Véran souligne les profils variés des émeutiers

Le porte-parole du gouvernement français Olivier Veran s'adresse aux médias après la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée présidentielle à Paris, le 5 juillet 2023. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
Le porte-parole du gouvernement français Olivier Veran s'adresse aux médias après la réunion hebdomadaire du cabinet à l'Elysée présidentielle à Paris, le 5 juillet 2023. (Photo JULIEN DE ROSA / AFP)
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Véran souligne les profils variés des émeutiers

  • "Plus de 4.000 personnes, jeunes pour l'essentiel, ont été, sont ou seront traduites devant la justice et cela va nous permettre de saisir à qui nous avons à faire"
  • "Pourquoi dans certains endroits, c'est des jeunes issus de l'immigration, dans d'autres pas du tout", "ce sont des jeunes qui sont connus des services (...) et dans la plupart des endroits pas du tout"

PARIS: Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a mis en exergue jeudi les profils variés des émeutiers d'une ville à l'autre, à l'instar du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait récusé "l'explication seulement identitaire" des violences de la semaine, à la différence de certains élus de droite ou d'extrême droite.

"Plus de 4.000 personnes, jeunes pour l'essentiel, ont été, sont ou seront traduites devant la justice et cela va nous permettre de saisir à qui nous avons à faire", a souligné sur LCI le ministre, en insistant sur l'importance du travail de "compréhension en profondeur" demandé par le président Emmanuel Macron.

"Il y a des choses que nous n'expliquons pas aujourd'hui. Pourquoi dans une ville qui a 5 ou 6 quartiers populaires, il y en a deux qui se sont enflammés et d'autres pas, pourquoi dans des villes qui n'ont pas de quartiers populaires, qui ont toujours été très calmes, il y a eu des violences", a-t-il développé.

"Pourquoi dans certains endroits, c'est des jeunes issus de l'immigration, dans d'autres pas du tout", "ce sont des jeunes qui sont connus des services (...) et dans la plupart des endroits pas du tout", a-t-il poursuivi.
 

L'origine des émeutes «pas un problème social», estime Marine Le Pen

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale Marine Le Pen a estimé jeudi que les émeutes qui ont secoué la France pendant plusieurs jours ne viennent pas d'"un problème social" ou d'"un problème de pauvreté".

"Ca n'est pas la misère qui est à l'origine de ces émeutes", a affirmé l'ancienne candidate à la présidentielle sur le plateau de France2.

"Le problème n'est pas un problème social, ça n'est pas un problème de pauvreté", a-t-elle expliqué, jugeant que "des milliers de gens modestes dans notre pays, voire même des centaines de milliers, éduquent correctement leurs enfants".

La question de la responsabilité des parents a été soulevée par le président Emmanuel Macron la semaine dernière puis relancée lorsque le chef de l'État a évoqué lundi la possibilité de sanctionner financièrement les parents de mineurs participant aux émeutes.

"Évidemment que c'est un vrai levier", a abondé Marine Le Pen, souhaitant que "les parents qui ne remplissent pas leurs obligations sachent que la solidarité nationale va s'arrêter si leurs enfants commettent des délits aussi graves que ceux qui ont été commis".

Pour elle, cela ne risque pas de pénaliser notamment les femmes élevant seules leurs enfants. "Des centaines de milliers de mères isolées élèvent leurs enfants et ils ne sont pas tous des délinquants", a-t-elle résumé.

Elle a souhaité une application plus rigoureuse du code pénal qui prévoit une peine de deux ans de prison notamment pour manquements aux obligations éducatives.

"Dans les quartiers difficiles, il y a beaucoup plus d'argent public qui se déverse que dans nos campagnes isolées. Et pourtant dans nos campagnes isolées, il n'y a pas ce genre de phénomène", a-t-elle poursuivi, y voyant un lien entre immigration et délinquance.

Le "problème d'immigration", selon elle, "entraîne dans l'esprit d'un certain nombre de personnes une forme de sécession avec la société française". "Il faut regarder la réalité en face, calmement et simplement", a-t-elle lancé en direction du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui a assuré mercredi devant le Sénat que seuls 10% des interpellés pendant les cinq nuits d'émeutes étaient étrangers.

"Il ne ment pas, bien sûr, mais il sait très bien qu'il y a une ultra-majorité de personnes qui ont participé à ces émeutes qui sont étrangers ou qui sont d'origine étrangère", a-t-elle insisté.

Audition au Sénat

Lors d'une audition mercredi au Sénat, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré que "l'explication seulement identitaire (lui) paraît très erronée". Après avoir fait "une quinzaine de commissariats en quatre jours", il a constaté que parmi les personnes gardées à vue, "il y a des gens qui apparemment pourraient être issus de l'immigration. Mais il y a eu beaucoup de Kévin et de Mattéo".

Le porte-parole du gouvernement a insisté sur le travail en cours d'un "ensemble de professionnels" pour "qu'on puisse identifier des facteurs communs, s'il y en a", à ces émeutiers.

"Je pense qu'il y en a", a-t-il ajouté, en pointant la question de l'éducation, mais aussi celle des jeux vidéos. Il a cité l'exemple de "GTA, pourtant interdit aux moins de 18 ans, où vous devez écraser des piétons avec les voitures, tirer pour tuer des policiers ou des pompiers ou la population civile (...) ça peut avoir un impact", a critiqué le ministre.


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.