La croisade de Trump, un défi inédit pour la démocratie américaine

Un membre des Proud Boys est détenu par la police lors d'une manifestation le 12 décembre 2020 à Washington, DC. Des milliers de manifestants qui refusent d'accepter la victoire du président élu Joe Biden se rassemblent avant le vote du collège électoral pour officialiser la défaite de Trump (306 contre 232).  (Stephanie Keith/Getty Images/AFP)
Un membre des Proud Boys est détenu par la police lors d'une manifestation le 12 décembre 2020 à Washington, DC. Des milliers de manifestants qui refusent d'accepter la victoire du président élu Joe Biden se rassemblent avant le vote du collège électoral pour officialiser la défaite de Trump (306 contre 232). (Stephanie Keith/Getty Images/AFP)
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Publié le Dimanche 13 décembre 2020

La croisade de Trump, un défi inédit pour la démocratie américaine

  • Les institutions ont tenu bon face aux coups de boutoir de Donald Trump, qui refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle
  • En se murant dans le silence ou en embrassant les thèses du président, les élus républicains du Congrès ont encore renforcé les doutes des électeurs conservateurs

WASHINGTON : Les institutions ont tenu bon face aux coups de boutoir de Donald Trump, qui refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle. Mais la démocratie américaine, considérablement secouée, pourrait peiner à s'en remettre.

Avant même le 3 novembre, le milliardaire républicain avait assuré que le scrutin serait "truqué", ce qu'il répète depuis à chaque occasion, malgré la nette victoire du démocrate Joe Biden en voix (sept millions d'avance) et en grands électeurs (306 contre 232).

"On n'a jamais vu un président sortant agir ainsi", même en cas de course serrée, souligne David Farber, professeur d'histoire à l'Université du Kansas. "La légitimité de nos institutions n'a jamais été autant mise en cause, à part pendant la Guerre de Sécession."

Faisant état de "fraudes massives" sans en apporter la preuve, Donald Trump et ses alliés ont introduit une cinquantaine de plaintes dans tout le pays et exercé des pressions sur les autorités en charge du dépouillement.

Les juges, y compris ceux de la Cour suprême, et les élus locaux, même républicains, n'ont pas cédé et les grands électeurs se retrouveront lundi, dans chaque Etat, pour enregistrer leurs votes. "Les Américains peuvent en être fiers", estime M. Farber.

Mais le discours présidentiel a fait mouche auprès d'une partie de la population: un tiers des Américains pensent que Joe Biden doit sa victoire à des fraudes, un chiffre qui monte à 77% chez les électeurs de Donald Trump, selon un sondage de l'université Monmouth.

"Ce type de poison peut s'infiltrer dans la démocratie et miner la légitimité des politiques conventionnelles", craint l'historien. "On verra comment les choses vont tourner mais il y a clairement un danger pour la République."

"Peur"

Les accusations de Donald Trump ont prospéré dans un contexte propice, relève Wendy Schiller, professeure de sciences politiques à l'université Brown.

A cause de la pandémie, les gens n'ont plus de discussions dans les lieux de culte, de travail ou de fête. En parallèle, ils consomment encore plus de médias mais choisissent ceux qui confortent leurs vues, comme les petites chaînes Newsmax et OAN pour les pro-Trump. "Il n'y a plus de place pour la contradiction", dit-elle.

"On peut vraiment choisir sa réalité aujourd'hui, en choisissant quelles chaînes suivre et quels sites consulter. (...) Ce n'est pas très bon pour la démocratie, parce que cela solidifie les opinions", assure également Thomas Holbrook, professeur de politiques publiques à l'Université du Wisconsin.

En se murant dans le silence ou en embrassant les thèses du président, les élus républicains du Congrès ont encore renforcé les doutes des électeurs conservateurs. 

"Il n'y a personne en qui ils aient confiance qui dise le contraire de Donald Trump", regrette Michael Nelson, politologue au Rhodes College, pour qui ces élus sont paralysés par la "peur de mettre leur base en colère".

"Mauvais perdant" 

Dans ce contexte, Joe Biden devrait rencontrer de "vives résistances" pendant les six premiers mois de sa présidence, prédit Wendy Schiller. Pour l'universitaire, elles se tasseront quand la population sera vaccinée contre le Covid-19, que l'économie redécollera et que "les gens verront que Trump est bien parti".

"Aux Etats-Unis, nous avons la chance d'avoir un Etat de droit solide. Je ne suis donc pas trop inquiet pour l'année à venir", estime également Michael Nelson, qui craint toutefois de "voir la démocratie s'éroder" lors des prochains scrutins présidentiels.

Donald Trump "a abaissé la barre de ce qui est acceptable", et les perdants pourraient désormais se tourner systématiquement vers les tribunaux, craint aussi M. Holbrook.

Quant à ceux qui se disent convaincus que l'élection était truquée, "c'est dur de déterminer si cela reflète une conviction profonde" ou si c'est un réflexe de "mauvais perdant" pour se sentir mieux, dit-il.

Si la première hypothèse se confirmait, cela pourrait "élever le seuil de tolérance pour des formes de protestation potentiellement illégales", met-il en garde. "Les gens mécontents pourraient accepter des actions marginales, comme celles des milices."

Le week-end dernier, des dizaines de personnes armées ont ainsi encerclé la maison de l'élue du Michigan en charge des élections. Sur une vidéo de la scène, publiée sur internet, une des manifestantes s'engage à "continuer à se battre pour rendre l'élection au président" Donald Trump. "Ce n'est qu'un début", promet-elle.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.