En Grèce, la colère d'une île touristique contre un projet de fermes piscicoles

A terme, ces fermes piscicoles couvriraient un quart de l'île, soit 600 hectares de terre et 269 hectares en mer. (AFP).
A terme, ces fermes piscicoles couvriraient un quart de l'île, soit 600 hectares de terre et 269 hectares en mer. (AFP).
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Publié le Mardi 01 août 2023

En Grèce, la colère d'une île touristique contre un projet de fermes piscicoles

  • Dans le Golfe saronique, cette petite île touristique ne veut pas d'élevage intensif de daurades et de loups de mer destinés aux cuisines françaises ou italiennes
  • "Oui au tourisme maritime, non à la pisciculture", proclame l'une des banderoles

POROS: Sur le quai inondé de soleil, le Grec Spiros Papaioannou nettoie ses filets et ressasse son mécontentement. "Ces fermes piscicoles, on n'en veut pas sur notre île!".

"On va nous chasser, nous, les pêcheurs. C'est certain!", tempête le septuagénaire dans ses bottes  blanches en caoutchouc. Ce matin de juillet, comme tous les jours entre 4h30 et 5h, il est allé relever ses filets dans les eaux de la mer Egée, au large de Poros.

Dans le Golfe saronique, cette petite île touristique ne veut pas d'élevage intensif de daurades et de loups de mer destinés aux cuisines françaises ou italiennes.

Et la colère qui agite ce petit territoire de 3.000 habitants, séparé du Péloponnèse par un étroit bras de mer, s'étale jusqu'au centre culturel de l'île. "Oui au tourisme maritime, non à la pisciculture", proclame l'une des banderoles.

Plusieurs fermes piscicoles exploitées par le groupe gréco-espagnol Avramar, qui se présente comme le premier producteur mondial de poissons méditerranéens, existent déjà à Poros.

Mais un projet prévoit de faire de l'île l'un des principaux sites d'aquaculture en Grèce.

A terme, ces fermes piscicoles couvriraient un quart de l'île, soit 600 hectares de terre et 269 hectares en mer.

Pays méditerranéen avec plus de 15.000 km de côtes, la Grèce cherche à développer son industrie aquacole et a identifié de longue date 25 sites pour l'installation de fermes piscicoles.

L'Union européenne a alloué 92 millions d'euros de fonds au pays d'ici 2027 pour la promotion de l'aquaculture qui en Grèce a connu une hausse de 7% en volume en 2021, à 131.000 tonnes, selon l'Organisation hellénique des producteurs aquacoles (ELOPY).

A Poros, la production annuelle doit passer à plus de 8.800 tonnes, contre 1.100 tonnes actuellement durant les cinq premières années, affirme l'autorité de gestion du projet, POAY Poros, à l'AFP.

Le maire de l'île mène la fronde contre l'agrandissement des sites d'élevage. Poros "dépend à 95% directement ou indirectement du tourisme", explique à l'AFP Yannis Dimitriadis.

"On va devenir une zone industrielle, cela remet en question tout l'équilibre de notre économie", poursuit l'édile qui assure avoir déjà rencontré à deux reprises le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis pour lui exposer son opposition au projet.

Contactée par l'AFP, le groupe Avramar, qui a réalisé en 2021 un chiffre d'affaires de 157 millions d'euros, n'a pas souhaité livrer de détails assurant que le projet était en "phase préliminaire".

Toutefois, selon la POAY Poros, la procédure d'approbation par les autorités grecques doit être terminée d'ici novembre 2024.

« Nous ne voulons pas être Santorin ou Mykonos »

Avec ses bâtisses couleur pastel, ses placettes blanches d'où jaillissent lauriers roses et bougainvilliers fuchsia, Poros cultive l'image d'un tourisme à taille humaine loin des méga complexes hôteliers.

"Nous ne voulons pas être Santorin ou Mykonos", explique Magdalena Iwaszko, propriétaire d'un petit établissement hôtelier.

"Les touristes viennent ici pour se relaxer (...) L'implantation de fermes piscicoles aurait d'énormes conséquences environnementales. Personne ne veut de l'aquaculture ici!", s'inquiète-t-elle, installée sur l'une des terrasses qui bordent le port de l'île.

"Poros, ce sont des eaux claires comme le cristal et une côte intacte".

L'embarcation de Tasos Ladas a mis le cap au nord, dépassé un îlot surmonté d'une chapelle blanche avant d'atteindre une petite baie lovée dans un décor aux déclinaisons émeraude et turquoise.

Tapissée de pins, la partie nord de l'île, Kalavria, est abandonnée au refrain entêtant des grillons et au béguètement des chèvres.

Aucun bateau de plaisance ne barre l'horizon, juste de grosses cages sphériques flottantes.

"Je ne suis pas opposé (fondamentalement) aux fermes piscicoles. Notre mer se vide de ses poissons d'année en année. Donc elles sont un mal nécessaire. Mais il faut que ce soit fait correctement, avec un protocole strict et des contrôles et pas dans des zones touristiques" note le pêcheur.

Le maire s'inquiète aussi des conséquences environnementales où la concentration importante de poissons dans de petits bassins favorise le développement de maladies.

Il dénonce aussi le fléau "des déchets produits par ces poissons, les médicaments administrés aux poissons, l'utilisation en grande quantité de formol".

"Tout ceci se répand ensuite dans la mer", ajoute-t-il, assurant que la surface de l'eau autour des bassines est devenue huileuse en raison des aliments donnés aux poissons.

Les fermes piscicoles réfutent ces accusations, affirmant que protéger l'environnement et veiller à la santé des poissons sont essentiels pour leurs activités.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com