L'accord céréalier a expiré, Kiev frappe le pont de Crimée

Moscou avait auparavant fait connaitre son refus de prolonger l'accord (Photo, AFP).
Moscou avait auparavant fait connaitre son refus de prolonger l'accord (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 18 juillet 2023

L'accord céréalier a expiré, Kiev frappe le pont de Crimée

  • Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifié d'«inadmissible» la décision russe
  • Volodymyr Zelensky a affirmé que Kiev était disposée à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire

MOSCOU: L'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, crucial pour l'alimentation mondiale, a expiré lundi soir, quelques heures après une attaque ukrainienne qui a partiellement détruit pour la deuxième fois le pont stratégique reliant la Russie à la péninsule de Crimée qu'elle a annexée en 2014.

Moscou avait auparavant fait connaitre son refus de prolonger l'accord, signé en juillet 2022 avec l'Ukraine sous l'égide des Nations Unies et de la Turquie, en dénonçant les entraves au commerce des produits agricoles russes.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réagi à la décision russe, soulignant que "des centaines de millions de personnes font face à la faim" et qu'elles allaient en "payer le prix".

Le chef de la diplomatie américaine a qualifié d'"inadmissible" la décision russe et assuré que cette décision allait entraîner une augmentation des prix de l'alimentation.

Le choix de Moscou de se servir "de la nourriture comme d'une arme (...) va compliquer l'acheminement d'aliments dans les endroits qui en ont désespérément besoin et entraîner une hausse des prix", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Quant à l'Ukraine, elle a affiché sa volonté de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, avec ou sans l'accord de Moscou sur la sécurité des navires.

Son président, Volodymyr Zelensky, a affirmé que Kiev était disposée à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire.

"Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n'avons pas peur", a indiqué M. Zelensky.

Mais, pour l'heure, la Russie a signifié une fin de non-recevoir aux appels qui s'étaient multipliés ces derniers jours à la reconduction de l'accord, réclamant que l'on réponde à ses exigences sur ses propres exportations de céréales et d'engrais.

L'accord "s'est de facto terminé aujourd'hui", a lancé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que "dès que la partie concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l'accord sur les céréales".

Exigences russes 

"Si les capitales occidentales apprécient vraiment l'Initiative de la mer Noire, alors qu'elles envisagent sérieusement de remplir leurs obligations et retirent effectivement les engrais et les produits alimentaires russes des sanctions", a expliqué le ministère russe des Affaires étrangères.

Signé en juillet 2022 sur les rives du Bosphore et déjà prorogé à deux reprises, l'accord a permis, sur l'année écoulée, de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens.

La Turquie, l'Ukraine et l'ONU se sont vu notifier la décision du Kremlin, a souligné la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est cependant dit convaincu que son "ami M. Poutine" voulait maintenir cet accord.

Attaque ukrainienne 

Quelques heures plus tôt, une attaque ukrainienne par des drones navals a partiellement détruit, pour la deuxième fois, le pont qui enjambe le détroit de Kertch, reliant la Russie à la Crimée, une péninsule ukrainienne annexée en 2014.

D'importants dégâts ont été causés à la section routière de l'ouvrage, qui sert en particulier à acheminer du matériel aux militaires russes combattant en Ukraine.

L'opération a été réalisée par les services secrets et les forces navales ukrainiens à l'aide de "drones navals", a indiqué lundi à l'AFP une source au sein des services ukrainiens de sécurité (SBU).

Le Comité antiterroriste russe (NAK) a précisé dans un communiqué qu'elle avait eu lieu à 03H05 (00H05 GMT) et confirmé qu'elle avait été effectuée avec des "drones navals de surface".

Deux civils, un homme et une femme qui circulaient en voiture, ont péri et leur fille a été blessée, a affirmé lundi le Comité d'enquête russe.

"Etant donné qu'il s'agit de la deuxième attaque terroriste sur le pont de Crimée, j'attends des propositions concrètes pour améliorer la sécurité de cette infrastructure de transport importante et stratégique", a réagi Vladimir Poutine.

"Il y aura bien sûr une réponse de la Russie. Le ministère de la Défense prépare des propositions appropriées", a-t-il assuré.

Sur Telegram, la chaîne de télévision publique Crimée-24 a diffusé une vidéo du pont montrant une portion de sa section routière effondrée.

Ce viaduc, long de 18 kilomètres, construit à grands frais sur ordre de M. Poutine et qu'il avait inauguré en 2018, consiste en deux ouvrages parallèles, l'un réservé à la circulation routière et l'autre au trafic ferroviaire.

La section ferroviaire n'a pas été endommagée et la circulation y a repris dans la matinée, ont annoncé les autorités de Crimée.

Le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov, a invité les touristes russes devant repartir en voiture à le faire via les territoires sous contrôle russe de l'est de l'Ukraine, dont certaines parties sont sous le feu de l'armée ukrainienne qui pilonne les voies de ravitaillement russes.

Le pont avait déjà été endommagé le 8 octobre par une explosion attribuée par les autorités russes à un camion piégé par les services secrets ukrainiens. Il avait fallu des mois de travaux avant de le remettre pleinement en service.

Sur le front, l'armée ukrainienne décrit ces derniers jours des combats "intenses" entre ses unités engagées dans une contre-offensive et les soldats russes.

Lundi, le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, un ancien prisonnier politique en Russie qui s'est engagé pour défendre son pays, a révélé avoir été blessé dans la région de Zaporijjia (sud).


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com