Emeutes en France: Les violences retombent, le gouvernement à l'heure du bilan

Ces émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué d'un tir à bout portant par un motard de la police (Photo, AFP).
Ces émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué d'un tir à bout portant par un motard de la police (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Emeutes en France: Les violences retombent, le gouvernement à l'heure du bilan

  • Dans la nuit, Emmanuel Macron a rendu hommage dans un tweet aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers
  • Le nombre d'interpellations lors d'émeutes en région parisienne a baissé lundi soir, comme lors des nuits précédentes

PARIS: La désescalade semble se confirmer en France sur le front des violences urbaines, à la veille d'une reprise en main politique où Emmanuel Macron doit recevoir mardi les maires de quelque 220 communes "victimes d'exactions" à travers tout le pays.

Avec cette consultation des élus locaux, le président français "souhaite débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", a indiqué la présidence.

Dans la nuit, le chef de l'État a rendu hommage dans un tweet aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers, leur disant "merci pour (leur) mobilisation exceptionnelle ces dernières nuits".

Auparavant, la journée de lundi a été marquée par de nombreux rassemblements à travers la France en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, au lendemain de l'attaque à la voiture-bélier contre son domicile dans cette ville de la banlieue sud de Paris.

Premier déplacement depuis le début de la crise, Emmanuel Macron s'est rendu en milieu de soirée avec son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la caserne Bessières, dans le XVIIe arrondissement de la capitale, qui accueille les effectifs de la BAC (Brigade anti-criminalité) de nuit et de compagnies départementales d'intervention.

Dans la foulée, après minuit, il est allé à la préfecture de police de Paris, pour de nouveaux échanges, a précisé la présidence.

Le gouvernement a demandé de maintenir "une présence massive" sur "le terrain", "pour conforter le retour au calme et à l'ordre", a fait savoir son entourage à l'AFP.

Le dispositif nocturne des jours précédents, soit un effectif maximal de 45.000 policiers et gendarmes, a ainsi été maintenu dans la nuit de lundi à mardi, sans incidents majeurs recensés dans la soirée.

Le nombre d'interpellations dans la région parisienne a baissé lundi soir, comme lors des nuits précédentes : 17 en milieu de nuit contre une quarantaine la veille et plus de 400 jeudi.

«J'ai pas réfléchi»

Ces émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué d'un tir à bout portant par un motard de la police, à la suite d'un refus d'obtempérer à Nanterre. La scène a été capturée par une vidéo amateur.

Selon les chiffres transmis à l'AFP par le ministère de la Justice, depuis vendredi 3.915 personnes ont été interpellées (dont 1.244 mineurs) donnant lieu à 374 comparutions immédiates.

Les principales organisations patronales françaises ont appelé lundi le gouvernement à mettre en place des mesures de soutien en faveur des commerçants et entrepreneurs affectés, notamment un "fond de secours" pour "ceux qui ont tout perdu".

Les dégâts sont estimés à un milliard d'euros par le Medef, la principale organisation patronale du pays.

"Sans compter les dégâts au niveau du tourisme. Les vidéos des émeutes, qui ont circulé dans le monde, dégradent l'image de la France", a déclaré son président Geoffroy Roux de Bézieux dans le quotidien Le Parisien.

Et en Ile-de-France (la région de Paris), l'heure est aussi au premier bilan : les émeutes ont causé "au moins 20 millions d'euros de dégâts" pour les transports publics, des bus brûlés au mobilier urbain cassé, selon une première estimation d'Ile-de-France Mobilités, l'opérateur des transports publics.

Cagnotte polémique 

Du côté de l'enquête, le troisième occupant de la voiture conduite par le jeune Nahel, dont la mort causée par le tir d'un policier a suscité une vague de violences urbaines dans tout le pays, a été entendu lundi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices), a appris l'AFP de source proche du dossier.

Recherché depuis les faits, cet homme s'est présenté de lui-même à 11H00 devant l'IGPN.

Le policier, auteur du tir qui a tué Nahel, a lui été inculpé pour homicide volontaire et est toujours écroué.

Une cagnotte de soutien à l'agent, a dépassé lundi sur internet le million d'euros, soulevant l'indignation d'élus de gauche.

La Première ministre a estimé qu'elle ne "contribue pas à l'apaisement" et ajouté que ce serait à la justice de se prononcer "le cas échéant" sur la légalité de cette caisse de solidarité.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.