L'ami de Poutine, Serguei Choïgou, menacé par la révolte de Wagner

Le président russe Vladimir Poutine, au centre, s'entretient avec le chef d'état-major général, le général Valery Gerasimov, à gauche, et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, après une réunion avec des officiers supérieurs à Moscou, en Russie, le mercredi 21 décembre 2022. (AP)
Le président russe Vladimir Poutine, au centre, s'entretient avec le chef d'état-major général, le général Valery Gerasimov, à gauche, et le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, après une réunion avec des officiers supérieurs à Moscou, en Russie, le mercredi 21 décembre 2022. (AP)
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Publié le Lundi 26 juin 2023

L'ami de Poutine, Serguei Choïgou, menacé par la révolte de Wagner

  • L'intenable patron de Wagner avait auparavant accusé Choïgou et le chef d'état-major des armées russe d'être responsable de la mort de «dizaines de milliers de Russes» en Ukraine et d'avoir «cédé des territoires à l'ennemi»
  • Choïgou est réduit à marmonner des rapports lors de rencontres avec Poutine, quand il n'est pas relégué dans un coin pendant que Poutine supervise une vidéoconférence

PARIS: Vladimir Poutine et Sergueï Choïgou ont pris ensemble des bains de soleil, torse nu dans la Sibérie lointaine, partagé des parties de pêche et joué dans la même équipe de hockey sur glace.

Le ministre russe de la Défense a longtemps été considéré non seulement comme un allié politique du président, mais aussi comme l'un de ses rares amis au sein de l'élite russe.

Toutefois, leurs relations et la longue carrière politique de Choïgou sont désormais confrontées à un défi considérable après la révolte menée par le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine.

Poutine a mis fin à la révolte après une médiation surprise menée par le président bélarusse Alexandre Loukachenko. Mais la position de Choïgou, qui a pour le moment disparu de la scène publique, est devenue particulièrement précaire.

Prigojine a réussi le tour de force de s'emparer du quartier général du commandement sud de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don, centre névralgique de l'invasion de l'Ukraine. Il a aussi accusé Choïgou de fuir "comme un lâche" et juré qu'il "serait arrêté".

L'intenable patron de Wagner avait auparavant accusé Choïgou et le chef d'état-major des armées russe, le général russe Valeri Guerassimov, d'être responsable de la mort de "dizaines de milliers de Russes" en Ukraine et d'avoir "cédé des territoires à l'ennemi".

«Grand perdant»

"Le grand gagnant de la soirée est Loukachenko et le grand perdant est Choïgou", résume Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe.

Avant même que n'éclate la révolte, vendredi soir, Choïgou avait subi une myriade d'attaques de Prigojine et portait comme un boulet l'incapacité des forces russes à progresser en Ukraine, 16 mois après le début de l'invasion.

Le 12 juin, une vidéo de Poutine et Choïgou assistant à une remise de médailles dans un hôpital militaire montrait le président russe lui tournant le dos avec un mépris apparent. Une cruelle disgrâce pour celui qui a poursuivi une carrière d'une longévité inégalée dans la Russie post-soviétique, et dont la présence au coeur du pouvoir à Moscou est antérieure à celle de Poutine.

Originaire de la région de Touva, dans le sud de la Sibérie, il fait partie des très rares Russes non-ethniques à avoir occupé un poste de haut niveau au sein du gouvernement après l'effondrement de l'URSS.

Il commence son ascension en 1994, comme ministre des situations d'urgence dans les premières années de la présidence de Boris Eltsine. Il devient une présence familière pour les Russes et l'un des politiciens les plus populaires du pays, courant à travers le pays pour gérer accidents d'avion et tremblements de terre.

Servant sous une douzaine de Premiers ministres, il occupe ce poste jusqu'en 2012, avant d'être nommé gouverneur de la région de Moscou, puis ministre de la Défense la même année.

«Au bord de l'effondrement»

Il est alors nommé général malgré son absence d'expérience militaire de haut niveau. Et supervise avec succès des opérations complexes, notamment l'intervention russe de 2015 en Syrie, qui maintient au pouvoir l'allié de Moscou Bachar al-Assad.

Pour son 65e anniversaire, Poutine lui fait le cadeau de l'une des plus hautes décorations de Russie, la médaille "Pour le mérite de la patrie", qui vient compléter un coffre déjà bien rempli de médailles.

Mais l'invasion désastreuse de l'Ukraine - avec laquelle le Kremlin espérait prendre Kiev en quelques semaines - a soulevé bien des questions.

"Prigojine voulait envoyer le message que Choïgou et Guerassimov devaient être licenciés parce qu'ils sont incompétents et qu'un changement de stratégie est nécessaire", explique à l'AFP Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES).

Il n'y a désormais plus de signe d'amitié virile entre lui et Poutine, ni de photos comme celle en 2017 des deux hommes torse nu, en train de bronzer près d'une rivière de la taïga sibérienne. Choïgou en est réduit à marmonner des rapports lors de rencontres avec le chef du Kremlin, quand il n'est pas relégué dans un coin pendant que Poutine supervise une vidéoconférence.

Les chaînes Telegram russophones ont même émis des spéculations sur son possible successeur, avançant comme favori le gouverneur de la région de Toula, Alexeï Dioumine, qui a occupé des postes de haut niveau dans l'armée et dans la sécurité présidentielle.

"Le groupe de Choïgou est sur le point de s'effondrer, et Sergei Choïgou lui-même, en disgrâce, va très probablement démissionner", assure Preemnik, une chaîne Telegram particulièrement suivie.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.