Un nouveau «super-égout» à Londres pour mettre fin à la pollution de la Tamise

Un ingénieur civil marche à l'intérieur d'un tunnel en béton de 7 mètres sur le chantier de construction de Thames Tideway, dans l'ouest de Londres, le 14 juin 2023. (AFP)
Un ingénieur civil marche à l'intérieur d'un tunnel en béton de 7 mètres sur le chantier de construction de Thames Tideway, dans l'ouest de Londres, le 14 juin 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 16 juillet 2023

Un nouveau «super-égout» à Londres pour mettre fin à la pollution de la Tamise

  • C'est la plus grande modernisation du réseau d'égouts de Londres depuis la seconde moitié du XIXe siècle, à l'époque conçu par l'ingénieur Joseph Bazalgette après la tristement célèbre «Grande puanteur» de 1858
  • Le tunnel, d'un diamètre de 7,2 mètres, serpente d'ouest en est en suivant les courbes de la Tamise. Il doit être testé en 2024 et pleinement opérationnel d'ici à 2025

LONDRES: Pendant sept ans, des milliers d'ouvriers et d'ingénieurs ont travaillé à la construction, sous Londres et la Tamise, d'un énorme tunnel de 25 kilomètres de long: il doit permettre de moderniser les égouts du XIXe siècle, pour enfin cesser les rejets massifs d'eaux usées dans le fleuve.

Le tunnel, d'un diamètre de 7,2 mètres, serpente d'ouest en est en suivant les courbes de la Tamise. Ce "super-égout", comme il est appelé au Royaume-Uni, doit être testé en 2024 et pleinement opérationnel d'ici à 2025.

C'est la plus grande modernisation du réseau d'égouts de Londres depuis la seconde moitié du XIXe siècle, à l'époque conçu par l'ingénieur Joseph Bazalgette après la tristement célèbre "Grande puanteur" de 1858.

En juillet et août de cette année-là, la combinaison de températures élevées et d'eaux usées se déversant directement dans la Tamise avait plongé la ville dans un nuage d'air putride.

Mais ces dernières décennies, les eaux usées se sont à nouveau déversées dans le fleuve, en raison du manque de capacité des égouts face à la croissance démographique de la capitale britannique.

Le système d'égouts de Joseph Bazalgette, un chef d'oeuvre d'ingénierie au XIXe siècle, transportait à la fois les eaux usées et les eaux de pluie, de sorte que les premières se déversent souvent dans la Tamise.

«Aucun traitement»

"Chaque fois qu'il pleut, même une légère bruine, les égouts se remplissent et se déversent directement dans la rivière", explique Taylor Geall, de l'entreprise de construction Tideway, qui est à l'origine du projet. "Dans une année moyenne, 40 millions de tonnes d'eaux usées se déversent dans la Tamise sans aucun traitement".

Les anciens égouts en briques sont encore en parfait état, mais ils ne sont pas assez grands.

Le réseau a été construit lorsque Londres comptait quatre millions d'habitants, contre neuf millions aujourd'hui.

La modernisation, dont le coût s'élève à 4,3 milliards de livres sterling (5,02 milliards d'euros), était devenue nécessaire.

Le nouveau tunnel transportera les eaux usées uniquement quand les égouts existants seront remplis. Des points de débordement permettront aux eaux usées, qui se seraient avec le système actuel déversées dans la Tamise, d'être détournées vers le nouveau tunnel.

"Nous allons intercepter et éliminer 95% des déversements", assure Taylor Geall. "Une fois que nous aurons terminé, le fleuve n'aura pas un aspect très différent mais il offrira un environnement beaucoup plus sain aux poissons, aux mammifères marins et aux oiseaux qui y vivent".

Plages fermées 

Les dernières étapes de la construction de ce mégaprojet se déroulent en pleine controverse pour le secteur de l'eau, privatisé en 1989, et accusé de sous-investissements chroniques dans ses réseaux.

Selon l'agence gouvernementale pour l'environnement, les eaux usées se sont déversées en moyenne 825 fois par jour l'an dernier dans les rivières et zones côtières du Royaume-Uni.

Plusieurs plages de l'île de Wight, sur la côte sud de l'Angleterre, ont dû fermer pendant la canicule de l'été dernier à cause de la quantité élevée de bactéries dans l'eau.

L'organisation Surfers Against Sewage a récemment publié une liste de 83 plages à éviter dans le pays à cause des déversements d'eaux usées.

Le gouvernement a annoncé cette semaine que les compagnies des eaux, ainsi que d'autres opérateurs dans le domaine de l'énergie et des déchets, seront passibles d'amendes illimitées en cas d'activités polluantes.

Thames Water, l'entreprise de gestion des eaux de la région de Londres qui dessert 15 millions de clients, a été condamnée début juillet à une amende de 3,3 millions de livres pour avoir pollué des cours d'eau.

Elle est endettée à hauteur de près de 14 milliards de livres sterling (16,3 milliards d'euros). Ce sont ses clients qui financent le "super-égout" par prélèvement sur leurs factures.

D'après l'agence de presse PA, Thames Water a déjà payé 32,4 millions de livres d'amendes pour des incidents de pollution dans la vallée de la Tamise et au sud-ouest de Londres lors d'autres poursuites des régulateurs entre 2017 et 2021.

Pour Mathew Frith, de l'organisation de défense de l'environnement London Wildlife Trust, le nouvel égout apportera une "contribution majeure" au rétablissement de la Tamise. Mais, dit-il, il ne résoudra pas le problème ailleurs dans le pays.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.