Activités estivales: les villes touchées par les émeutes veulent éviter la «double peine»

Cette photographie aérienne prise le 11 juillet 2023 à bord d'un hélicoptère de l'armée française montre une vue des Tours Aillaud, alias les "Tours Nuages" dans le quartier de la Cité Pablo Picasso à Nanterre, à l'ouest de Paris. (AFP)
Cette photographie aérienne prise le 11 juillet 2023 à bord d'un hélicoptère de l'armée française montre une vue des Tours Aillaud, alias les "Tours Nuages" dans le quartier de la Cité Pablo Picasso à Nanterre, à l'ouest de Paris. (AFP)
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

Activités estivales: les villes touchées par les émeutes veulent éviter la «double peine»

  • «Nous avons déjà perdu un enfant de notre ville, les autres ne doivent pas souffrir d'un manque d'activités», estime une chercheuse au CNRS
  • Un sentiment partagé par toutes les familles et les animateurs interrogées: «Les gens ont besoin de ça pour passer à autre chose» et d'oublier le contexte «anxiogène»

NANTERRE: Jeux d’eau, bac à sable et barbes à papa: des myriades d’enfants gambadent sur la plage de Nanterre dont l'ouverture estivale sur le terrain du stade Gabriel-Péri a été maintenue, quelques jours après la fin des émeutes.

"Annuler les activités aurait été une double punition", estime Meryem Baghdadi, 35 ans, chercheuse au CNRS et habitante du quartier du Mont-Valérien.

"Nous avons déjà perdu un enfant de notre ville, les autres ne doivent pas souffrir d'un manque d'activités", poursuit-t-elle, en référence à Nahel, tué par un policier à Nanterre lors d'un contrôle routier le 27 juin.

Un sentiment partagé par toutes les familles et les animateurs interrogées par l'AFP sur place. "Les gens ont besoin de ça pour passer à autre chose" et d'oublier le contexte "anxiogène", juge Adrien Ziza, 28 ans, éducateur sportif stagiaire à la plage de Nanterre.

La ville a été l'épicentre des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel et a souffert de nombreuses dégradations: une salle de concert, un centre de loisirs et un centre social ont été totalement détruits, deux écoles et un autre centre de loisirs endommagés, occasionnant plusieurs millions d'euros de dommages selon la municipalité.

Pour autant, "pas question" pour la mairie de Nanterre de pénaliser les 2.300 enfants accueillis par les centres de loisirs de la ville.

"Le contexte a ajouté à la pertinence de maintenir cette plage", convient Zahra Boudjemaï, première adjointe au maire, pour qui maintenir les espaces de loisirs proposés par la ville permet de commencer à "se réparer tous ensemble".

Urgence

A une vingtaine de kilomètres plus à l'ouest, à Poissy (Yvelines), un centre social du quartier Saint-Exupéry censé accueillir des activités en juillet a été incendié.

Dans l'urgence, des barnums ont été disposés dans le jardin attenant et deux camions itinérants sont passés proposer des activités aux enfants, de l'initiation à l'astronomie aux plus classiques jeux de société.

"Le jour où ça a brûlé, je suis presque tombée malade, on s'est effondrées avec les autres mamans", se souvient Kadidia Coulibaly, 38 ans, secrétaire assistante et adhérente du centre qui se dit "soulagée" de pouvoir malgré tout assister aux activités avec ses enfants.

"C'est un message qu'on envoie: on ne baisse pas les bras", réagit la maire DVD de cette ville d'environ 40.000 habitants, Sandrine Berno Dos Santos, reconnaissant cependant que ces solutions "restent provisoires".

A de rares exceptions près, de nombreux maires franciliens issus de divers bords de l'échiquier politique ont choisi de maintenir coûte que coûte les activités proposées aux jeunes.

«Ressouder les liens»

À Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où un dépôt de bus de la RATP a brûlé et endommagé la façade d'une piscine qui servira de centre d'entraînement pour les Jeux olympiques, toutes les activités des centres de loisirs et sorties d'enfants ont été maintenues.

"Aubervilliers est une ville avec beaucoup de fragilités, de populations qui ne peuvent pas partir en vacances. On ne peut pas les punir suite aux actes des émeutiers", a expliqué à l'AFP la mairie.

Même son de cloche à Garges-lès-Gonesse dans le Val-d'Oise, qui a vu son hôtel de ville ravagé par un incendie mais maintenu "plus que jamais" les activités de ses centres socio-culturels et associations sportives durant l'été.

"Il faut ressouder les liens et ne pas faire double peine", a déclaré à l'AFP son maire UDI Benoît Jimenez.

Au-delà d'éviter de pénaliser davantage les habitants, maintenir les activités estivales "permet d'apaiser, d'encadrer et de s'évader, pour certaines familles qui n'ont pas les moyens de partir", a jugé pour l'AFP Jean-Philippe Gautrais, maire Nupes de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) où a notamment brûlé un théâtre.

"Notre vocation, souligne l'élu, reste de permettre d'avoir des moments de vivre-ensemble".


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.