur le fait qu'il va cette fois-ci obtenir une majorité absolue grâce à un mode de scrutin différent des élections du 21 mai et qui accorde une "prime" pouvant aller jusqu'à 50 sièges au parti arrivé en tête.

La majorité des sondages prédisent une victoire confortable de la droite, créditée d'entre 39% et 43% des intentions de vote. Elle devrait de nouveau très largement devancer Syriza, qui pourrait réaliser un score de 18 à 22%.

Outre les cinq partis élus le 21 mai, deux autres partis pourraient faire leur entrée à la Vouli, selon les sondages: Cap sur la liberté (gauche nationaliste) fondé par une ancienne dissidente de Syriza et une petite formation xénophobe baptisée Victoire (Niki en grec).

 

- scenarii post-électoraux -

Durant cette seconde campagne électorale, Kyriakos Mitsotakis a agité l'épouvantail d'un éventuel troisième scrutin en août s'il n'obtient pas de majorité absolue.

L'obtention d'une large majorité absolue pour la ND dépend à la fois de son score et du nombre de partis qui entreront au parlement en franchissant la barre des 3% nécessaire pour siéger, soulignent les experts.

"Si la ND obtient (par exemple) 39% des voix et qu'il y a sept partis au Parlement, la droite aura à peine la majorité absolue, soit 151 sièges", explique à l'AFP Pinelopi Fountedaki, professeure du droit constitutionnel à l'Université Panteion d'Athènes.

Au cas d'absence de majorité absolue ou d'un nouvel échec pour former une coalition, le mandat du gouvernement intérimaire pourrait être prolongé en vue d'un troisième scrutin, selon Pinelopi Fountedaki.

 

Alexis Tsipras joue son va-tout 

Avec une chute de plus de 11 points par rapport aux élections de 2019, Syriza espère ne pas tomber en-dessous du seuil psychologique des 20%.

L'ancien Premier ministre Alexis Tsipras, qui incarnait l'espoir de la gauche radicale en Europe lors de son accession au pouvoir en 2015, n'a pas caché que la cuisante défaite de la gauche lors du premier scrutin avait constitué un choc douloureux.

Le leader de Syriza a même songé à démissionner, avant de se raviser car il estimait ne "pas avoir le droit d'abandonner la bataille".

Selon des experts, une nouvelle piètre performance de Syriza posera ouvertement la question de sa succession à la tête d'un parti qu'il dirige depuis 15 ans et qu'il a largement recentré à gauche ces dernières années.

"Le bilan final" sera établi à l'issue du scrutin du 25 juin, a assuré Alexis Tsipras.

la chute d'Alexis Tsipras ?

Pour l'ancien Premier ministre Alexis Tsipras (2015-2019), une nouvelle lourde défaite poserait avec plus d’acuité encore la question de son maintien à la tête d'un parti issu de la gauche radicale mais qu'il a largement recentré ces dernières années.

Après la douloureuse défaite du 21 mai, le quadragénaire pugnace n'a pas fait mystère du fait qu'il avait songé à jeter l'éponge. Avant de se raviser. "Je n'ai jamais reculé et je n'ai jamais déserté", a-t-il justifié.

En se détournant largement de Syriza, les Grecs ont montré qu'ils voulaient définitivement tourner la page des années d'âpre crise financière et de plans de sauvetage aux conditions drastiques qui les ont considérablement appauvris.

Durant cette courte seconde campagne, la déliquescence de certains services publics qui ont connu des coups de rabot depuis dix ans a occupé les débats.

Au moins deux personnes, dont une jeune fille de 19 ans enceinte, sont mortes ces dernières semaines en raison de l'arrivée tardive des secours due à un manque criant de moyens dans le secteur de la santé.

Alexis Tsipras a dénoncé le marasme des hôpitaux publics qui "s'effondrent".

Kyriakos Mitsotakis a promis l'embauche de médecins notamment sur les îles sous-équipées médicalement et où la population grossit l'été avec le flot de touristes.

lassitude

Dans cette campagne morne, les relations acrimonieuses avec la Turquie voisine et la politique migratoire sont revenues sur le devant de la scène.

La droite a dénoncé l'ingérence du consulat turc dans la circonscription de Rhodope en Thrace (nord-est) où vit une importante minorité musulmane de souche turque, la seule remportée par Syriza.

Le camp Mitsotakis a accusé la gauche d'avoir choisi pour la représenter un député proche de ce consulat turc.

La fin de la campagne a en outre été assombrie par le naufrage d'une embarcation de migrants qui a fait 78 morts et sans doute des centaines de disparus mercredi au large de la Grèce.

Un candidat conservateur a été exclu du parti après des propos racistes sur les migrants.

Par ailleurs, un petit parti xénophobe, proche de la frange conservatrice de l'église orthodoxe, Victoire ("Niki") et dont les médias dénoncent des relations avec la Russie pourrait faire son entrée au parlement.

Il avait créé la surprise le 21 mai avec 2,9% des voix et est désormais crédité de plus de 3% des intentions de vote, le seuil nécessaire pour siéger.

Grèce: Kyriakos Mitsotakis, un conservateur issu d'une dynastie politique

Kyriakos Mitsotakis, qui brigue un deuxième mandat à l'issue des élections législatives en Grèce dimanche prochain, est un conservateur libéral issu d'une longue lignée de responsables politiques et qui a mis en avant la relance de l'économie.

Vainqueur des élections le 21 mai, le dirigeant de Nouvelle-Démocratie (ND) a souhaité la tenue d'un second scrutin pour tenter cette fois-ci de décrocher une majorité absolue qui lui a échappé de peu il y a cinq semaines.

La victoire que lui prédisent les sondages lui permettra "la réalisation des changements qui vont améliorer la vie des citoyens", a promis cet homme de 55 ans, proche de Manfred Weber, le patron allemand du Parti populaire européen (PPE).

Kyriakos Mitsotakis, qui ne cesse de mettre en avant son bilan économique, a promis des augmentations de salaires, notamment pour les plus faibles revenus, principale préoccupation des Grecs qui subissent la cherté de la vie.

Relance économique

Son premier mandat a été marqué par la relance d'un économie encore en convalescente lorsqu'il accède au pouvoir en 2019 après les années de débâcle financière et de plans d'austérité drastiques.

A la tête d'un important patrimoine immobilier dont il a hérité, il a réduit l'imposition sur la grande propriété au cours de son premier mandat.

Issu d'une grande famille politique, ses opposants, en premier lieu le leader de la gauche Syriza Alexis Tsipras, lui reprochent son arrogance supposée.

Ces quatre dernières années, il a mené un tour de vis sécuritaire, marqué par le verrouillage des frontières, pour lutter contre ce qu'il considère comme une "invasion" de migrants depuis la Turquie voisine, et un renforcement du dispositif policier.

Son slogan électoral: "Une patrie en sécurité à l'intérieur et fière à l'étranger".

Mais son mandat a aussi été entaché de scandales, notamment l'un, retentissant, sur des écoutes illégales de personnalités politiques et de journalistes.

Refoulements de migrants

Il fait aussi face à des accusations récurrentes des ONG et médias sur des refoulements de migrants avant qu'ils aient pu pu présenter leur demande d'asile au sein de l'Union européenne.

Après que la Grèce a dégringolé dans le classement mondial de la liberté de la presse, il a balayé les critiques d'un revers de la main, affirmant que le baromètre de l'ONG Reporters sans frontières, référence mondiale, était de la "merde".

En février, il a été étrillé pour sa gestion jugée calamiteuse de la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts et suscité une importante vague de colère.

Cet homme aux cheveux poivre et sel, peu à l'aise dans les bains de foule, s'efforce de corriger son image en apparaissant en tenue décontractée dans ses déplacements de campagne: chemise blanche, sans cravate, ou blouson à capuche.

Omniprésent sur les réseaux sociaux, il a notamment mené campagne sur TikTok pour tenter de séduire la jeunesse ou en abordant dans des entretiens télévisés des thèmes encore peu présents dans la sphère publique en Grèce.

Issu d'une dynastie politique crétoise, Kyriakos Mitsotakis est le fils de l'ancien Premier ministre Konstantinos Mitsotakis (1990-1993).

Sa soeur fut notamment ministre des Affaires étrangères. L'un de ses neveux est l'actuel maire d'Athènes, un autre fut son proche conseiller avant d'être limogé sur fond du scandale des écoutes illégales l'été dernier.

Diplômé de l'université américaine Harvard, Kyriakos Mitsotakis a mené une carrière de conseiller financier à Londres, chez McKinsey notamment, avant de reprendre le flambeau politique familial.

Député ND pour la première fois en 2004, il est notamment désigné ministre de la Reforme de l'administration au pic de la crise grecque. Il procède alors à des réductions massives d'effectifs dans la fonction publique.

En 2016, un an après la défaite de son camp par la gauche d'Alexis Tsipras, il est élu dirigeant de la Nouvelle-Démocratie.

Au sein de sa formation, il rapproche alors l'aile nationaliste et le courant libéral qu'il représente.

Trois ans plus tard, il accède au pouvoir.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.