Emeutes urbaines: Le «ras-le-bol» des jeunes de Croix-de-Neyrat

Cette photographie prise le 29 juin 2023 à Clamart, au sud-ouest de Paris, montre un tramway incendié suite aux violences et manifestations en banlieue (Photo, AFP).
Cette photographie prise le 29 juin 2023 à Clamart, au sud-ouest de Paris, montre un tramway incendié suite aux violences et manifestations en banlieue (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Emeutes urbaines: Le «ras-le-bol» des jeunes de Croix-de-Neyrat

  • Dans la nuit de vendredi à samedi, la maison de quartier et l'école maternelle voisine ont été incendiées et vandalisées
  • Un bus a été carbonisé sur le parking du centre commercial de Croix-de-Neyrat

CLERMONT-FERRAND: "Quand tu es un habitant du quartier, tu es coupable et tu dois prouver que tu ne l’es pas. On ne devrait pas avoir à prouver notre innocence !": Mohamed, 27 ans, vit avec ressentiment ce que traverse sa cité à Clermont-Ferrand, touchée comme d'autres par des violences après la mort de Nahel à Nanterre.

Ce chauffeur-livreur voit les récentes flambées comme l'expression d'un "ras-le bol". Comme ses amis, il a grandi à Croix-de-Neyrat, un ensemble de tours construit dans les années 60 sur des terrains viticoles situés au nord de la ville industrielle. Et, comme d'autres dans le quartier, il accuse des jeune venus de l'extérieur de saccages commis la semaine dernière.

Dans la nuit de vendredi à samedi, la maison de quartier et l'école maternelle voisine ont été incendiées et vandalisées. Un bus a été carbonisé sur le parking du centre commercial de Croix-de-Neyrat.

Le bitume brûlé à plusieurs endroits sur une des rues principales, la façade noircie de la maison de quartier, ses fenêtres cassées, son toit en partie éventré et carbonisé, témoignent de la flambée soudaine qui a embrasé le pays, après la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre.

"C’est un problème plus profond, c’était une étincelle, un ras-le-bol, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", explique Mohamed qui, comme beaucoup ici, refuse de donner son nom. "On a toujours été délaissés. Les gens ne viennent que quand il y a des problèmes", ajoute-t-il, blasé par le traitement médiatique de l'affaire et très méfiant vis-à-vis des journalistes.

Non loin, des parents d’élèves discutent avec une institutrice, à l'entrée de l’école maternelle saccagée. "Tout ce qui est dans le bureau de la directrice a pris feu, les ordinateurs ont tous brûlé", explique-t-elle au groupe, alors que des rires d’enfants fusent de la cour de récréation de l'école primaire voisine.

Selon elle, "ce ne sont pas des gens du quartier qui ont fait ça, quel intérêt ? Ils sont les premiers pénalisés".

Porter plainte, «à quoi bon ?»

"C’était choquant. On regardait les jeunes faire. Ils étaient cagoulés", détaille Fabrice, 19 ans, rencontré avec un groupe d'amis, posés plus bas sur des marches à l’entrée du quartier, à proximité de riverains installés à l'ombre sur des bancs, au pied des tours.

"Ce ne sont pas des jeunes de chez nous qui les ont brûlés", certifie Karim, un livreur de 22 ans, assis sur son scooter.

"J’étais dehors pour essayer de calmer les jeunes parce qu’on a grandi dans cette maison de quartier et je n’ai reconnu aucun jeune d’ici", assure Bilal, un éducateur d'une vingtaine d'années. "Ça a fait mal au coeur aux personnes du quartier de la voir flamber".

Toute la jeunesse de Croix-de-Neyrat fréquente ce lieu même si beaucoup déplorent le manque de moyens. C'est là que, depuis quatre ans, s'organise la "Coupe d'Afrique des Nations" des quartiers qui réunit des milliers de personnes. La dernière compétition s'est tenue début juin, elle s'était muée en "Coupe du monde" en 2022.

Ce lundi, l'éducateur Bilal accompagne un adolescent de 16 ans, très discret pendant la conversation. Une béquille à la main, le mollet recousu, quatorze points de suture, il "remarche pour la première fois" depuis deux semaines.

"J’ai eu peur pendant un contrôle d’identité, je n'avais pas mes papiers, j’ai essayé de partir en courant, j’ai grimpé une rambarde, ils (les policiers) m'ont tiré en arrière pour me ramener vers eux et je me suis déchiré le mollet", explique-t-il. Ses poursuivants l'ont laissé au sol: "J’ai dû appeler mes collègues, ils m'ont fait un garrot et ont appelé les secours".

Porter plainte, "à quoi bon ?", dit l'adolescent qui refuse de donner son nom, de peur des conséquences.

"On exprime notre colère, on n’est pas contents. Quand on voit la cagnotte d’un policier à presque un million d’euros, on se dit qu’il s’enrichit sur un meurtre", s'indigne Bilal. "Je suis contre toutes ces émeutes mais je peux comprendre la colère de ces jeunes."


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.