Niger: sommet ouest-africain, sanctions attendues contre les putschistes

Des partisans des forces de défense et de sécurité nigériennes se rassemblent lors d'une manifestation devant l'Assemblée nationale à Niamey le 27 juillet 2023. (AFP)
Des partisans des forces de défense et de sécurité nigériennes se rassemblent lors d'une manifestation devant l'Assemblée nationale à Niamey le 27 juillet 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 30 juillet 2023

Niger: sommet ouest-africain, sanctions attendues contre les putschistes

  • De fait, la Cédéao, 15 membres, peut prononcer des sanctions contre le Niger, l'un de ses membres, et emboîter le pas à l'UE et la France
  • Le Niger est l'un des pays les plus pauvres au monde, vaste territoire désertique d'une population de quelque 20 millions d'habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées de la planète

ABUJA: Les pays d'Afrique de l'Ouest se réunissent dimanche à Abuja en "sommet spécial" pour évaluer la situation au Niger après le coup d'Etat militaire, avec de probables sanctions à la clé dans le sillage de celles décidées par la France et l'UE.

La pression s'accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort proclamé du pays, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger, à l'origine de la chute de Mohamed Bazoum, séquestré depuis quatre jours.

De fait, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 membres) peut prononcer des sanctions contre le Niger, l'un de ses membres, et emboîter le pas à l'UE et la France, qui ont décidé de suspendre leurs aides budgétaires, et même sécuritaires du côté de l'institution européenne, ne reconnaissant pas les "autorités" issues du putsch.

Le président nigérian à la tête du bloc ouest-africain, Bola Tinubu, avait condamné le coup dès mercredi et promis que l'organisation et la communauté internationale "feraient tout pour défendre la démocratie" et son "enracinement" dans la sous-région.

L'aide publique au développement française pour le Niger s'est élevée à 120 millions d'euros en 2022. Elle devait être légèrement supérieure en 2023 mais ne sera donc pas délivrée, selon le ministère des Affaires étrangères.

Quant à l'Union africaine (UA), elle a posé vendredi un ultimatum de 15 jours aux militaires pour rétablir "l'autorité constitutionnelle".

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a, lui, assuré M. Bazoum de "l'indéfectible soutien" de Washington, assurant que le coup d'Etat mettait en péril le "partenariat" entre les Etats-Unis et le Niger.

Il a également parlé dimanche avec M. Tinubu, exprimant sa "profonde inquiétude" tout en saluant le "leadership" et les "efforts" du président nigérian pour "restaurer l'ordre constitutionnel au Niger", a rapporté Matthew Miller, porte-parole du département d'Etat.

Pivot antijihadiste

Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est l'un des pays les plus pauvres au monde, vaste territoire désertique d'une population de quelque 20 millions d'habitants, avec une croissance démographique parmi les plus élevées de la planète.

Niamey est aussi le dernier allié avec lequel la France entretient un partenariat dit de "combat" contre les jihadistes, dans cette région minée par l'instabilité, la précarité et les attaques.

Paris compte actuellement quelque 1.500 militaires au Niger, qui opéraient jusqu'ici conjointement avec l'armée locale.

Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l'opération Barkhane de l'armée française au Sahel et au Sahara, a appelé à manifester dimanche malgré l'interdiction du rassemblement.

Le général Tiani, proclamé chef de l'Etat par ses pairs, a justifié le coup d'Etat de mercredi par "la dégradation de la situation sécuritaire".

Tout en qualifiant d'"appréciable" le soutien des "partenaires extérieurs" du Niger -- la France et les Etats-Unis (1.100 soldats) faisant partie des principaux -- il leur a demandé de "faire confiance (à ses) Forces de défense et de sécurité (FDS)".

Condamnation internationale

Le putsch mené par ce haut gradé discret a été vivement condamné par les partenaires occidentaux de Niamey, plusieurs pays africains et l'ONU, qui ont demandé la libération de Mohamed Bazoum.

L'entourage de ce dernier a dénoncé "un coup d'Etat pour convenance personnelle", affirmant que M. Bazoum "va très bien" malgré sa séquestration.

A Nairobi, le président kenyan William Ruto a estimé qu'avec ce coup d'Etat, "l'Afrique a subi un sérieux revers dans ses avancées démocratiques".

Le ministre de l'Energie du président déchu, Ibrahim Yacouba, a lui invité la Cédéao et l'UA à lutter pour "la libération sans délai" de M. Bazoum et la reprise de ses fonctions.

Riche en uranium, le Niger a une histoire jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960. La région, elle aussi, est instable, le pays étant le troisième à connaître un coup d'Etat depuis 2020 après l'arrivée des militaires au Mali et au Burkina Faso.

A quelques jours de la fête de l'indépendance le 3 août, un calme relatif régnait samedi dans les rues de Niamey après l'interdiction des manifestations pro-putschistes.

Les habitants ont repris leurs activités mais la présence des Forces de défense et de sécurité a été renforcée dans les rues, a constaté un journaliste de l'AFP.

La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu en vigueur de minuit à 05H00 du matin.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.