Algérie: Efficacité de la nouvelle politique gouvernementale en matière d’exportations

Port d'Alger (Photo, fournie).
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Publié le Mardi 25 juillet 2023

Algérie: Efficacité de la nouvelle politique gouvernementale en matière d’exportations

  • Pour 2023, le gouvernement algérien table sur un objectif de 13 milliards de dollars de revenus d’exportations hors hydrocarbures
  • Le président algérien a annoncé la mise en place, dans un délai très court, d'un Conseil supérieur des exportateurs, un organisme qui aura pour mission de «prendre en charge toutes les préoccupations des exportateurs»

PARIS: Les exportations algériennes enregistrent ces deux dernières années une hausse constante. Souhaitant sortir de la dépendance aux hydrocarbures, les opérateurs économiques, institutions et organismes financiers s’engagent à créer une synergie permettant de dynamiser les exportations hors hydrocarbures dont les volumes sont passés d’1,7 milliard de dollars (1 dollar = 0,90 euro), en 2019, à 7 milliards de dollars, en 2022.

Pour 2023, le gouvernement algérien table sur un objectif de 13 milliards de dollars de revenus d’exportations hors hydrocarbures. Un objectif réalisable selon Tarek Boulmerka, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), qui assure que l’association est pleinement engagée dans ce sens.

Pour 2023, le gouvernement algérien table sur un objectif de 13 milliards de dollars de revenus d’exportations hors hydrocarbures
Pour 2023, le gouvernement algérien table sur un objectif de 13 milliards de dollars de revenus d’exportations hors hydrocarbures (Photo, fournie).

Volonté politique

Selon Ichak Kherchi, expert en économie et professeur à l'université de Chlef (UHBC), «l'augmentation des exportations de produits hors hydrocarbures résulte principalement d'une volonté politique résolue à promouvoir cette croissance, ainsi que de mesures visant à encourager la production nationale en luttant contre la bureaucratie», précise-t-il à Arab News en français. Il indique qu'un total de «915 projets ont été programmés, ce qui a permis d'élever le produit intérieur brut (PIB) du pays à 187 milliards de dollars en 2022, dépassant ainsi les 165 milliards de dollars enregistrés en 2021. De plus, les prévisions pour 2023 estiment que ce chiffre dépassera les 200 milliards de dollars pour la première fois depuis 2014.»

chak Kherchi, expert en économie et professeur à l'université de Chlef (UHBC)
Ichak Kherchi, expert en économie et professeur à l'université de Chlef (UHBC) (Photo, fournie).

Les autorités publiques ont mis en place diverses mesures pour stimuler les exportations algériennes hors hydrocarbures, telles que des expositions permanentes organisées dans des pays africains comme le Niger, la Mauritanie et le Sénégal. Elles ont également encouragé l'ouverture de succursales de banques algériennes dans ces régions. Des conventions ont été signées entre le Groupe public de transport terrestre de marchandises et de logistique (Logitrans) et la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex) pour faciliter les transactions.

En outre, la diplomatie économique a été mise en avant pour favoriser les échanges commerciaux, notamment avec la promotion de la plate-forme Euromed Trade. Cette plate-forme a été conçue pour faciliter le commerce et l'investissement entre les pays méditerranéens, offrant ainsi de nouvelles opportunités pour les entreprises algériennes.

Interrogé sur l’intérêt de telles mesures, M. Kherchi affirme que «les foires et autres manifestations économiques ont permis d’une part d’encourager la production et de faire sa promotion et d’autre part d’établir des contrats de partenariats entre les producteurs nationaux et des importateurs étrangers. La diplomatie économique a permis de leur ouvrir des marchés.»

Perspectives ambitieuses

«Les exportations de l’Algérie hors hydrocarbures n’ont pas dépassé 3% du volume total d’exportation en 2018 et 2019. Désormais, elles atteignent 11%, et elles pourraient aller de 16 à 22% de la fin de l’année 2023 au début de l’année 2024», a affirmé, de son côté, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors de l’ouverture de la première édition de l’événement Médaille d’honneur de l’exportation organisée au Centre international de conférence Abdelatif-Rahal (CIC Alger), le 11 juillet 2023.

Port d'Alger (Photo, fournie).
Port d'Alger (Photo, fournie).

Il s’agit d’un événement qui vise à récompenser les champions nationaux en matière d’exportation hors hydrocarbures, à promouvoir la nouvelle politique du gouvernement en matière d’exportations et à faire connaître les différentes mesures prises en faveur des opérateurs, publics et privés, qui souhaitent se lancer dans l’exportation de leurs produits et/ou services.

Le président algérien a annoncé la mise en place, dans un délai très court, d'un Conseil supérieur des exportateurs, un organisme qui aura pour mission de «prendre en charge toutes les préoccupations des exportateurs, ainsi que de leur offrir des incitations et des facilités». Le chef de l'État a également déclaré que de nouvelles lignes aériennes seront ouvertes prochainement pour relier les capitales africaines, dans le but de faciliter les échanges commerciaux. Par ailleurs, le processus d'ouverture de zones franches avec les wilayas frontalières de la Mauritanie, du Mali et du Niger sera accéléré, en vue de favoriser l'exportation des produits agricoles.

Afin de favoriser les échanges commerciaux continentaux, il est aussi prévu d’ouvrir des lignes maritimes avec la Mauritanie et le Sénégal
Afin de favoriser les échanges commerciaux continentaux, il est aussi prévu d’ouvrir des lignes maritimes avec la Mauritanie et le Sénégal (Photo, fournie).

Afin de favoriser les échanges commerciaux continentaux, il est aussi prévu d’ouvrir des lignes maritimes avec la Mauritanie et le Sénégal. «Ces grandes réalisations en matière d’exportation, d’investissement et d’économie de la connaissance sont basées sur une approche globale intégrée pour le développement de l’économie et l’amélioration du climat des affaires.» M. Tebboune précise que le pays «est entré dans une nouvelle phase marquée par une politique d’innovation, loin de la logique rentière qui tue d’esprit d’initiative».

Ichak Kherchi souligne que pour «augmenter les exportations, il est essentiel d'accroître la production. À cet égard, les prévisions indiquent que le PIB doublera grâce aux nombreux projets d'investissement enregistrés auprès de l'Agence nationale de la promotion des investissements. Ces projets joueront un rôle crucial dans la croissance de la production, ce qui favorisera à son tour l'expansion des exportations.»


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.