Ukraine: 12 morts à Kramatorsk, Biden qualifie Poutine de «paria»

Le président américain Joe Biden arrive à bord d'Air Force One à Joint Base Andrews dans le Maryland le 28 juin 2023 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden arrive à bord d'Air Force One à Joint Base Andrews dans le Maryland le 28 juin 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 29 juin 2023

Ukraine: 12 morts à Kramatorsk, Biden qualifie Poutine de «paria»

  • Le bilan de frappes russes qui ont détruit un restaurant de la ville ukrainienne de Kramatorsk est passé jeudi matin à douze morts et une soixantaine blessés
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une attaque «terroriste»

KRAMATORSK: Le bilan de frappes russes qui ont détruit un restaurant de la ville ukrainienne de Kramatorsk est passé jeudi matin à douze morts et une soixantaine blessés, le président américain Joe Biden qualifiant de "paria" le chef du Kremlin Vladimir Poutine dont l'armée assure qu'elle ne vise aucune cible civile en Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé une attaque "terroriste", et annoncé l'arrestation sur place d'un individu qui avait "coordonné" les tirs russes, dans son allocution quotidienne mercredi soir.

Dans cette grande ville de l'est du pays sous contrôle ukrainien où les frappes russes ont touché aussi des habitations, des commerces, un bureau de poste et d'autres bâtiments, "les corps de 11 personnes (dont 3 enfants) ont été sortis des décombres, 56 personnes ont été blessées (dont 1 enfant)", ont indiqué les services d'urgence sur Telegram. Sept personnes ont été dégagées vivantes.

Selon la police, la Russie a tiré deux missiles S-300 – des engins sol-air qu'elle utilise également pour des frappes terrestres – sur Kramatorsk, qui comptait 150 000 habitants avant la guerre, entrée dans son seizième mois.

"J'étais juste dans le quartier. Mon équipe et moi-même vaquions à nos occupations. Nous étions dans un appartement et nous avons entendu une explosion. J'avais un sac à dos médical avec moi, nous l'avons sorti et nous sommes partis", a raconté Galyna, une femme médecin militaire.

Elle dit notamment avoir dû secourir une victime qui "souffre d'une blessure ouverte à la tête : sa boîte crânienne est entrée dans sa matière cérébrale".

"Je n'ai pas eu le temps de regarder, j'ai dû agir", ajoute-t-elle.

Le président russe est désormais "un paria à travers la planète", a déclaré Joe Biden à Washington.

Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir frappé un "point de déploiement temporaire" de la 56e brigade d'infanterie mécanisée des forces armées ukrainiennes, et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que la Russie "ne frappe pas des infrastructures civiles".

La frappe a détruit le restaurant Ria Pizza, un établissement du centre ville apprécié des journalistes, travailleurs humanitaires et des soldats. Des médias ukrainiens ont évoqué la présence d'instructeurs militaires étrangers en ville.

Trois personnalités colombiennes, le célèbre écrivain Hector Abad, l'homme politique Sergio Jaramillo et la journaliste Catalina Gomez, correspondante en Ukraine de France 24, ont été légèrement blessées alors qu'ils dînaient dans le restaurant avec l'écrivaine ukrainienne Victoria Amelina, selon un communiqué.

Cette dernière, une romancière de 37 ans, "est quant à elle dans un état critique", ajoute le texte.

«Lourdes pertes»

Le président colombien Gustavo Petro a accusé la Russie de "violer" les lois de la guerre.

Une journaliste de l'AFP sur les lieux de la frappe a vu des ambulances, la police, des soldats et le maire de la ville près de ce restaurant, devant lequel s'était rassemblée une foule d'habitants.

Un chef cuisinier à l'uniforme couvert de poussière, Rouslan, 32 ans, a expliqué qu'il "y avait pas mal de monde" au moment de la frappe.

Important noeud ferroviaire et abritant des sites militaires, Kramatorsk est très régulièrement visée par des bombardements russes.

Le plus meurtrier a été celui de la gare, frappée en avril 2022, qui avait fait 61 morts et plus de 160 blessés quelques semaines après le début de l'invasion russe et au moment où une foule de civils tentaient de quitter la ville.

Dans le même temps, le commandant en chef des forces ukrainiennes Valery Zaloujny a assuré que cinq jours après la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner contre Moscou, la contre-offensive de Kiev suivait son cours et enregistrait des "progrès".

"L'ennemi oppose une forte résistance, mais dans le même temps subit de lourdes pertes", a-t-il déclaré dans un message Telegram après un appel téléphonique avec son homologue américain Mark Milley, alors que les effets sur la situation militaire et sur le pouvoir russe des événements des derniers jours en Russie sont au centre de toutes les interrogations.

Interrogé sur un éventuel affaiblissement de Vladimir Poutine, le président américain Joe Biden a répondu : "C'est difficile à dire, mais il perd clairement la guerre."

Quant aux effets déstabilisateurs de la rébellion de Wagner – dans le secret de laquelle était selon les sources du New York Times au moins un haut responsable militaire russe – "beaucoup de gens spéculent sur le fait que c'est terminé (ou pas), nous ne le savons pas non plus", a dit le chancelier allemand Olaf Scholz.

Il juge cependant que Vladimir Poutine, qui a affirmé mercredi n'avoir "pas douté" du soutien des Russes, sort "affaibli" de la crise.

Depuis Kiev où il se trouvait mercredi avec son homologue lituanien, le président polonais Andrzej Duda s'est lui inquiété du transfert, selon lui, au Bélarus de 8 000 combattants du groupe Wagner.

"Difficile pour nous d'exclure que la présence du groupe Wagner au Bélarus puisse constituer une menace", a-t-il déclaré.

Il a été rejoint par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, qui a mis en garde contre toute "menace" qu'engendrerait la présence de Wagner au Bélarus, frontalier avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, trois pays membres de l'Alliance.

Aux termes d'une négociation menée samedi par le président du Bélarus Alexandre Loukachenko, ce pays a proposé d'accueillir le patron de Wagner Evgueni Prigojine ainsi que des membres du groupe paramilitaire impliqués dans la rébellion.

M. Loukachenko a annoncé que le tempétueux patron de Wagner, qui s'était volatilisé depuis l'annonce de la fin de sa rébellion samedi soir, après 24 heures de chaos qui avaient vu ses hommes s'emparer de bases militaires et marcher sur Moscou avant de faire soudain volte-face, était arrivé mardi dans la république.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.