A Aix et Avignon, craintes et espoirs des artistes britanniques

Le chef d'orchestre britannique Sir Simon Rattle prononce un discours après avoir reçu la Croix fédérale du mérite (Bundesverdienstkreuz) des mains du président allemand, le 8 février 2022 au château de Bellevue à Berlin. (Photo STEFANIE LOOS / AFP
Le chef d'orchestre britannique Sir Simon Rattle prononce un discours après avoir reçu la Croix fédérale du mérite (Bundesverdienstkreuz) des mains du président allemand, le 8 février 2022 au château de Bellevue à Berlin. (Photo STEFANIE LOOS / AFP
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Publié le Samedi 01 juillet 2023

A Aix et Avignon, craintes et espoirs des artistes britanniques

  • Brexit, pandémie, inflation, soutien en baisse: les maux se sont accumulés pour la culture en Grande-Bretagne depuis quelques années
  • Pour Tim Etchells, qui présentera une pièce itinérante en français à Avignon, «le contexte général est plutôt précaire en raison du changement de priorités» du gouvernement britannique

PARIS : Parmi les nombreux artistes britanniques invités cette année au festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence et celui de théâtre à Avignon, certains s'inquiètent des baisses du financement culturel dans leur pays qui menacent, selon eux, orchestres et opéras.

Brexit, pandémie, inflation, soutien en baisse: les maux se sont accumulés pour la culture en Grande-Bretagne depuis quelques années. Et ces derniers mois, deux institutions majeures ont fait des annonces qui ont ébranlé le milieu artistique.

En octobre 2022, le Arts Council England (ACE) --qui finance les arts au niveau national grâce à des fonds du gouvernement et des produits de la loterie nationale-- a fait savoir que plusieurs structures culturelles à Londres allaient subir des coupes, le gouvernement lui ayant demandé de distribuer des millions de livres à d'autres villes.

Le English National Opera, deuxième compagnie lyrique, est le plus durement touché, avec le retrait de 12,6 millions de livres (14,6 millions d'euros) --avant de bénéficier d'un an de répit, et une éventuelle délocalisation hors de Londres.

Si d'autres opéras et orchestres ont également vu leurs aides diminuer, des structures hors Londres ont reçu davantage de fonds. Cette décision «profitera au public qui va à l'opéra pour la première fois», a justifié le ACE.

- «Période inquiétante» -

Premier employeur national pour la musique classique, la BBC --dont le gouvernement a gelé la redevance pendant deux ans, créant un trou massif dans ses finances-- a organisé un plan de départs volontaires visant 20% de l'effectif de ses trois orchestres anglais.

Le mastodonte médiatique avait également annoncé en mars la suppression des «BBC Singers», seul chœur permanent professionnel du pays... avant de se rétracter après une lettre ouverte de 700 compositeurs du monde.

«J'étais en choc et en colère», confie à l'AFP le compositeur George Benjamin qui s'apprête à présenter à Aix une création mondiale, «Picture a Day like this».

Dans un pays doté «de merveilleux orchestres et des compositeurs et des chanteurs de qualité (...) il s'agit d'une période triste et inquiétante», ajoute-t-il.

«J'ai peur qu'il y ait une fracture sévère, je n'ai jamais senti cela de ma vie», prévient le compositeur, dont deux opéras créés à Aix avaient rencontré un vif succès. «Si vous considérez les arts comme n'ayant aucune valeur, vous allez bien sûr baisser le soutien».

Pour Simon Rattle, maestro star qui vient diriger un opéra et un concert à Aix, «nous nous devons de rester optimistes, même si les arts traversent une période difficile en Grande-Bretagne».

«Souvent, la première chose à laquelle on pense en politique, c'est de couper... ce sont des moments aberrants et tragiques... On espère continuer à voir de l'art, de la culture quand on sortira de tout ça», dit-il.

Pour Tim Etchells, qui présentera une pièce itinérante en français à Avignon, «le contexte général est plutôt précaire en raison du changement de priorités» du gouvernement.

«Le gros problème est qu'il n'y a pas assez d'argent donné aux arts; et même s'il y a une volonté de transférer des fonds plus aux régions nord, ce n'est vraiment pas nécessaire de jouer les régions les unes contre les autres», dit le metteur en scène.

Le metteur en scène Tim Crouch, qui présente deux pièces à Avignon, s'inquiète de l'augmentation de prix de billets dans le West End à Londres où sont concentrés de nombreux théâtres. «Il y a beaucoup de petits lieux qui ferment», regrette-t-il.

L'agacement ne se limite pas aux artistes classiques.

«Pourquoi pensez-vous que je passe beaucoup de temps (en France)?», affirme à l'AFP Damon Albarn, du groupe Blur, qu'il a reformé. «C'est le seul endroit où je peux obtenir une commande pour faire un opéra autour de Goethe», qui sera créé en 2024 au Lido2Paris.

«La dernière fois que j'ai tenté quelque chose en Angleterre, c'était au National Theatre et j'ai fini par être harcelé pour faire un spectacle de Noël pour des +raisons commerciales+».


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.