L'emprise croissante des fonds d'investissement inquiète le monde de la santé

"10 à 15% des cabinets de radiologie sont désormais dans les mains d'acteurs financiers". (Photo, AFP)
"10 à 15% des cabinets de radiologie sont désormais dans les mains d'acteurs financiers". (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

L'emprise croissante des fonds d'investissement inquiète le monde de la santé

  • Le rachat de laboratoires, cabinets et autres lieux de soin par des fonds d'investissements est une « tendance de fond qu'il faut mieux comprendre et réguler»
  • Les pouvoirs publics ont notamment en tête le bras de fer engagé à l'automne avec les laboratoires de biologie, dont 60% au moins de l'activité est désormais contrôlée par six grands acteurs

PARIS: Hier les laboratoires de biologie, aujourd'hui les cabinets de radiologie, et peut-être demain les centres de santé: l'emprise croissante des fonds d'investissements sur le système de santé inquiète le monde de la santé.

La Sécurité sociale a choisi de consacrer à la "financiarisation de l'offre de soins" plusieurs pages de son rapport "Charges et produits" 2023, un volumineux rapport annuel qui passe au crible le système de soin français.

Le rachat de laboratoires, cabinets et autres lieux de soin par des fonds d'investissements est une "tendance de fond qu'il faut mieux comprendre et réguler", écrit-elle, en réclamant notamment de muscler la "transparence" de ces opérations, face au secret des affaires.

"Nous sommes face à un phénomène de financiarisation qui se diffuse, dans de nouveaux domaines comme celui de la radiologie, et pose question", a résumé le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, dans un entretien aux Echos lundi.

Les pouvoirs publics ont notamment en tête le bras de fer engagé à l'automne avec les laboratoires de biologie, dont 60% au moins de l'activité est désormais contrôlée par six grands acteurs, après une vague sans précédent de concentration pendant la décennie 2010-2020.

"Quand l'Assurance Maladie a voulu baisser les tarifs des biologistes, le fait que les laboratoires soient aujourd'hui détenus par des fonds d'investissement avec des logiques claires de spéculation a rendu les discussions très compliquées, avec des menaces de fermetures de sites par exemple et de remise en cause du service rendu aux assurés", a expliqué M. Fatôme.

Jean-Philippe Masson, le président de la fédération nationale des médecins radiologues, se félicite de cette méfiance accrue vis-à-vis des fonds d'investissement.

"10 à 15% des cabinets de radiologie sont désormais dans les mains d'acteurs financiers. Il faut que cela s'arrête", déclare-t-il à l'AFP.

Garde-fous contournés

Une fois qu'ils ont pris la main sur les cabinets de radiologie, ces fonds financiers imposent des exigences de gestion contradictoires avec le bon fonctionnement du système de soin, selon lui.

"Certains cabinets se voient demander de multiplier certains examens qui sont mieux rémunérés, au détriment d'autres qui le sont moins", poursuit Jean-Philippe Masson. "Les fonds financiers imposent des objectifs de croissance du chiffre d'affaire de 5% aux cabinets, alors que la croissance moyenne du secteur n'est actuellement que de 1 à 2% au grand maximum".

La loi a prévu des garde-fous pour que les médecins, biologistes, radiologues ou autres spécialistes conservent le contrôle des structures qu'ils dirigent.

Mais les investisseurs financiers ont su trouver des astuces pour contourner ces garde-fous, expliquent de nombreux experts.

"Il est possible" aux fonds "d'octroyer 75% des droits de vote à des praticiens mais de conserver la quasi-totalité des droits financiers et d'exercer de fait le contrôle des groupes", souligne la Sécurité sociale dans son rapport "charges et produits".

"J'attends avec impatience" les décrets d'application d'une ordonnance gouvernementale de février 2022 sur les professions libérales réglementées, qui devrait contraindre à la transparence les groupes financiers sur leurs rapports avec les médecins co-actionnaires, déclare de son côté M. Masson.

Patrick Gasser, le président du syndicat de médecins Avenir Spé, se réjouit de la prise de conscience récente sur l'emprise des fonds d'investissement, après notamment le scandale Orpea, le  groupe privé de maisons de retraites et de maisons de santé.

"Mais il n'y a pas que des investissement pourris", relève-t-il.

Le monde de la santé "a besoin d'investissement extérieurs, mais durables", poursuit-il. Ne serait-ce que pour aider les jeunes médecins à racheter les structures mises en place par leurs ainés.

Une décision du Conseil d'Etat rendue publique lundi peut en tout cas donner espoir aux tenants d'une santé non financiarisée.

La haute juridiction administrative a estimé que l'ordre des vétérinaires --profession réglementée, comme les médecins-- avait eu raison de radier des praticiens dont les centres étaient en réalité contrôlés par des partenaires financiers comme des fonds d'investissement, ou par des professionnels n'y exerçant aucune activité.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.