Chypre: sur «l'île aux chats», une maladie décime la population féline

Le vétérinaire Kostis Larkou s'occupe d'un chat souffrant de péritonite infectieuse féline (PIF), à la clinique de Nicosie, le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
Le vétérinaire Kostis Larkou s'occupe d'un chat souffrant de péritonite infectieuse féline (PIF), à la clinique de Nicosie, le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

Chypre: sur «l'île aux chats», une maladie décime la population féline

  • La PIF présente des symptômes polymorphes: fièvre, gonflement de l'abdomen, faiblesse et parfois même agressivité
  • La PIF touche plusieurs grandes villes de Chypre, pays membre de l'Union européenne qui est divisé depuis l'invasion de la partie nord par la Turquie en 1974

NICOSIE: "Nous avons perdu 300 000 chats depuis janvier": la mutation d'un coronavirus félin fait des ravages sur l'île méditerranéenne de Chypre, les défenseurs des animaux comme Dinos Ayiomamitis exhortant le gouvernement à prendre des mesures pour endiguer l'épidémie.

"Bébé" est un chaton de six mois qui vient d'arriver dans une clinique vétérinaire de Nicosie, la capitale. Il est atteint de péritonite infectieuse féline (PIF).

Ce virus "provient d'une mutation de coronavirus intestinal présent chez 90% des chats", qui est "très contagieuse" entre eux mais qui ne se transmet pas aux humains, explique le vétérinaire Kostis Larkou, en manipulant l'animal visiblement désorienté.

La PIF présente des symptômes polymorphes: fièvre, gonflement de l'abdomen, faiblesse et parfois même agressivité.

Selon des spécialistes, la population féline, composée en grande majorité de chats errants, dépasserait le nombre d'habitants sur l'île, estimé à un peu plus d'un million.

Chypre et les chats, c'est une vieille histoire: les ossements d'un de ces animaux découverts près de restes humains dans une sépulture vieille de plus de 9 000 ans sont d'ailleurs la preuve la plus ancienne de sa domestication dans le monde.

Marché noir

Dinos Ayiomamitis, président de "Cats PAWS Cyprus" et vice-président de "Cyprus voice for Animals" (CVA), estime qu'au moins 300 000 chats sont déjà morts de la maladie en six mois.

Depuis 25 ans, il nourrit une soixantaine de félins dans un cimetière de Nicosie. "La colonie va bien, mais nous sommes inquiets, car si un seul est infecté, les autres le seront aussi", confie ce retraité de 70 ans, près de chats qui sautillent sur le marbre des tombes.

La PIF touche plusieurs grandes villes de Chypre, pays membre de l'Union européenne qui est divisé depuis l'invasion de la partie nord par la Turquie en 1974.

Cette épizootie toucherait aussi des pays proches comme le Liban, Israël et la Turquie, mais faute d'études, "rien ne permet de l'affirmer", indique Demetris Epaminondas, vice-président de l'Association vétérinaire panchypriote, qui regroupe les professionnels du secteur sur l'île.

Officiellement, seuls 107 cas ont été recensés dans la partie sud de l'île, chypriote-grecque, d'après les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture. Un nombre qui ne reflète pas la réalité, plusieurs praticiens témoignant de la difficulté à diagnostiquer la maladie et d'un manque de ressources pour le faire.

D'autant plus que lorsque les chats sont malades, en général, ils s'isolent et meurent seuls. Plusieurs personnes nourrissant des chats ont confié à l'AFP qu'ils disparaissaient et que très peu de cadavres étaient découverts.

Pour endiguer cette épidémie, deux options ont été considérées: l'utilisation d'un médicament approuvé pour le coronavirus humain en Inde, le molnupiravir, et un médicament antiviral vétérinaire approuvé en Angleterre, appelé "GS-441524".

Seule l'importation du GS a été autorisée à Chypre, mais elle est soumise à des restrictions, sans compter le prix rédhibitoire du traitement qui peut varier de 3 000 à 7 000 euros par chat. Résultat: il n'y a pas de stock de médicaments sur l'île.

Certains doivent alors recourir à des méthodes clandestines.

"Nous achetons nos médicaments sur le marché noir en ligne, ou sur des groupes Facebook. Nous gardons nos fournisseurs secrets pour pouvoir continuer à soigner nos animaux", confie une Chypriote sous couvert d'anonymat, craignant d'avoir des ennuis.

«L'île aux chats morts»

Depuis des semaines, M. Epaminondas essaie d'obtenir du gouvernement l'autorisation du molnupiravir, un traitement qui coûterait environ 200 euros par chat.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Agriculture a assuré examiner "les moyens possibles de traiter la question" via "diverses préparations thérapeutiques disponibles sur le marché de l'Union européenne".

Vasiliki Mani, une Chypriote de 38 ans membre de plusieurs associations de défense des animaux, réclame une solution rapide. En janvier, elle a soigné deux chats errants de la PIF, ce qui lui a coûté 3 600 euros.

"J'ai dépensé toutes mes économies", déclare la bénévole, estimant que les animaux à Chypre étaient traités avec "négligence et cruauté".

Si la PIF continue à muter, "l'île aux chats" deviendra "l'île aux chats morts", avertit-elle.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.