Les caravanes, symptômes de la crise du logement en Californie

Une femme passe devant des biens qui entourent des véhicules récréatifs qui abritent des résidents vivant à côté de Ballona Wetlands, une zone naturelle et faunique, le long de Jefferson Boulevard à Los Angeles, Californie, le 5 juillet 2023 (AFP).
Une femme passe devant des biens qui entourent des véhicules récréatifs qui abritent des résidents vivant à côté de Ballona Wetlands, une zone naturelle et faunique, le long de Jefferson Boulevard à Los Angeles, Californie, le 5 juillet 2023 (AFP).
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Les caravanes, symptômes de la crise du logement en Californie

  • L'un des Etats américains avec les revenus par habitant les plus élevés, la Californie, est aussi celui qui dénombre le plus de sans-abris
  • Le tiers des sans-abris du pays vivent dans cet Etat qui compte 11% de la population américaine

PLAYA DEL REY: Tamara s'est installée dans une caravane car elle n'arrivait plus à payer son loyer. Beau l'a fait après avoir tout perdu. Quant à Steven, il en avait assez de subir la délinquance dans les seuls quartiers où il avait encore les moyens de se loger.

En Californie, les "trailers", jadis symboles hippies d'une vie libre ou aujourd'hui des nouveaux nomades numériques, témoignent aussi d'un phénomène de société bien moins glamour: une crise du logement.

L'un des Etats américains avec les revenus par habitant les plus élevés, la Californie, est aussi celui qui dénombre le plus de sans-abris. Le tiers des sans-abris du pays vivent dans cet Etat qui compte 11% de la population américaine.

Et avec la crise du logement, beaucoup ont désormais pour seul toit des caravanes, des camping-cars, des vans, des mobil-homes, installés dans des campings parfois improvisés de Los Angeles, où les autorités dénombrent environ 75 000 sans-abris, et des villes aux alentours.

Loyer à près de 3 000 dollars 

"C'est la seule chose que je peux me payer", explique Beau Beard en montrant sa caravane garée dans une étroite allée à quelques encablures du brouhaha de la très touristique Venice Beach.

Pour lui, la Californie était synonyme de nouveau départ après un séjour de 42 mois en prison. Mais il a vite déchanté.

"Ici, c’est le prix au m2 le plus cher du marché immobilier" aux Etats-Unis, déplore cet homme de 57 ans. En juin, le loyer moyen atteignait 2 950 dollars (2 650 euros) par mois à Los Angeles.

En 2021, sept millions d'Américains dépensaient plus de la moitié de leurs revenus pour se loger, soit une hausse de 25% par rapport à 2007, selon une étude réalisée par l'Alliance nationale contre le sans-abrisme, une ONG.

Quand sa fiancée lui a annoncé qu'ils attendaient un enfant, en 2020, Beau a acheté une caravane pour mettre sa petite famille à l'abri.

Mais les services de protection de l'enfance n'ont pas apprécié. Et leur ont retiré la garde de leur fille peu après la naissance, estimant que leur logement n'était pas adapté. Elle aura trois ans le 29 juillet.

"On est coincés. On ne sait pas quoi faire", dit-il, installé sous le porche de sa caravane bleue qui ne le prive pas seulement de sa fille, mais aussi de toute aide pour trouver un logement subventionné.

Nous sommes "dans une zone grise (...) et cela nous place en bas de la liste pour les demandes de logement", se plaint-il.

«Parias»

Sa caravane n'est pas seule sur le boulevard Jefferson, qui longe la réserve écologique de Ballona.

Cà et là des installations artistiques, des petits jardins, des chaises, des tables bordent les caravanes, signe que certains habitants se sont sédentarisés.

Mais la vie est compliquée estime Tamara Hernández, une maquilleuse qui a quitté son appartement de Venice quand le loyer a explosé. En dix ans, le loyer de son studio est passé de 450 à 3 000 dollars.

Maintenant, "pour me laver, il faut attendre une heure pour chauffer l'eau (...) C'est vraiment dur ici", dit-elle. Et aux difficultés du quotidien s'ajoute le sentiment d'être des parias. "Je ne sais pas pourquoi les gens nous détestent. On est des gens bien".

«Impossible»

Steven, qui préfère ne pas donner son nom de famille, est employé dans un supermarché.

Il vit ici avec son épouse depuis deux ans. Avec leurs deux salaires, ils ne pouvaient pas se payer plus qu'un van, qu'ils ont acheté usagé à 6 000 dollars.

Avec la hausse des prix, de 6,5% en 2022 aux Etats-Unis, le nombre de sans domicile fixe a augmenté à Los Angeles et dans d'autres villes des Etats-Unis.

Mais à Los Angeles, le contraste est saisissant entre les palaces de Hollywood et les sans-abris qui dorment sur le fameux "Walk of Fame", célèbre avenue où les stars laissent leurs empreintes.

Steven, lui, rêve d'autres horizons.

"J'économise pour acheter un terrain, dans l'Arkansas, ou le Missouri (...) je veux construire un bassin pour des poissons et avoir un potager. Tu comprends ? Mais en Californie, cela ne risque pas d'arriver, c'est impossible".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".