En Pologne, les soldats français forment de discrets combattants ukrainiens

Un militaire français (à droite) monte la garde alors que des militaires français participent à un exercice militaire pour former des militaires ukrainiens, avant leur départ vers la ligne de front ukrainienne, dans un camp militaire en Pologne, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
Un militaire français (à droite) monte la garde alors que des militaires français participent à un exercice militaire pour former des militaires ukrainiens, avant leur départ vers la ligne de front ukrainienne, dans un camp militaire en Pologne, le 10 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

En Pologne, les soldats français forment de discrets combattants ukrainiens

  • Quelque 200 militaires français, dont 120 formateurs, sont déployés depuis février sur ce camp polonais, dont la localisation doit rester secrète pour des raisons de sécurité
  • En quelques mois, la France a déjà formé 1 600 soldats ukrainiens en Pologne dans le cadre de la mission d’assistance à l’Ukraine de l’Union européenne

SUR UN CAMP MILITAIRE EN POLOGNE: Dans un décor urbain fait d'immeubles en briques aux fenêtres brisées, des instructeurs français évoluent en petits groupes, couverts par des snipers sur les toits. Devant eux, une vingtaine de militaires ukrainiens observent la manoeuvre. Venus en Pologne pour être formés, ils partiront bientôt au combat.

Quelque 200 militaires français, dont 120 formateurs, sont déployés depuis février sur ce camp polonais, dont la localisation doit rester secrète pour des raisons de sécurité.

"Avec nos camarades polonais nous avons la responsabilité de former des bataillons d'infanterie ukrainiens sur une durée de 4 à 5 semaines", soit environ 500 hommes par mois, explique le colonel Benoit.

"Les délais sont très restreints pour tenir compte du besoin de l'armée ukrainienne de disposer rapidement d'unités au combat, mais on arrive à des résultats tout à faut corrects", commente l'officier.

En quelques mois, la France a déjà formé 1 600 soldats ukrainiens en Pologne dans le cadre de la mission d’assistance à l’Ukraine de l’Union européenne (EUMAM), qui s'ajoutent aux 3 600 formés sur son propre territoire depuis 2022.

Toutes les facettes du combat interarmes sont abordées ici: combat d'infanterie, éclairage, assaut, appui artillerie, déminage, combat en milieu urbain... Des domaines dans lesquels l'armée française a accumulé une robuste expérience, de l'Afghanistan au Sahel.

Les Français sont aussi venus avec une trentaine de véhicules de l'avant-blindé (VAB), destinés à être cédés à Kiev. En attendant, ils servent à former les équipages ukrainiens qui les utiliseront demain sur le champ de bataille.

Le secourisme au combat fait également partie des modules, alors que l'Ukraine essuie de lourdes pertes humaines dans les combats contre les Russes. "Il est bien, ton garrot", commente un instructeur français en regardant un Ukrainien prodiguer des soins d'urgence à un camarade faussement blessé, la cuisse maculée de sang. Un interprète traduit la conversation.

Plus loin, de puissantes déflagrations retentissent tandis qu'un petit groupe de militaires part à l'assaut d'un immeuble éventré. Partout, des dizaines de douilles jonchent les pavés.

Patch jaune et bleu sur le bras, les soldats ukrainiens sont concentrés et peu bavards. La troupe compte des soldats dans la force de l'âge, aux gestes sûrs, d'autres sont bien plus jeunes et n'ont pas encore connu le feu.

«Syndromes post-traumatiques»

"Je suis venu ici pour améliorer les performances de mes militaires ayant déjà de l'expérience, et pour former ceux qui n'ont pas connu le combat, ce qui est le cas de la majorité d'entre eux. C'est très important car ils devront aller se battre", témoigne un officier ukrainien en tenue camouflage, les yeux cachés par des lunettes de soleil balistiques, qui consent à répondre sous réserve de strict anonymat.

"Certains ont de l'expérience mais ne s'étendent pas dessus", témoigne le capitaine français Joseph. "De manière générale, on échange énormément sur les techniques. Mais ils nous parlent assez peu de l'avant et de l'après".

Une fois la journée terminée, Français et Ukrainiens regagnent leurs quartiers respectifs et ne se mélangent pas.

"J'ai dit aux gars qui sont partis former les Ukrainiens: 'faites attention, ne créez pas des liens trop personnels'", raconte un officier français. "Certains amis baltes avaient créé des relations extrêmement étroites avec les Ukrainiens" or une grande proportion de ces soldats, déployés par la suite dans la région de Bakhmout, "ne répondaient plus aux whatsapp et aux échanges. Cela a généré des syndromes post-traumatiques" chez les formateurs.

Sur un plan militaire, "cette mission est très intéressante pour nos instructeurs", souligne à l'AFP le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill. "Il est valorisant pour eux de former les Ukrainiens, qui en retour nous apprennent des choses. La confiance s'installant, des échanges peuvent avoir lieu sur l'utilisation des drones ou les tactiques qu’ils ont observées" chez les Russes, explique-t-il.

Cette formation est un des volets du soutien français à Kiev: cession d'équipements, maintenance et pièces détachées, et soutien financier. Au total, l'aide française s'élève à 1,46 milliards d'euros, plaçant Paris au 11e rang des nations soutenant l'Ukraine, selon l'Institut d'économie mondiale de Kiel (IfW).

"On va continuer à vous aider. Nous allons aller au sommet de l'OTAN à Vilnius (mardi et mercredi, ndr) et nous assurer de la solidarité des alliés sur la durée", a promis en Pologne le ministre français des armées Sébastien Lecornu devant les troupes ukrainiennes, qui se battent "aussi pour nous, pour le respect du droit international et nos valeurs".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.