Le Groenland peut fondre encore plus facilement qu'attendu, selon une étude

Sur cette photo aérienne, des icebergs flottent dans la baie de Disko, à Ilulissat, dans l'ouest du Groenland, le 30 juin 2022. (AFP)
Sur cette photo aérienne, des icebergs flottent dans la baie de Disko, à Ilulissat, dans l'ouest du Groenland, le 30 juin 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 21 juillet 2023

Le Groenland peut fondre encore plus facilement qu'attendu, selon une étude

  • L'étude de la carotte de glace retrouvée a permis de montrer que certains sédiments anciens avaient été un jour exposés à la lumière - ce qui implique que la glace qui les recouvre actuellement n'était pas là
  • Ces estimations suggèrent que toutes les régions côtières du monde, où se concentrent aujourd'hui de nombreux importants centres de population, risquent donc d'être submergés dans les siècles à venir

WASHINGTON: Une couche de glace épaisse de plus d'1,5 km a fondu au Groenland il y a 416 000 années, au cours d'une période de réchauffement climatique naturel modéré, signe de sa plus grande vulnérabilité qu'imaginée au changement climatique actuel, selon une étude publiée jeudi.

La fonte de cette calotte glaciaire avait alors entraîné une montée du niveau des eaux importante, ce qui menacerait aujourd'hui les régions côtières.

Cette découverte scientifique bouscule la croyance enracinée selon laquelle la plus grande île du monde constituait une forteresse de glace qui résiste depuis 2,5 millions d'années.

"Si nous voulons comprendre le futur, nous avons besoin de comprendre le passé", souligne à l'AFP Paul Bierman, professeur à l'université du Vermont (nord-est des Etats-Unis), qui a co-dirigé l'étude publiée dans la revue Science.

Cette dernière se fonde sur l'examen d'une carotte glaciaire qui avait été extraite à 1.390 mètres de la surface dans le nord du Groenland par une équipe de chercheurs du Camp Century, une base militaire américaine secrète dans les années 1960.

Cet échantillon de plus de 3 mètres, qui contient de la terre et des pierres, avait été oublié dans un congélateur et a été redécouvert en 2017.

Les chercheurs ont été surpris de découvrir qu'il contenait, en plus des sédiments, des restes de feuilles et de mousse, preuve irréfutable d'un sol jadis dépourvu de glace.

Un Groenland vert 

Bien que les scientifiques aient été longtemps privés de ce précieux échantillon, cet oubli fut en quelque sorte "providentiel" car des méthodes de datation de sédiments utiles dans ce cas n'ont été développées que récemment, explique le professeur Bierman.

L'une d'entre elles, la datation par luminescence, permet aujourd'hui aux scientifiques de dater la dernière exposition au soleil de minéraux enfouis.

L'étude de la carotte de glace retrouvée a permis de montrer que certains sédiments anciens avaient été un jour exposés à la lumière - ce qui implique que la glace qui les recouvre actuellement n'était pas là.

"De plus, pour avoir des plantes, il faut de la lumière", pointe Tammy Rittenour, de l'Université d'État de l'Utah, qui a également participé à l'étude, à propos de la découverte de résidus de feuilles et mousses.

La technique de datation par luminescence a permis de dater la fin de la période sans glace, tandis qu'un autre procédé, évaluant les isotopes du quartz, a pu se prononcer sur son début.

Ces techniques ont permis d'évaluer que les sédiments avaient été exposés à la lumière pendant moins de 14.000 ans, et donc que le Groenland avait été dépourvu de glace pendant cette période.

Régions côtières menacées 

L'échantillon prélevé à Camp Century l'a été à seulement un peu moins de 1.300 kilomètre du pôle Nord, l'étude montrant que la région entière aurait été recouverte de végétation.

Cela a eu lieu lors d'une période de réchauffement naturel, appelée période interglaciaire, lors de laquelle les températures étaient similaires à celles d'aujourd'hui et s'établissaient entre +1°C et +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Les modèles élaborés par les chercheurs ont montré que la hausse du niveau de la mer provoquée à l'époque par la fonte de cette calotte glaciaire aurait atteint entre 1,5 et 6 mètres.

Ces estimations suggèrent que toutes les régions côtières du monde, où se concentrent aujourd'hui de nombreux importants centres de population, risquent donc d'être submergés dans les siècles à venir.

Joseph MacGregor, un spécialiste du climat à la NASA qui n'a pas participé à l'étude, note que la période interglaciaire, qui a mené à cette fonte inconnue jusqu'alors, avait duré des dizaines de milliers d'années.

Tandis que les humains, pointe-t-il, ont réussi en bien moins de temps à dépasser le niveau "de gaz à effets de serre relâchés à l'époque".

Les niveaux atmosphériques de CO2, qui piège la chaleur sur la planète, sont actuellement de 420 parties par million (ppm), contre 280 ppm pendant la période pendant laquelle le Groenland était vert, et ne disparaîtront pas avant des milliers d'années.

"Nous sommes en train de mener une expérience gigantesque sur l'atmosphère terrestre, et nous n'en connaissons pas les résultats", alerte M. Bierman. "Je ne pense pas que cela signifie que le ciel nous tombe sur la tête, mais plutôt que nous devons nous ressaisir".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.