De l'Afrique à l'Europe par les Canaries, le nouveau chemin de traverse des migrants

Les migrants sont assis dans un bus pour être transférés à leur logement après avoir été secourus par les gardes-côtes espagnols sur l'île canarienne de Gran Canaria le 23 novembre 2020.  (DESIREE MARTIN / AFP)
Les migrants sont assis dans un bus pour être transférés à leur logement après avoir été secourus par les gardes-côtes espagnols sur l'île canarienne de Gran Canaria le 23 novembre 2020. (DESIREE MARTIN / AFP)
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Publié le Samedi 12 décembre 2020

De l'Afrique à l'Europe par les Canaries, le nouveau chemin de traverse des migrants

  • Mohceine Aït Lamadane a passé trois jours sur une embarcation de fortune avant de débarquer aux Canaries et de réussir à rejoindre sa famille en Italie
  • "J'ai payé 2.000 euros pour la traversée", racontait fin novembre ce jeune Marocain de 23 ans, débarqué sur l'île de Grande Canarie.

Mohceine Aït Lamadane a passé trois jours sur une embarcation de fortune avant de débarquer aux Canaries et de réussir à rejoindre sa famille en Italie, passant à travers les mailles du filet d'autorités espagnoles dépassées par les arrivées sur l'archipel.

"J'ai payé 2.000 euros pour la traversée", racontait fin novembre à l'AFP ce jeune Marocain de 23 ans, débarqué sur l'île de Grande Canarie.

Une dizaine de jours plus tard, son cousin Moulay Omar Semlali confirmait que Mohceine, parti du Sahara occidental, était désormais "en Italie, avec ses deux grands frères".

Moulay Omar, qui vit à Grande Canarie, avait retrouvé Mohceine à sa sortie du campement provisoire monté sur le port d'Arguineguin, où il avait passé "douze jours sans changer de vêtements", a-t-il confié.

Transformé en campement provisoire début août, le port d'Arguineguin - qui a accueilli jusqu'à 2.000 migrants dans des conditions déplorables dénoncées par Amnesty International, la justice locale et le Défenseur du peuple (chargé de la défense des droits fondamentaux) - était devenu le symbole de la crise migratoire aux Canaries.

Face aux critiques, le gouvernement l'a demantelé le 30 novembre, après avoir présenté un plan d'urgence visant à créer 7.000 places d'accueil temporaire pour les migrants sur l'archipel.

Délai de 72 heures 

Normalement, tout migrant arrivé aux Canaries doit être enregistré par la police, qui lui remet un ordre d'expulsion s'il ne peut prétendre au droit d'asile.

Un processus qui doit être effectué dans les 72 heures, délai au-delà duquel "la détention est illégale", explique à l'AFP Daniel Arencibia, avocat de migrants à Grande Canarie.

Or, ce délai n'est pas tenu par des autorités totalement débordées par les 20.000 arrivées de migrants aux Canaries depuis le début de l'année, soit dix fois plus qu'en 2019. Un juge local a d'ailleurs rappelé que les migrants ne pouvaient être retenus "contre leur volonté" après ces 72 heures.

En raison de la pandémie, les centres de détention provisoire, où les personnes attendent avant leur expulsion, sont fermés ou ont vu leurs capacités d'accueil réduites au minimum et la fermeture des frontières a mis un coup d'arrêt aux expulsions.

Si le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez refuse de transférer les migrants vers l'Espagne continentale comme le réclament les autorités des Canaries, afin d'éviter un "effet incitatif", il reconnaît que certains y parviennent en prenant, comme Mohceine, un avion de ligne pour rejoindre l'Espagne et poursuivre ensuite leur voyage vers d'autres pays européens.

Les jours précédant la fermeture du campement d'Arguineguin, plusieurs personnes sont venues chercher des proches ou des amis, a constaté un journaliste de l'AFP.

Abdel Rostom, Marocain habitant à Grande Canarie, a ainsi pu récupérer le parent d'un ami "arrivé à bord d'une embarcation de fortune" afin de "l'envoyer vers l'Espagne continentale", a-t-il dit à l'AFP.

Dans ce contexte, le gouvernement s'est retrouvé cette semaine sous le feu des critiques de la droite et de l'extrême droite, qui l'ont accusé d'avoir organisé un vol de 200 migrants des Canaries vers Grenade (sud).

Il s'en est défendu, affirmant que ces personnes étaient libres et avaient pris cet avion par leurs propres moyens. 

Point de passage 

"La plupart des arrivées ces derniers mois sont des personnes éligibles pour le retour" vers le Maroc et d'autres pays africains, mais "nous avons des personnes qui sont parties (des Canaries), parce qu'elles sont libres de le faire et qu'elles ont des réseaux familiaux", avait déjà admis le mois dernier la secrétaire d'Etat aux Migrations, Hana Jalloul.

Le ministère de l'Intérieur ne communique pas de chiffres sur ce genre de cas.

Selon José Luis Guedes, secrétaire général du syndicat de police SUP aux Canaries, "de nombreux Maghrébins sont arrivés avec leur carte d'identité et leur passeport (...) ils se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient pas être expulsés, ils restaient en liberté et ont pu rejoindre la péninsule par leurs propres moyens". "Une fois là bas, ils disparaissent", affirme-t-il.

"Ils vont en France, en Belgique, en Allemagne, qui sont leurs vraies destinations. Ils ne veulent pas rester aux Canaries, c'est un point de passage", poursuit-il.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".

 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.