La Provence à la recherche d'un tourisme qui n'épuise pas la ressource en eau

Une photo prise le 2 octobre 2013 montre une partie du village des Baux-de-Provence, classé parmi les Plus beaux villages de France. (Photo Bertrand Langlois / AFP)
Une photo prise le 2 octobre 2013 montre une partie du village des Baux-de-Provence, classé parmi les Plus beaux villages de France. (Photo Bertrand Langlois / AFP)
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Publié le Lundi 31 juillet 2023

La Provence à la recherche d'un tourisme qui n'épuise pas la ressource en eau

  • La Provence attire nombre de touristes l'été avec des «marques» comme le festival d'Avignon, le Luberon et ses villages régulièrement dans les classements des «plus beaux» au monde, à l'image de Gordes
  • Selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), les territoires très touristiques peuvent enregistrer jusqu'à une multiplication par trois de la consommation d'eau par tête

AUBIGNAN, France : Dans une Provence prisée des touristes mais où l'eau se raréfie en raison du changement climatique, des hôtels et campings tentent de trouver des solutions pour moins consommer la précieuse ressource.

«Nous avons refait l'intégralité des sanitaires, changé la robinetterie et mis des économiseurs d'eau partout. On pratique l'arrosage raisonné et on diversifie la végétation avec des espèces plus économes en eau», raconte à l'AFP Lionel Davin qui dirige le camping intercommunal du Brégoux, sur la commune d'Aubignan dans le Vaucluse.

«La consommation d'eau a pu diminuer d'environ 30%», se réjouit-il.

Un résultat important dans un département de Provence où les premières restrictions d'usage de l'eau ont été imposées cette année dès la mi-avril, mais qui attire aussi nombre de touristes l'été avec des «marques» comme le festival d'Avignon, le Luberon et ses villages régulièrement dans les classements des «plus beaux» au monde, à l'image de Gordes.

Célébrée dans le best-seller mondial «A year in Provence» (Peter Mayle), la région est aussi récemment apparue dans la dernière saison de la série Netflix à succès «Emily in Paris».

Le tourisme y est donc un secteur économique d'importance: plus de 1,3 milliard d'euros de chiffre d’affaires annuel et 8,5% du Produit intérieur brut départemental, selon une étude de 2020.

En 2022, on y a enregistré 23,3 millions de nuitées touristiques, selon l'agence départementale Vaucluse Provence Attractivité (VPA).

- Projet pilote -

Mais le secteur pèse également lourd sur les ressources naturelles, dont l'eau. Selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), les territoires très touristiques peuvent enregistrer jusqu'à une multiplication par trois de la consommation d'eau par tête.

VPA veut donc favoriser une transition vers un tourisme plus «durable».

Un projet pilote fait un état des lieux, avec des professionnels volontaires, des infrastructures et pratiques, pour proposer des améliorations. VPA et ses partenaires (offices du tourisme, organisations professionnelles...) mènent les premières visites tests dans une trentaine d'établissements.

«Il s'agit de poser les diagnostics et définir les enjeux principaux, accompagner les acteurs pour que leur offre change», explique Emilie André, chargée de mission à VPA. En proposant un inventaire détaillé des meilleures «écosolutions» possibles.

Mais aussi en «apportant de l'ingénierie financière», comme les fonds fléchés par l'Ademe vers le secteur du tourisme (plus de 30 millions d'euros sur 2023/24).

C'est ce qui pourrait intéresser Lionel Davin. La facture d'eau de son camping de 153 emplacements atteint toujours environ 20.000 euros l'an, même si la piscine, construite il y a quelques années pour attirer une clientèle plus familiale, n'est pas vidée hors saison, mais mise en «hivernage» pour économiser l'eau.

Pour réduire encore la consommation, le directeur envisage un système de bracelets électroniques, permettant d'offrir aux clients un volume de base et facturer au-delà. Ou une nouvelle robinetterie à détection d'usage infrarouge.

Des financements seraient bienvenus, même si «le retour sur investissement peut être deux à trois fois plus important» en factures contenues, dit-il.

- Gravier plutôt que pelouse -

Propriétaire du Mas des Grès, niché à Lagnes, dans l'est du Luberon, Emilie Brès abonde. «On a passé la canicule de l'été dernier à refaire le niveau de la piscine», dit-elle, assise à l'ombre de platanes centenaires dans la cour de cet hôtel de 14 chambres.

Depuis, l'établissement a investi 11.000 euros dans une couverture de piscine isolante, pilotée à l'énergie solaire, qui limite l'évaporation.

L'ancien jacuzzi a également été changé. Avec une aide globale de 10.000 euros de l'Ademe. Des investissements «qui nous ont permis d'économiser l'eau sur un plan écologique, mais aussi des économies financières, puisque nos factures ont baissé».

Les salles de bains ont été équipées de «mousseurs» réduisant la consommation au robinet. Et la pelouse de la cour a été remplacée par un élégant gravier blanc, réduisant d'autant l'arrosage.

«Les gens sont plus conscients de la place que doit avoir l'écologie dans le tourisme», affirme Emilie Brès.

Plusieurs «collectifs» locaux en doutent et se sont créés ces derniers mois, notamment contre des projets d'hôtels qu'ils jugent trop consommateurs de ressources. France Nature Environnement les soutient.

«Les ressources sont insuffisantes par rapport aux besoins»souligne Patrick Faure, membre du bureau de FNE-Vaucluse.

Et de pointer «une contradiction entre l'environnement et une économie pas compatible avec ce que la nature a à nous donner. Et qui va encore diminuer avec le changement climatique».


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.