Crise énergétique et coupures d'électricité: les Egyptiens entre amertume et sarcasme

Des gens achètent des pains plats devant une boulangerie dans le centre-ville du Caire. (Photo par Khaled Desouki / AFP)
Des gens achètent des pains plats devant une boulangerie dans le centre-ville du Caire. (Photo par Khaled Desouki / AFP)
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Publié le Dimanche 30 juillet 2023

Crise énergétique et coupures d'électricité: les Egyptiens entre amertume et sarcasme

  • Le Premier ministre a assuré que les délestages se limiteraient à une ou deux heures par jour tout au plus, et perdureraient jusqu'à la fin de cette période caniculaire où les températures ont dépassé les 45 degrés dans certaines régions
  • Sur la toile, les internautes rivalisent d'humour pour interpréter les recommandations de la compagnie publique d’électricité: «si vous ratez l'ascenseur de 12H50, vous pouvez prendre celui de 13H20», s'amuse l’un d’eux

LE CAIRE : Les Egyptiens n'avaient pas connu pareille situation depuis 10 ans: un été étouffant rythmé par des coupures d'électricité à répétition, privant de courant les précieux climatiseurs et suscitant un certain désarroi parfois teinté d'ironie.

Quand elles ont refait surface il y a une douzaine de jours, ces perturbations énergétiques surgissaient sans prévenir. Jeudi, le Premier ministre Moustafa al-Madbouly a annoncé qu'elles seraient désormais planifiées, s'inscrivant dans un éventail de mesures pour répondre à la demande énergétique croissante induite par la vague de chaleur qui frappe le pays.

Le Premier ministre a assuré que les délestages se limiteraient à une ou deux heures par jour tout au plus, et perdureraient jusqu'à la fin de cette période caniculaire où les températures ont dépassé les 45 degrés dans certaines régions.

Si les réseaux sociaux bruissent de railleries envers les mesures annoncées, le souvenir du tumultueux été 2013 résonne dans l'esprit de tous: le pays le plus peuplé du monde arabe avait alors connu ses dernières coupures de courant, suivies des chamboulements les plus sanglants de son histoire moderne.

En juillet 2013, face à une foule monstre excédée par la présidence de l'islamiste Mohamed Morsi, les coupures chroniques et les pénuries de carburant, le ministre de la Défense d'alors, Abdel Fattah al-Sissi, avait renversé le chef de l'Etat.

Son gouvernement a depuis investi massivement dans l'amélioration du réseau électrique, ne manquant pas une occasion de rappeler l'échec en la matière de M. Morsi. Et aujourd'hui, les autorités s'efforcent de prévenir avec pédagogie, sans toujours y parvenir.

- «Ne prenez pas l'ascenseur» -

Un communiqué de la compagnie publique d'électricité a ainsi plongé 105 millions d'Egyptiens dans la consternation: elle recommande de ne pas prendre l'ascenseur entre «moins dix et dix de chaque heure» au cas où l'électricité serait coupée «pendant pas plus d'une heure», mais sans spécifier les heures concernées.

Sur la toile, les internautes rivalisent d'humour pour interpréter ces recommandations: «ne prenez pas l'ascenseur entre moins dix et dix et on ne vous coupera pas l'électricité plus d'une heure», écrit l'un d'eux.

D'autres proposent des tableaux dignes des horaires de gares: «si vous ratez l'ascenseur de 12H50, vous pouvez prendre celui de 13H20», s'amuse un internaute.

Même le magnat de l'immobilier et des télécommunications Naguib Sawiris y est allé de sa blague: «quand Edison, l'inventeur de l'ampoule électrique est mort, le monde entier a coupé la lumière une minute, en Egypte (...) on continue à honorer sa mémoire quotidiennement», a-t-il écrit sur Twitter, rebaptisé «X».

L'Egypte, qui aspire à devenir un exportateur majeur de gaz naturel, affirme que les fortes chaleurs font flamber la consommation des ménages et des stations en gaz.

Visiblement sans convaincre. «On réduit la pression sur le réseau électrique seulement? Et la pression des factures d'électricité, on la réduit aussi?», s'interroge sur le même réseau social l'avocate des droits humains Mahienour el-Massry.

- «Travail perturbé» -

D'autres ne cachent pas leur amertume. Comme Islam, 36 ans: «pourquoi continuons-nous à exporter du gaz vers l'Europe alors que nous sommes plongés dans l'obscurité?», dit-il à l'AFP.

Le jeune homme, qui a préféré taire son nom de famille, regrette la décision gouvernementale d'exempter les régions touristiques du programme de rationnement électrique. «Ailleurs, c'est généralement le bien-être des citoyens qui prime», lâche-t-il.

«Mon travail a été grandement perturbé car il implique entretiens et cours en ligne», déplore auprès de l'AFP Ayman, professeur d'université. «De plus, les coupures durent souvent plus longtemps que ce qui est annoncé».

Dans un pays où les subventions sont régulièrement levées, celles sur l'électricité ont disparu en 2014. Elles maintenaient pourtant un coût bas pour les foyers égyptiens, aux deux tiers en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté.

Cet été, après un moratoire d'un an, le prix de l'électricité pourrait encore augmenter, alors que les Egyptiens sont déjà pris en étau entre une inflation à 37% et une dévaluation de 50% qui pèse sur les importations.

En 2015, l'Egypte a conclu un accord avec l'Allemand Siemens pour la construction de nouvelles centrales électriques, avec des investissements estimés à six milliards d'euros. En 2018, le pays annonçait fièrement être devenu auto-suffisant en gaz.

En mars dernier, le ministre de l’Électricité assurait, selon le site de fact-checking Sahih Masr, que «le temps des coupures d'électricité est bien révolu, quelle que soit la pression sur le réseau, en hiver comme en été». «Il n'a pas tenu sa promesse», rappelle le site.


Soudan: un glissement de terrain fait plus d'un millier de morts, selon un groupe armé

La guerre civile qui dure depuis deux ans a laissé plus de la moitié de la population confrontée à des niveaux de famine critiques et a poussé des millions de personnes à quitter leur foyer, la capitale de l'État du Darfour du Nord, Al-Fashir, étant sous le feu des combats. (AFP)
La guerre civile qui dure depuis deux ans a laissé plus de la moitié de la population confrontée à des niveaux de famine critiques et a poussé des millions de personnes à quitter leur foyer, la capitale de l'État du Darfour du Nord, Al-Fashir, étant sous le feu des combats. (AFP)
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  • Un glissement de terrain a ravagé un village montagneux de l'ouest du Soudan et tué plus d'un millier de personnes, a annoncé lundi soir un groupe armé contrôlant la zone

KHARTOUM: Un glissement de terrain a ravagé un village montagneux de l'ouest du Soudan et tué plus d'un millier de personnes, a annoncé lundi soir un groupe armé contrôlant la zone, dans ce pays déjà en proie à une grave crise humanitaire.

Cet éboulement, "massif et dévastateur", d'après le communiqué du Mouvement/Armée de libération du Soudan, a frappé dimanche le village de Tarasin dans la région du Darfour.

"Des informations préliminaires pointent vers la mort de tous les habitants du village, dont on estime le nombre à plus d'un millier d'individus", à l'exception d'une personne qui a survécu, précise-t-il. L'éboulement "a complètement détruit" la zone, de même source.

Le groupe armé a lancé un appel à l'aide aux Nations unies et autres organisations humanitaires pour être en mesure de récupérer les corps des personnes ensevelies.

Une guerre civile meurtrière oppose depuis 2023 l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et a plongé le pays dans une grave crise humanitaire. Le Mouvement/Armée de libération du Soudan, qui contrôle plusieurs zones des monts Marra où se trouve le village touché, est, lui, resté essentiellement à l'écart des combats.

Le gouverneur pro-armée du Darfour Minni Minnawi a qualifié l'éboulement de "tragédie" et appelé "les organisations humanitaires internationales à intervenir d'urgence" et apporter leur aide. "La tragédie est plus grande que ce que notre peuple peut supporter seul", s'est-il ému dans un communiqué.

- Guerre civile -

Une grande partie du Darfour comprenant la zone du glissement de terrain reste quasi inaccessible aux acteurs de l'aide humanitaire en raison des combats, alors même que l'état de famine a été déclaré dans plusieurs zones du Darfour.

Depuis avril 2023, la guerre entre le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan et son ancien allié Mohamed Hamdan Daglo, chef des FSR, a fait des dizaines de milliers de morts, plus de 14 millions de déplacés, et entraîné la "pire crise humanitaire au monde", selon les Nations unies.

L'armée a repris cette année le contrôle du centre du Soudan, en particulier Khartoum, la capitale. Les FSR, eux, dominent l'essentiel du Darfour et des portions du sud du pays.

Depuis mai 2024, ces paramilitaires assiègent El-Facher, dernière grande ville du Darfour encore tenue par l'armée, qui compte quelque 300.00 habitants.

Samedi, au moins 19 personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des frappes aériennes au Darfour contre El-Facher mais aussi une clinique visée par l'armée régulière, ont indiqué une source médicale et une ONG, Emergency Lawyers.


La Croix-Rouge met en garde contre l'évacuation de Gaza-ville, Israël durcit le siège

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
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  • "Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué
  • Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs

GAZA: La Croix-Rouge internationale a mis en garde samedi contre une évacuation massive de la population de Gaza-ville, à l'heure où l'armée israélienne durcit le siège de l'agglomération en vue d'une offensive annoncée comme majeure contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville.

Malgré des pressions croissantes, tant à l'étranger qu'en Israël, pour mettre fin à la guerre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu affirme vouloir poursuivre l'offensive et l'armée se prépare à un assaut généralisé sur Gaza-ville. L'armée a jugé "inévitable" l'évacuation de l'agglomération.

"Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué.

Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs.

"Les gens criaient" 

Avec l'offensive sur Gaza-ville, M. Netanyahu et ses alliés d'extrême droite disent vouloir en finir avec le Hamas, dont l'attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, et ramener les otages enlevés ce jour-là et toujours retenus là-bas.

Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que 66 Palestiniens  avaient été tués dans des frappes israéliennes, dont 12 personnes lors d'un raid contre des tentes abritant des déplacés dans le quartier d'al-Nasr, à Gaza-ville.

Selon Oum Imad Kahil, qui se trouvait à proximité, des enfants figurent parmi les victimes de cette frappe qui a "fait trembler la terre".

"Les gens criaient, tout le monde courait, essayant de sauver les blessés et de récupérer les martyrs gisant au sol", a déclaré cette femme de 36 ans à l'AFP.

La Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a fait état samedi matin de frappes israéliennes intenses sur Gaza-ville.

"Les bombardements étaient insensés, ils n'ont pas cessé une seconde, et nous n'avons pas dormi", a déclaré Abou Mohammad Kishko, un habitant du quartier Zeitoun, joint par téléphone.

Il dit ne pas avoir évacué la ville parce qu'"il n'y a aucun endroit sûr" dans la bande de Gaza.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile.

"Inculpé de meurtre" 

Samedi en fin de journée, l'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste clé du Hamas dans la zone de la ville de Gaza", sans donner plus de détails sur son identité.

Selon des médias israéliens citant des sources de sécurité anonymes, il s'agirait du porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida.

En Israël, ceux qui s'opposent à l'offensive prévue à Gaza-ville craignent qu'elle ne coûte la vie à davantage de soldats et mette en danger la sécurité des otages enlevés le 7-Octobre et encore vivants.

Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour réclamer la libération des otages et la fin de la guerre.

"Netanyahu, si mon Matan revient dans un cercueil (...), je veillerai personnellement à ce que vous soyez inculpé de meurtre", a lancé la figure de proue du Forum des familles d'otages, Einav Zangauker, en parlant de son fils.

Israël a annoncé avoir identifié les restes d'un des deux corps d'otages que l'armée avait récemment ramenés de Gaza. Il s'agit de Idan Shtivi, un jeune homme qui avait été enlevé au festival de musique Tribe of Nova.

Par ailleurs, une flottille chargée d'aide humanitaire, menée notamment par la militante suédoise Greta Thunberg, doit appareiller dimanche depuis Barcelone pour tenter de rompre le blocus de Gaza, selon ses organisateurs.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Les représailles militaires israéliennes ont fait au moins 63.371 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé placé sous l'autorité du Hamas.


Yémen: l'ONU annonce l'arrestation d'au moins onze de ses employés par les Houthis

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
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  • L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël
  • "Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies"

SANAA: L'ONU a annoncé dimanche la détention d'au moins onze de ses employés au Yémen par les rebelles houthis, qui mènent une campagne d'arrestations après la mort jeudi de leur Premier ministre dans des frappes israéliennes.

L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël.

"Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies aujourd'hui à Sanaa et à Hodeïda par Ansar Allah" (nom officiel des Houthis, ndlr).

Il a dénoncé "l'entrée par effraction dans les locaux des Nations unies et la saisie de biens appartenant à l'organisation".

Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait annoncé plus tôt l'arrestation d'un de ses employés à Sanaa par les rebelles houthis qui se sont emparés de la capitale yéménite en 2014 et contrôlent aujourd'hui une grande partie du pays.

Le pouvoir yéménite internationalement reconnu, chassé de Sanaa, a lui son siège à Aden, la grande ville du Sud.

"La détention arbitraire de personnel humanitaire est inacceptable. La sûreté et la sécurité du personnel sont essentielles à la réalisation d'un travail humanitaire vital", a ajouté le PAM.

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux.

M. Rawhi est le plus haut responsable politique connu des Houthis à avoir été tué dans des raids israéliens depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre 2023.

"Viser une réunion ministérielle avec plusieurs missiles est à la fois lâche et brutal", s'est emportée auprès de l'AFP une habitante de Sanaa qui a requis l'anonymat.

"Souveraineté" 

"Je suis effarée que certains célèbrent une telle violence, malgré nos différences, nous sommes tous les enfants du même pays", a-t-elle ajouté.

Ali, un autre habitant qui a demandé à être identifié par son seul prénom, a dénoncé "une attaque flagrante, pas seulement contre des individus, mais contre la souveraineté de tout un pays".

L'assassinat de M. Rahwi a déclenché une vague d'arrestations dans les territoires sous contrôle des Houthis.

Samedi, une source de sécurité yéménite a déclaré à l'AFP que les Houthis avaient arrêté à Sanaa, Amran (nord) et Dhamar (sud-ouest) des dizaines de personnes, "soupçonnées de collaboration avec Israël".

L'ONU avait annoncé fin janvier que huit de ses salariés au Yémen avaient été arrêtés par les rebelles houthis, qui détiennent déjà des dizaines d'employés des Nations unies et de plusieurs organisations humanitaires depuis juin 2024.

"Honte absolue" 

En juin, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé "leur libération immédiate et inconditionnelle" et a déploré la "tragédie déplorable" de la mort en détention d'un employé du PAM plus tôt cette année.

"Je condamne avec force les détentions arbitraires, le 31 août, d'au moins 11 membres du personnel des Nations unies par les autorités houthies de facto au Yémen dans les zones sous leur contrôle", a-t-il déclaré dans un communiqué dimanche.

Le responsable de l'ONU a appelé à la "libération immédiate et inconditionnelle" des 11 employés ainsi qu'à celle "de tous les autres employés des Nations unies, d'ONG internationales et nationales, de la société civile et de missions diplomatiques qui sont arbitrairement détenus".

Les Houthis avaient justifié les arrestations de juin par la découverte d'un "réseau d'espionnage américano-israélien" opérant sous couvert d'organisations humanitaires, des accusations fermement rejetées par l'ONU.

Dix ans de guerre civile ont plongé le Yémen dans l'une des pires crises humanitaires mondiales, selon l'ONU.

Morcelé, le pays est profondément divisé. Un comédien yéménite a ainsi suscité la controverse en publiant une vidéo se réjouissant de la mort de M. Rahwi.

Mohammed al-Adrei, qui se présente comme conseiller au ministère de l'Information du gouvernement reconnu internationalement, s'est filmé en tenue traditionnelle yéménite, poignard à la ceinture, dansant sur une musique festive.

Il a posté la vidéo quelques heures après l'annonce de l'assassinat du Premier ministre houthi.

L'écrivain Khaled al-Rowaishan s'est insurgé sur Facebook: "C'est une honte absolue de se réjouir de la mort d'un Yéménite, quel qu'il soit, tué par des missiles israéliens."