Sophie Binet, porte-voix d'une CGT qui tente de ressouder ses fractures

La secrétaire générale du syndicat français CGT, Sophie Binet, lors d'une réunion avec les syndicats, le patronat et le Premier ministre français à l'hôtel de Matignon à Paris, le 12 juillet 2023. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
La secrétaire générale du syndicat français CGT, Sophie Binet, lors d'une réunion avec les syndicats, le patronat et le Premier ministre français à l'hôtel de Matignon à Paris, le 12 juillet 2023. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
Short Url
Publié le Samedi 22 juillet 2023

Sophie Binet, porte-voix d'une CGT qui tente de ressouder ses fractures

  • Sur le fond, dans les rapports de la centrale avec le patronat ou le gouvernement, la ligne de Sophie Binet ne diffère guère de celle de son prédécesseur
  • Sophie Binet met en avant les convictions écologistes intactes de la CGT, et sa volonté de lancer un «plan syndical pour l'environnement» en déclinant cet enjeu dans les fédérations et les entreprises

PARIS : Elue le 31 mars à la tête de la CGT, Sophie Binet s'est vite montrée une porte-parole efficace de l'organisation, sur une ligne proche de celle de Philippe Martinez, même si elle a pris ses distances avec le collectif Plus jamais ça, symbole de l'engagement écolo de l'ancienne direction.

Désignée au terme d'un congrès houleux, après le renoncement de la candidate choisie par M. Martinez, la nouvelle secrétaire générale a voulu rassembler en intégrant dans la direction certains des plus farouches opposants de son prédécesseur.

«C'est une bonne communicante», reconnaît le député de la majorité Marc Ferracci. «Une très bonne porte-parole», se félicite le secrétaire général de l'Union départementale CGT de Paris, Benoît Martin, qui soutenait pourtant Marie Buisson, la candidate de Philippe Martinez.

«Elle est très calme, elle connaît ses dossiers, (...) est très consistante, elle a un sens de la répartie», enchaîne le responsable parisien.

La dirigeante de 41 ans, formée dans sa jeunesse à l'Unef et au PS, est à l'aise dans les médias et sur le perron de Matignon, enchaînant les punchlines, comme lorsqu'elle estime que telle allocution présidentielle «aurait pu être faite par ChatGPT».

Lors de sa première manifestation comme secrétaire générale, le 6 avril, elle se singularise en refusant de répondre aux questions de la chaîne CNews, lui reprochant son manque de «pluralisme». Et après la mort de Nahel, tué le 27 juin par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, elle dénonce sans fard un «racisme systémique» dans la police.

Sur le fond, dans les rapports de la centrale avec le patronat ou le gouvernement, la ligne de Sophie Binet ne diffère guère de celle de son prédécesseur. Elle a par exemple refusé de signer l'agenda social négocié entre organisations syndicales et patronales, mais devrait participer aux réunions de négociation qui en découleront. «Dès qu'il y a des choses qui touchent à l'intérêt des salariés, on y va», justifie-t-elle.

- «Couteau entre les dents» -

Un responsable patronal juge sous couvert d'anonymat qu'elle «s'inscrit exactement dans la même logique que Philippe Martinez», qui n'apposait que rarement sa signature sur les accords nationaux interprofessionnels négociés par les partenaires sociaux.

«La montée en puissance de Denis Gravouil», un «négociateur qui dit juste +non+ à tout», est un «signal de radicalité», analyse-t-il, avant d'inviter Mme Binet à davantage de modération. «Il va falloir qu'elle passe quelques caps. Avoir le couteau entre les dents, c'est bien», mais «à la bandoulière, ça va aussi», sourit-il.

Un ministre juge que Sophie Binet est «très, très dure», «dogmatique» car «elle doit donner des gages à ceux qui l'ont portée là où elle est», notamment les patrons des puissantes fédérations des Cheminots et de l'Energie, Laurent Brun et Sébastien Ménesplier.

«Les plus durs chez eux ont pris le pouvoir», estime un responsable syndical réformiste, qui assure que la nouvelle secrétaire générale a dû «se débattre» en interne pour aller voir la Première ministre mi-mai.

Signe le plus clair d'un changement de ligne, dans la foulée des décisions du Congrès de Clermont-Ferrand, la CGT a confirmé début juillet aux membres de «Plus jamais ça» (rebaptisé l'Alliance sociale et écologique) son départ du collectif, au grand dam des organisations qui le composent, Greenpeace, Oxfam, Solidaires, la FSU, la Confédération paysanne...

Un des responsables se désole, y voyant une «mauvaise nouvelle pour l'écologie», et le signe d'un «repli» identitaire de la CGT.

Sophie Binet met en avant les convictions écologistes intactes de la CGT, et sa volonté de lancer un «plan syndical pour l'environnement» en déclinant cet enjeu dans les fédérations et les entreprises.

«Elle est obligée de tenir compte des équilibres internes, ce qui fait que son mandat ne va pas être un long fleuve tranquille», constate Benoît Martin (UD 75). Sur les questions environnementales, «tout le monde n'est pas d'accord sur la façon de combiner les questions d'industrie, d'écologie et d'énergie. Il y aura forcément des débats en interne pour trancher ces questions, le Congrès n'a pas tout réglé».


Procès du RN: l'heure des réquisitions pour Marine Le Pen et ses coprévenus

Après un mois et demi de procès, c'est l'heure des réquisitions pour Marine Le Pen, le Rassemblement national et 24 autres prévenus, accusés d'avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit du parti d'extrême droite. (AFP)
Après un mois et demi de procès, c'est l'heure des réquisitions pour Marine Le Pen, le Rassemblement national et 24 autres prévenus, accusés d'avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit du parti d'extrême droite. (AFP)
Short Url
  • Selon l'accusation, un "système de gestion centralisé" a été établi pour "vider" les enveloppes de 21.000 euros par mois auxquelles les députés européens avaient le droit, pour rémunérer des assistants parlementaires "fictifs"
  • Les procureurs devraient ensuite s'attarder sur le cas de chacun des prévenus : les neuf ex-eurodéputés frontistes, leurs 12 anciens assistants parlementaires, les experts-comptables et le trésorier, et enfin le parti lui-même

PARIS: Après un mois et demi de procès, c'est l'heure des réquisitions pour Marine Le Pen, le Rassemblement national et 24 autres prévenus, accusés d'avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit du parti d'extrême droite.

Les réquisitions à deux voix doivent commencer vers 9H30 mercredi, et durer toute la journée. Après des considérations générales, les deux représentants du parquet, Louise Neyton et Nicolas Barret, devraient commencer par développer leur analyse du "système" qui a selon eux été mis en place au Front national (devenu Rassemblement national) entre 2004 et 2016.

Selon l'accusation, un "système de gestion centralisé" a été établi pour "vider" les enveloppes de 21.000 euros par mois auxquelles les députés européens avaient le droit, pour rémunérer des assistants parlementaires "fictifs" qui travaillaient en réalité pour le parti (en tant que garde du corps, graphiste ou secrétaire), en vue de "soulager les finances".

Les procureurs devraient ensuite s'attarder sur le cas de chacun des prévenus : les neuf ex-eurodéputés frontistes, leurs 12 anciens assistants parlementaires, les experts-comptables et le trésorier, et enfin le parti lui-même. Au total, on compte 26 prévenus, jugés devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics, complicité ou recel de ce délit.

Enfin, en fin d'après-midi ou début de soirée, les procureurs devraient annoncer les peines requises contre chacun.

Ils encourent des peines allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement, un million d'euros d'amende et une peine d'inéligibilité - qui pourrait sérieusement entraver les ambitions de Marine Le Pen à la présidentielle de 2027.

Si une telle peine était prononcée, elle aurait "des conséquences extrêmement graves", a-t-elle plaidé à la barre. "Cela aurait pour effet de me priver d'être candidate à la présidentielle, voilà".

"Derrière il y a 11 millions de personnes qui ont voté pour le mouvement que je représente. Donc demain potentiellement, ce sont des millions et des millions de Français qui de fait se verraient priver de leur candidat à la présidentielle", avait-elle soutenu.

 

- "Innocence" -

 

Depuis l'ouverture le 30 septembre de ce procès, où elle a assisté à quasiment toutes les audiences, la triple candidate à la présidentielle a été interrogée sous plusieurs casquettes: celle d'ancienne députée européenne, pour s'expliquer sur des contrats litigieux conclus avec certains de ses assistants parlementaires, celle d'ancienne cheffe du parti (entre 2011 et 2016), et enfin en tant que représentante du Rassemblement national, jugé en tant que personne morale - elle a eu un pouvoir de l'actuel président Jordan Bardella pour cela.

A chaque fois, elle a clamé son "innocence", celle de son parti et de ses coprévenus. "Aucun" système, mais beaucoup de "mensonges", de "fictions" et de "malentendus",  a-t-elle juré à la barre, disant aussi son "sentiment" que l'opinion du tribunal "était déjà faite".

Tout au long du procès, elle a esquivé les questions qui dérangent, parfois réécrit le dossier. Et s'est enflammée lors de longs monologues sur la "réalité" de la vie d'un parti politique, désireuse de l'expliquer encore et encore... Quitte à exaspérer le tribunal qui lui a sèchement et longuement dit son ras-le-bol, lors de son dernier interrogatoire mercredi : "Ici, on n'est pas en politique, on est devant un tribunal correctionnel", lui a lancé la présidente Bénédicte de Perthuis.

Pendant les interrogatoires (une trentaine au total), les prévenus, bien en mal d'apporter des preuves de travail ou de justifier des échanges de mails compromettants - parlant de "caser" telle personne sur un contrat, "transférer" ou "passer" untel d'un député à un autre -, ont partagé une défense similaire, "frisant parfois l'absurde", comme a dit l'avocat du Parlement européen Patrick Maisonneuve dans sa plaidoirie mardi.

"La plupart des prévenus m'ont semblé assez prisonniers d'un système de défense collective", suivant en rang "la ligne fixée" par la cheffe, Marine Le Pen, a-t-il estimé.

Le Parlement européen a évalué son préjudice financier à 4,5 millions d'euros, mais n'en réclame que 3,4 (une partie ayant déjà été remboursée).

Après les réquisitions, le procès reprendra lundi prochain, avec les plaidoiries de la défense prévues sur deux semaines.


Macron se rendra ce week-end en Argentine, avant le G20 à Rio et au Chili

Le président français Emmanuel Macron se rendra ce week-end en visite à Buenos Aires, en Argentine (Photo Fournie)
Le président français Emmanuel Macron se rendra ce week-end en visite à Buenos Aires, en Argentine (Photo Fournie)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron se rendra ce week-end à Buenos Aires, en Argentine, a annoncé mardi l'Élysée.
  • « Ce déplacement sur le continent américain fait suite à la visite d'État de mars dernier au Brésil et marquera une nouvelle étape dans la relance de notre partenariat avec cette région », a expliqué la présidence.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron se rendra ce week-end à Buenos Aires, en Argentine, pour « poursuivre un dialogue exigeant » notamment sur le climat avec le président ultralibéral argentin Javier Milei, avant de participer au sommet du G20 les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro, a annoncé mardi l'Élysée.

Dans le cadre de cette tournée en Amérique latine, le président « effectuera ensuite une visite au Chili les 20 et 21 novembre 2024, avec des étapes à Santiago et à Valparaiso », a-t-on précisé de même source.

« Ce déplacement sur le continent américain fait suite à la visite d'État de mars dernier au Brésil et marquera une nouvelle étape dans la relance de notre partenariat avec cette région », a expliqué la présidence.

La visite en Argentine, les 10 et 11 novembre, « s'inscrira dans la continuité des précédents échanges avec le président Milei et aura pour objectifs de poursuivre un dialogue exigeant sur les grands enjeux mondiaux, notamment le climat, à la veille du sommet du G20, et d'approfondir les coopérations dans les secteurs stratégiques avec un partenaire historique », a ajouté la présidence.

Selon une source proche du dossier, l'Argentine souhaite acquérir trois sous-marins français Scorpène. La signature d'une lettre d'intention avec la France se heurte à des difficultés de financement de la part des Argentins, a ajouté cette source.

Au Chili, où le président Gabriel Boric est à la tête d'une coalition de gauche, Emmanuel Macron va travailler au développement de « la relation dans l’ensemble des domaines, avec une attention particulière accordée à la transition énergétique, l'intelligence artificielle et les échanges culturels et universitaires », selon l'Élysée. « Les deux présidents partageant une même vision de l'importance du multilatéralisme, notamment en matière de protection des océans et de la biodiversité, les échanges porteront sur des initiatives communes. » 


Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique commémorent le 11 Novembre à Paris

Le président français Emmanuel Macron (R) et le Premier ministre britannique Keir Starmer ravivent la flamme sur la tombe des soldats inconnus lors des commémorations marquant le 106^e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, mettant fin à la Première Guerre mondiale (WWI), sur la place de l'Étoile, à Paris, le 11 novembre 2024. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (R) et le Premier ministre britannique Keir Starmer ravivent la flamme sur la tombe des soldats inconnus lors des commémorations marquant le 106^e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, mettant fin à la Première Guerre mondiale (WWI), sur la place de l'Étoile, à Paris, le 11 novembre 2024. (Photo AFP)
Short Url
  • Les deux dirigeants ont ainsi célébré le 120e anniversaire de l'Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, signée le 8 avril 1904 pour aplanir les différends coloniaux entre les ennemis héréditaires.
  • Le 11 novembre 1944, le général de Gaulle et Winston Churchill avaient commémoré l'Armistice sous l'Arc de Triomphe pour la première fois depuis la libération de la France. 

PARIS : Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont commémoré lundi sur les Champs-Élysées à Paris le 106^e anniversaire de l'Armistice de 1918.

Les deux dirigeants ont ainsi célébré le 120e anniversaire de l'Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, signée le 8 avril 1904 pour aplanir les différends coloniaux entre les ennemis héréditaires.

Emmanuel Macron et Keir Starmer se sont entretenus en début de matinée à l'Élysée.

Concernant l'Ukraine, ils ont réaffirmé, selon la présidence française, « leur détermination à soutenir Kiev de façon indéfectible et aussi longtemps que nécessaire ». Cependant, la poursuite de l'aide militaire des États-Unis semble plus que jamais remise en question avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Ils ont aussi réitéré leur souhait de « poursuivre leurs efforts » pour le retour de la paix au Proche-Orient et de continuer à coopérer sur « les migrations en Manche, en particulier face aux réseaux de trafiquants d'êtres humains », a ajouté l'Élysée.

Le président français et le Premier ministre britannique ont ensuite été accueillis par le Premier ministre Michel Barnier sur les Champs-Élysées.

À quelques pas du palais présidentiel, ils ont déposé une gerbe devant la statue de Georges Clemenceau, puis devant celle de Winston Churchill, avant que retentissent l'hymne anglais, God Save The King, et la Marseillaise.

Ils ont ensuite passé les troupes françaises en revue depuis un véhicule militaire sur la place de l'Étoile, déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe et ravivé la Flamme. Ils ont enfin salué d'anciens combattants français et britanniques, avant un défilé de la Garde républicaine.

« Pour nos blessés de guerre. Pour nos orphelins, nos veuves et veufs de militaires tombés pour la France. Pour nos anciens combattants, héros d'hier. Pour nos soldats, nos marins, nos aviateurs, héros d'aujourd'hui. »

Le 11 novembre 1944, le général de Gaulle et Winston Churchill avaient commémoré l'Armistice sous l'Arc de Triomphe pour la première fois depuis la libération de la France. 

- « Engagez-vous ! » -

« L'amitié franco-britannique vient de loin et a connu des épreuves. Elle sera précieuse pour affronter les défis qui sont devant nous », a souligné Michel Barnier sur X.

Le Premier ministre a inauguré dans l'après-midi une tranchée reconstituée au Musée de la Grande Guerre à Meaux (Seine-et-Marne). À ciel ouvert, l'ouvrage permet de comprendre l'organisation complexe de ce système militaire, composé de différents postes stratégiques, et d'en apprendre davantage sur le difficile quotidien des soldats.

Face aux menaces que représentent la guerre en Ukraine, « la dette écologique qui s'alourdit toujours plus » et « le poison insupportable de l'antisémitisme », Michel Barnier a appelé à « un sursaut collectif ».

« Engagez-vous pour le climat, contre la pauvreté, la précarité, l'isolement », « pour la transmission de notre patrie (...) dans des mouvements politiques », a-t-il lancé à l'adresse de la jeunesse, l'appelant aussi à « prendre soin » de l'Europe « fragile ».