Nanterre: La cagnotte pour le policier initiée par «l'extrême droite» ne «contribue pas à l'apaisement», dit Borne

La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Nanterre: La cagnotte pour le policier initiée par «l'extrême droite» ne «contribue pas à l'apaisement», dit Borne

  • Gofundme a assuré que la cagnotte était «conforme» à ses règles car les fonds «seront versés directement à la famille en question»
  • Une cagnotte de soutien à la famille de Nahel a quant à elle été créée sur Leetchi

PARIS: Le fait que la cagnotte de soutien à la famille du policier auteur du tir qui a tué le jeune Nahel, mardi à Nanterre, a été lancée "par une personne proche de l'extrême droite" ne "contribue pas" à "l'apaisement", a jugé lundi Elisabeth Borne.

"Le fait qu'effectivement ce soit une personne proche de l'extrême droite qui a lancé cette cagnotte ne contribue pas sans doute à apporter l'apaisement", a déclaré la Première ministre à la sortie d'une réunion avec l'ensemble des groupes politiques pour échanger sur ce drame et les émeutes qui ont suivi.

Elle a ajouté que ce serait à la justice de se prononcer "le cas échéant" sur la légalité de cette cagnotte, mais que "ça n’est pas le gouvernement qui peut décider ou non de (son) existence".

"Soutien pour la famille du policier de Nanterre, Florian M. qui a fait son travail et qui paie aujourd'hui le prix fort", dit le texte accompagnant la cagnotte, créée par l'ancien porte-parole de la campagne du candidat d'extrême droite Eric Zemmour, Jean Messiha.

Borne réunit les groupes politiques pour échanger sur des «propositions»

Elisabeth Borne a réuni vendredi matin à Matignon plusieurs ministres pour faire le point après une troisième nuit de violences dans plusieurs villes en France, dénonçant dans un tweet des actes "insupportables et inexcusables".

"Ce matin à Matignon avec les ministres pour faire le point sur les violences et exactions de la nuit. Les actes commis sont insupportables et inexcusables", a écrit la Première ministre, qui était entourée de quatre ministres: Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupond-Moretti (Justice), Christophe Béchu (Transition écologique et territoires) et Olivier Klein (Logement et villes).

Elisabeth Borne a également exprimé son "soutien et (sa) confiance renouvelés aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui assurent leur mission avec courage".

La cheffe du gouvernement devait présider en fin de matinée une réunion sur la politique de la ville et des quartiers dits sensibles ou "prioritaires", particulièrement touchés par les violences de ces dernières nuits, qui font suite à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.

Cette cagnotte recueillait lundi plus d'un million d'euros, quatre jours après son lancement.

Sa création et son succès ont provoqué l'indignation de la classe politique à gauche, la députée LFI du Val-de-Marne Clémence Guetté dénonçant sur Twitter une "indécence et horreur absolue". "Le message ? Cela rapporte de tuer un jeune arabe", a de son côté réagi l'eurodéputée Manon Aubry, demandant sa suppression. Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a évoqué une "cagnotte de la honte".

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Gofundme a assuré que la cagnotte était "conforme" à ses règles car les fonds "seront versés directement à la famille en question".

Une cagnotte de soutien à la famille de Nahel a quant à elle été créée sur Leetchi et atteignait lundi à 14h00 un peu moins de 200.000 euros.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.