Luigi Di Maio à Arab News: « La nomination du représentant de l'UE pour le Golfe illustre l'ambition de travailler ensemble »

Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, est interviewé par la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Nour Nougali, jeudi à Riyad. (Photo AN/Abdelrahmane Alchuhub).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, est interviewé par la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Nour Nougali, jeudi à Riyad. (Photo AN/Abdelrahmane Alchuhub).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, interviewé par Arab News (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, interviewé par Arab News (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, déguste des spécialités traditionnelles saoudiennes à Riyad (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, déguste des spécialités traditionnelles saoudiennes à Riyad (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, a entamé sa visite à Riyad par une rencontre avec Jasem Albudaiwi, secrétaire général du CCG (Photo CCG).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, a entamé sa visite à Riyad par une rencontre avec Jasem Albudaiwi, secrétaire général du CCG (Photo CCG).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, avec les ambassadeurs des États membres de l'UE à Riyad. (Photo @eusimonpa).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, avec les ambassadeurs des États membres de l'UE à Riyad. (Photo @eusimonpa).
Le vice-président du Conseil de la Choura, Mishaal ben Fahm al-Salami, rencontre le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, le 12 juillet à Riyad (Photo fournie).
Le vice-président du Conseil de la Choura, Mishaal ben Fahm al-Salami, rencontre le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, le 12 juillet à Riyad (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, rencontre le prince Turki al-Faisal, président du Centre du roi Faisal pour la recherche et les études islamiques (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, rencontre le prince Turki al-Faisal, président du Centre du roi Faisal pour la recherche et les études islamiques (Photo fournie).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, rencontre Walid A. el-Khereiji, vice-ministre des Affaires étrangères (Photo @KSAmofaEN).
Le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, rencontre Walid A. el-Khereiji, vice-ministre des Affaires étrangères (Photo @KSAmofaEN).
Le vice-président du Conseil de la Choura, Mishaal ben Fahm al-Salami, rencontre le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, le 12 juillet à Riyad (Photo fournie).
Le vice-président du Conseil de la Choura, Mishaal ben Fahm al-Salami, rencontre le premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio, le 12 juillet à Riyad (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 14 juillet 2023

Luigi Di Maio à Arab News: « La nomination du représentant de l'UE pour le Golfe illustre l'ambition de travailler ensemble »

  • M. Di Maio se félicite des perspectives de coopération entre l'UE et le Golfe dans les domaines de l'énergie, du climat et des grands projets
  • Il se réjouit de rencontrer des responsables arabes avant la réunion ministérielle UE-CCG d'octobre à Oman, déclare-t-il dans une interview exclusive

RIYAD: À l’occasion de son premier voyage en Arabie saoudite depuis qu'il a été nommé premier représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe, Luigi Di Maio a déclaré à Arab News que les récents événements mondiaux montrent que de nouvelles collaborations sont nécessaires.

Il s’est exprimé ainsi alors qu’on lui demandait si les pays européens pouvaient se permettre d'ignorer la montée en puissance du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et des États arabes du Golfe dans un monde multipolaire.

«Je pense que le monde change et qu'il y a de nouveaux partenariats à bâtir», a déclaré M. Di Maio au cours d'un entretien qui évoquait des sujets aussi variés que le conflit entre la Russie et l'Ukraine ou l'émancipation économique des femmes et des jeunes en Arabie saoudite.

«Il existe de vieux partenariats que nous avons construits au cours des dernières décennies. Mais nous sommes dans une période où tout change? C’est lié à la terrible agression russe contre l'Ukraine, mais aussi à la pandémie.

«Et, dans la région, vous [l'Arabie saoudite et les États du Golfe] prenez des initiatives très intéressantes pour nous et qui sont très bien accueillies si elles sont orientées vers le désamorçage des crises. Je pense donc qu'il ne s'agit pas d'ignorer ou de considérer, mais que nous devons travailler ensemble.»

M. Di Maio, qui a pris ses nouvelles fonctions le 1er juin, a révélé que la création de son poste devrait lever tous les doutes quant à l'intention de l'Union européenne (UE) d'approfondir ses relations avec la région du Golfe.

«Le fait que l'UE et ses 27 États membres aient nommé pour la première fois un représentant spécial pour la région du Golfe témoigne de notre nouvelle ambition de porter notre collaboration à un nouveau niveau stratégique. Et quand je dis “partenariat”, j'entends un véritable partenariat fondé sur le dialogue, le respect et les résultats», a-t-il précisé.

Interrogé sur le fait de savoir si la décision de créer le bureau du représentant spécial de l'UE pour la région du Golfe avait été accélérée par l'invasion russe de l'Ukraine et la crise énergétique mondiale qui s'en est suivie, M. Di Maio a indiqué que cette décision était antérieure au conflit et qu'elle reflétait plutôt le désir sincère de l'UE de favoriser des relations bilatérales plus étroites.

«Nous avons entamé les négociations et la création d'une communication commune avant l'agression russe contre l'Ukraine», a-t-il affirmé.

«J'étais encore ministre à l'époque. Je me souviens du processus. L'idée reposait sur l'importance que vous avez au niveau multilatéral et bilatéral et la manière dont l'UE peut faire davantage afin d’adapter le niveau du partenariat.»

«Puis l'agression russe a eu lieu. Je pense que c'était une très bonne chose d'approuver la communication commune et de travailler sur la nomination du représentant spécial de l'UE, parce que dans une période où, au niveau multilatéral et bilatéral, tout change dans le cadre géopolitique, il est très important d'être plus proche de nos partenaires, de nos partenaires stratégiques», a-t-il expliqué.

M. Di Maio a commencé sa visite à Riyad par une réunion avec Jasem Albudaiwi, secrétaire général du CCG, au cours de laquelle les parties concernées ont «fait avancer les préparatifs en vue d'un prochain Conseil UE-CCG fructueux le 10 octobre prochain à Oman – une étape clé pour la mise en œuvre de notre partenariat stratégique.»

M. Di Maio a également rencontré le prince Turki al-Faisal, le président du centre roi Faisal pour la recherche et les études islamiques, et Walid A. el-Khereiji, vice-ministre des Affaires étrangères.

Il a ensuite rencontré ses collègues européens, parmi lesquels Patrick Simonnet, ambassadeur de l'UE en Arabie saoudite, ainsi que les autres envoyés européens au Bahreïn et à Oman.

M. Di Maio a même été invité à déguster quelques spécialités saoudiennes.

Bien que l'énergie continue de jouer un rôle clé dans les relations, M. Di Maio a souligné que l'UE et ses États membres étaient enthousiasmés par le programme de réforme sociale et de diversification économique, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite. Selon lui, elle s'aligne sur de nombreux projets de l'UE tels que le plan de relance européen NextGenerationEU, le Pacte vert pour l’Europe (European Green Deal) et l'intérêt croissant de la région pour l'énergie à base d'hydrogène.

«Les projets d'hydrogène que vous développez ici sont très importants et nous pouvons essayer d'établir un dialogue solide sur les ambitions dans le domaine de l'hydrogène, en particulier sur la demande de l'Europe, sur l'hydrogène et sur votre approvisionnement en hydrogène en direction de l'Europe», a-t-il signalé.

«Et, surtout, nous ne parlons pas seulement d'énergie. Nous parlons de technologies et de recherche. Nous parlons d'universités et de facultés. Car tout est lié au nouvel horizon de l'hydrogène et de l'énergie.

«Et vous, en tant que pays fournisseurs d'énergie à l'Europe, vous investissez beaucoup dans les nouvelles technologies, dans les énergies renouvelables. Il s'agit donc d'un domaine fructueux dans lequel nous pouvons dialoguer et essayer de créer davantage de synergies, j'en suis certain.»

Lors de la visite de cette semaine, M. Di Maio a pu constater les progrès de la Vision 2030 depuis son lancement par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en 2016. Ce dernier a inauguré une série de réformes qui visent à stimuler la participation économique des femmes et des jeunes ainsi qu’à créer un environnement commercial propice hors pétrole au profit de nouvelles industries.

«J'ai rendu visite au Conseil de la Choura hier et on m'a expliqué le nombre de lois qu'ils sont en train de modifier afin d'aligner la Vision 2030 sur le cadre des réglementations du pays», a relevé M. Di Maio.

«Vous êtes en train de transformer votre pays. Et la Vision 2030 est l'un des points importants qui nous montrent ce changement. J'ai rencontré à Bruxelles non seulement votre formidable ambassadeur, mais aussi, par exemple, le directeur général adjoint du projet Neom.

«Lorsque j'ai rencontré SAR le prince héritier, nous avons parlé de Neom et des projets, de la Vision 2030 et de certains projets innovants comme Neom. Je pense que le vrai défi est maintenant d'essayer de travailler ensemble sur ces projets, sur notre Pacte vert, sur notre NextGenerationEU et votre Vision 2030, sur les projets Neom, entre autres.»

M. Di Maio estime qu'il est possible d'accroître considérablement les investissements européens dans les grands projets de l'Arabie saoudite, notamment la ville intelligente Neom, qui prend forme actuellement sur la côte de la mer Rouge de l’Arabie saoudite.

L'UE et l'Arabie saoudite entretiennent déjà des relations étroites en matière de commerce et d'investissement. En effet, l'UE est le deuxième partenaire commercial de l'Arabie saoudite et le premier investisseur direct étranger. M. Di Maio a affirmé qu'il ne doutait pas que les relations en matière de commerce et d'investissement se renforceraient.

«Bien sûr, aujourd'hui, en particulier avec vos nouveaux programmes sur les nouvelles technologies, les nouvelles énergies et même l'éducation, ainsi que les programmes et les projets que nous développons au sein de l'UE, où la Commission européenne et les États membres développent de nouveaux projets orientés de la même manière, dans la même direction, je pense que nous avons l’occasion de faire davantage.»

«Il ne s'agit pas seulement d'augmenter les chiffres, mais d'accroître la substance de nos relations par le biais de ce type de projets liés à l'avenir de nos jeunes et de nos jeunes pays. Il y a alors de quoi se réjouir des nouvelles opportunités qui s'offriront à ces jeunes.»

Les relations entre l'UE et les États du Golfe vont toutefois au-delà du commerce et de l'énergie. M. Di Maio a déclaré que les préoccupations communes en matière de sécurité jouaient également un rôle clé dans le partenariat stratégique.

«Il est très important de dire que dans mon mandat, l'un des piliers est la sécurité», a-t-il assuré.

«Mais pas seulement d'une manière classique – la sécurité maritime, le concept classique de sécurité, ou même la cybersécurité, les initiatives de lutte contre le terrorisme. Nous devons parler, comme je l'ai dit, d'une manière innovante, du lien entre la sécurité et le climat. C’est très important.»

M. Di Maio a ajouté: «Mon mandat consiste à faciliter la recherche de solutions intelligentes, à soutenir les efforts diplomatiques régionaux qui visent à pérenniser les actuels efforts de désescalade. Je suis ici pour écouter, pour comprendre les sensibilités et les priorités des pays de la région. Je me consacre à 100% à cette grande responsabilité et au succès de sa mise en œuvre avec les États membres de l'UE, les institutions de l'UE, avec vous et les pays de la région du Golfe.»

La semaine dernière, les pays du Golfe ont fermement condamné la décision de la Suède d'autoriser un migrant irakien à brûler un exemplaire du Coran dans la capitale Stockholm.

Interrogé sur le rôle de son bureau dans la prévention de tels actes dans le cadre de son mandat de construction d'un partenariat stratégique avec les pays du Golfe, M. Di Maio a déclaré que l'UE rejetait catégoriquement le fait de brûler des textes sacrés, un point de vue qu'il a évoqué lors des réunions de cette semaine.

«Dans toutes les réunions bilatérales que j'ai eues au cours de cette visite, j'ai soulevé ce point dès le début de la réunion afin de dire que cet incendie individuel du Coran est inacceptable et que tout type d'incendie d'un Livre saint est une provocation évidente, un manque de respect, et en même temps, comme je l'ai dit, l'UE le rejette», a-t-il affirmé.

«Je pense que toute forme de racisme, de xénophobie et de provocation n'a pas sa place dans nos sociétés. Le moment est venu de travailler ensemble de manière à éviter une nouvelle escalade et empêcher ces actes de se produire», a-t-il clarifié.

Lors de leur réunion mercredi, M. Albudaiwi, secrétaire général du CCG, a déclaré que M. Di Maio avait fait part des regrets, du rejet et de la condamnation de l'UE concernant l'incendie de l’exemplaire du Coran.

Après avoir été ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre de l'Italie, M. Di Maio a déclaré qu'il avait toujours été favorable à ce que l'UE joue un rôle plus important dans l'établissement de relations entre les Européens et le reste du monde.

«À l'époque où j'étais ministre des Affaires étrangères, pendant deux ans, et avant cela vice-Premier ministre, pendant deux ans, je soutenais totalement l'idée selon laquelle pour être plus forts en tant qu'États membres, nous avions besoin de l'UE comme interlocuteur dans d'autres régions du monde», a-t-il insisté.

«Le continent européen, l'UE en particulier, est la véritable institution qui peut servir d’influence aux États membres de l'UE pour établir de nouveaux partenariats avec le reste du monde.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.