La guerre gagne du terrain au Soudan, l'aide humanitaire toujours bloquée

Des gens voyagent avec des meubles et d'autres objets au sommet d'un camion se déplaçant le long d'une route de Khartoum à Wad Madani dans la localité de Kamlin, à environ 80 kilomètres au sud-est de Khartoum, le 22 juin 2023. (AFP)
Des gens voyagent avec des meubles et d'autres objets au sommet d'un camion se déplaçant le long d'une route de Khartoum à Wad Madani dans la localité de Kamlin, à environ 80 kilomètres au sud-est de Khartoum, le 22 juin 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 juin 2023

La guerre gagne du terrain au Soudan, l'aide humanitaire toujours bloquée

  • Vendredi, de nouveau, des habitants de Khartoum ont rapporté des «bombardements de l'artillerie» dans différents quartiers de la capitale
  • Depuis mercredi, militaires et paramilitaires s'affrontent à l'arme lourde dans la région du Kordofan, limitrophe du Darfour, selon des habitants

KHARTOUM: Les combats gagnent en ampleur vendredi au Soudan où les humanitaires appellent les belligérants à laisser passer les convois humanitaires pour aider les millions de civils pris sous les tirs.

Dix semaines de guerre entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdand Daglo ont déjà fait plus de 2.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés et de réfugiés.

Vendredi, de nouveau, des habitants de Khartoum ont rapporté à l'AFP des "bombardements de l'artillerie" dans différents quartiers de la capitale où des millions de civils survivent à la chaleur écrasante sans électricité et souvent sans eau.

Et, depuis mercredi, militaires et paramilitaires s'affrontent à l'arme lourde dans la région du Kordofan, limitrophe du Darfour, selon des habitants.

Mercredi matin, officiellement, une énième trêve à pris fin. Si pendant trois jours, elle a vu les combats en eux-mêmes faiblir, les habitants n'ont cessé de rapporter des mouvements de troupes semblant suggérer une escalade.

«Paperasserie bureaucratique»

"Mercredi, nous avons reporté les négociations parce qu'elles n'avancent pas comme nous le souhaitons", a expliqué Molly Phee, sous-secrétaire d'Etat pour l'Afrique.

"Ces cessez-le-feu n'ont pas été assez respectés, même s'ils ont permis de transférer une assistance humanitaire vitale", a-t-elle ajouté devant des parlementaires.

Mais les ONG, elles, disent toujours attendre de pouvoir travailler: "des millions de personnes ne peuvent pas être aidées à cause des restrictions flagrantes à l'entrée des humanitaires et de l'aide", rapporte William Carter, du Norwegian Refugee Council (NRC) au Soudan, dénonçant une "paperasserie bureaucratique".

Les demandes auprès des autorités sont "retardées, refusées, annulées ou pas respectées", abonde Médecins sans Frontières (MSF). "Des humanitaires ont été frappés ou menacés violemment" tandis que "des cargaisons ont été confisquées", ajoute l'ONG.

A Genève lundi, la communauté internationale a promis 1,5 milliard de dollars d'aide au Soudan --même pas la moitié des besoins estimés.

Dans le pays, l'un des plus pauvres du monde, 25 millions de personnes ont besoin de cette aide pour survivre alors que deux tiers des hôpitaux sont désormais hors service et le reste au bord de la fermeture tant les réserves manquent.

Femmes violées, maisons volées 

Surtout, les habitants dénoncent régulièrement les paramilitaires qui s'installent dans des maisons. Vendredi, des dizaines de manifestants se sont rassemblés pour les dénoncer à Khartoum et à Kosti, dans le sud du pays, sous le slogan "un peuple, une armée".

L'organe gouvernemental de lutte contre les violences faites aux femmes a rapporté au moins 36 agressions sexuelles dans la capitale, les rescapées accusant majoritairement les FSR.

"Les cas enregistrés ne représentent pas plus de 2% des chiffres réels", assure-t-il. Et au Darfour (ouest), où "la situation empire de jour en jour", il n'y a aucun chiffre faute de communication avec le reste du pays.

Rien qu'à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, 1.100 personnes ont été tuées, selon l'ONU.

Des maisons ont été incendiées, des cadavres gisent au milieu de rues de terre battue flanquée de magasins aux rideaux éventrés par des pillards. Et plus de 170.000 personnes ont fui vers le Tchad et la Centrafrique.

"Le Soudan se meurt", écrit le chercheur Alex de Waal.


Gaza: affrontements interpalestiniens meurtriers dans la foulée du cessez-le-feu

Lors de sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007, le Hamas s'est opposé par les armes à de nombreuses grandes familles, dont les Doghmoush. (AFP)
Lors de sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007, le Hamas s'est opposé par les armes à de nombreuses grandes familles, dont les Doghmoush. (AFP)
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  • "Environ 200 membres des forces de sécurité [du Hamas] étaient présents et ont combattu jusqu'à maîtriser complètement" leurs adversaires, a ainsi expliqué un riverain
  • "Il y a eu des morts et des blessés parmi les membres de la famille [Doghmoush], mais aussi des martyrs parmi les forces de sécurité, et des blessés"

GAZA: Plusieurs personnes ont été tuées en fin de semaine à Gaza-ville dans des affrontements armés entre forces du Hamas et membres du clan Doghmoush, une grande famille palestinienne de la bande de Gaza, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Après plusieurs jours d'échauffourées, des "échanges de tirs" ont encore eu lieu dimanche soir dans le quartier Sabra, au surlendemain de l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, ont indiqué des témoins sous le couvert de l'anonymat, disant craindre pour leur sécurité.

"Environ 200 membres des forces de sécurité [du Hamas] étaient présents et ont combattu jusqu'à maîtriser complètement" leurs adversaires, a ainsi expliqué un riverain.

"Il y a eu des morts et des blessés parmi les membres de la famille [Doghmoush], mais aussi des martyrs parmi les forces de sécurité, et des blessés", a-t-il poursuivi.

Un autre voisin a livré une version similaire des faits, précisant que le calme était revenu dans le quartier vers 21h30 (18h30 GMT), et une source au sein du ministère de l'Intérieur de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, a reconnu qu'il y avait eu des morts dans les deux camps.

Accusant le clan Doghmoush d'être "affilié à l'occupation", c'est-à-dire Israël, et de plusieurs meurtres, la source du ministère a indiqué qu'une soixantaine de membres de la famille avaient été arrêtés.

Niant toute collaboration avec Israël, la famille a reconnu dans un communiqué que certains de ses membres avaient commis des "écarts", sans plus de précision, mais a également accusé les services de sécurité du Hamas d'avoir ciblé tous ses membres sans distinction.

Ces derniers jours, "il suffisait d'appartenir à la famille Doghmoush pour se faire tirer dans les jambes, se faire tuer, arrêter ou brûler sa maison", a dénoncé Abou al-Hassan Doghmoush, figure du clan, sur Facebook.

Lors de sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007, le Hamas s'est opposé par les armes à de nombreuses grandes familles, dont les Doghmoush.

Le ministère de l'Intérieur de Gaza a déclaré dimanche ouvrir une "période d'amnistie générale" pour les "membres de bandes criminelles" qui n'ont pas commis de meurtres au cours de la guerre.

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, vendredi, des journalistes de l'AFP ont vu des membres des forces de sécurité du Hamas déployés dans plusieurs villes de la bande de Gaza, sur des marchés ou sur des routes.


Israël: l'armée annonce que les quatre dépouilles d'otages rendues lundi ont été identifiées

Les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas ont été identifiées, parmi lesquelles celle de l'étudiant népalais Bipin Joshi et de trois Israliens, a annoncé mardi l'armée israélienne. (AFP)
Les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas ont été identifiées, parmi lesquelles celle de l'étudiant népalais Bipin Joshi et de trois Israliens, a annoncé mardi l'armée israélienne. (AFP)
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  • "A l'issue du processus d'identification [des quatre dépouilles] par l'Institut national de médecine légale, les représentants de l'armée ont informé les familles de Guy Illouz, Bipin Joshi, et de deux autres otages décédés"
  • L'armée souligne que "les conclusions finales [sur les causes des décès] seront déterminées après l'achèvement de l'examen des circonstances" par le centre de médecine médico-légale

JERUSALEM: Les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas ont été identifiées, parmi lesquelles celle de l'étudiant népalais Bipin Joshi et de trois Israliens, a annoncé mardi l'armée israélienne.

"A l'issue du processus d'identification [des quatre dépouilles] par l'Institut national de médecine légale, les représentants de l'armée ont informé les familles de Guy Illouz, Bipin Joshi, et de deux autres otages décédés, dont les noms n'ont pas encore été autorisés à être publiés par leurs familles, que leurs proches ont été ramenés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.

Guy Illouz avait été enlevé au festival de musique Nova, théâtre du plus grand massacre (plus de 370 morts) perpétré par les commandos du Hamas le 7 octobre 2023. Etudiant en agriculture, Bipin Joshi avait été enlevé au kibboutz Aloumim.

"Guy Illouz, 26 ans au moment de son décès, a été blessé et enlevé vivant par le mouvement islamiste Hamas. Il est décédé des suites de ses blessures après n'avoir pas reçu de soins médicaux appropriés pendant sa captivité par le Hamas", indique le communiqué de l'armée.

Bipin Joshi, 22 ans au moment de son "enlèvement dans un abri du kibboutz Aloumim par le Hamas, a été assassiné pendant sa captivité au cours des premiers mois de la guerre", selon l'armée. Il était le dernier otage non-Israélien captif à Gaza.

L'armée souligne que "les conclusions finales [sur les causes des décès] seront déterminées après l'achèvement de l'examen des circonstances" par le centre de médecine médico-légale.

"Malgré le chagrin [...] le retour de Guy et Bipin [...] ainsi que celui de deux autres otages décédés apporte un certain réconfort aux familles qui ont vécu dans l'incertitude et le doute pendant plus de deux ans", a indiqué dans un communiqué le Forum des familles d'otages, principale organisation israélienne militant pour la libération des otages retenus à Gaza.


Le président égyptien déclare que l'accord sur Gaza «ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité» au Moyen-Orient

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré lundi que l'accord sur Gaza "ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité" au Moyen-Orient. (AFP)
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré lundi que l'accord sur Gaza "ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité" au Moyen-Orient. (AFP)
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  • M. al-Sissi, qui a signé lundi une déclaration conjointe avec ses homologues garants de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, a déclaré qu'il s'agissait d'une "journée historique"
  • Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré lundi que l'accord sur Gaza "ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité" au Moyen-Orient

CHARM EL-CHEIKH: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré lundi que l'accord sur Gaza "ouvre une nouvelle ère de paix et de stabilité" au Moyen-Orient.

M. al-Sissi, qui a signé lundi une déclaration conjointe avec ses homologues garants de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, a déclaré qu'il s'agissait d'une "journée historique" pour la paix, jetant les fondations d’une solution à deux États.