JO-2024: la vie dans un Paris ultra-sécurisé

Une femme tient des ballons rouges sur la place du Trocadéro, devant la Tour Eiffel à Paris. (AFP).
Une femme tient des ballons rouges sur la place du Trocadéro, devant la Tour Eiffel à Paris. (AFP).
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Publié le Mercredi 02 août 2023

JO-2024: la vie dans un Paris ultra-sécurisé

  • Pour que Paris soit une place des fêtes ultra-sécurisée, le comité d'organisation des JO-2024 et la préfecture de police peaufinent un plan d'action mobilisant chaque jour entre 15 000 et 45 000 effectifs
  • Interdiction d'approcher au plus près, déviation au plus loin... Il ne fera pas forcément bon vivre dans la capitale pour les Parisiens

PARIS : Dans un an, le cœur de Paris battra au rythme des Jeux olympiques, sans transit possible, avec des périmètres de déviation voire d'interdiction, des transports en commun bondés et des riverains qui devront montrer "patte blanche" pour rentrer chez eux.

Pour que Paris soit une place des fêtes ultra-sécurisée, le comité d'organisation des JO-2024 et la préfecture de police peaufinent un plan d'action mobilisant chaque jour entre 15 000 et 45 000 effectifs.

"On ne pourra pas circuler librement autour des sites olympiques, il y aura des périmètres d'interdiction de circuler, il y aura des flux de piétons, il faudra laisser passer les athlètes, les personnes accréditées", prévient auprès de l'AFP le préfet de police, Laurent Nuñez.

"Dans Paris centre, on aura un grand périmètre de circulation avec deux niveaux entre le Trocadéro, le Champ-de-Mars, la Tour Eiffel, le Grand Palais, les Invalides", poursuit le préfet.

Interdiction d'approcher au plus près, déviation au plus loin... Il ne fera pas forcément bon vivre dans la capitale pour les Parisiens. "Les ayants droit pourront circuler sur autorisation mais on ne permettra pas le transit", souligne-t-il.

Les plans de circulation seront rendus publics à l'automne mais dès ce mois d'août, les Parisiens auront un avant-goût de ce qui les attend à l'été 2024 puisqu'un certain nombre de dispositifs seront testés lors d'épreuves (natation, marathon, triathlon, tir à l'arc).

Le plus rude est à prévoir avec la cérémonie d'ouverture: "Ca va constituer une contrainte pour les gens qui vivent là mais on aura un périmètre de contrôle mis en place volontairement plusieurs jours avant. Il faudra montrer patte blanche, entre guillemets, pour pénétrer dans cet espace", souligne Laurent Nuñez.

Les bouquinistes dépités

Pour cette cérémonie qui se déroulera sur la Seine selon un scénario inédit, devant plusieurs centaines de milliers de spectateurs, la difficulté sera d'assurer la sécurité dans un environnement ouvert et urbain.

Les célèbres bouquinistes, présents sur les quais de Seine depuis 450 ans, ont d'ores et déjà été priés de décamper, une décision qu'ils contestent.

Dans les transports, les effectifs policiers seront renforcés, alors que sept millions de personnes sont attendues pendant les deux semaines des JO (26 juillet - 11 août), trois millions pendant les paralympiques (28 août - 8 septembre). Elles devront être acheminées sur 25 sites, ce qui provoquera plusieurs fois par jour des pics d'affluence que le réseau n'a pas l'habitude d'absorber.

Les autorités espèrent en tout cas éviter les incidents survenus sur la ligne 4 du métro le 14 juin, qui restent dans les mémoires: des centaines de voyageurs s'étaient retrouvés piégés en pleine heure de pointe, par une chaleur étouffante, dans cinq rames bloquées dans les tunnels.

Reste le volet épineux de la délinquance. Pour y faire face, un plan "zéro délinquance" a été lancé en novembre dernier, avec des actions ciblées à Paris et en Seine-Saint-Denis.

Ce plan se matérialise par une présence abondante de fonctionnaires en tenue - donc visibles - sur la voie publique et maintes opérations judiciaires et de contrôle. Selon la préfecture de police, depuis son lancement, plus de 100 000 personnes ont été interpellées pour vols, ventes à la sauvette, violences, infractions liées aux stupéfiants ou port d'armes prohibé.

"On aura un gros dispositif de sécurisation, fort de ce qu'il s'était passé au Stade France (finale de la Ligue des Champions le 28 mai 2022, NDLR) où on a eu plusieurs centaines de jeunes qui sont en fait venus pour dépouiller les supporters, notamment britanniques, particulièrement ciblés", rappelle Laurent Nuñez.

Les violences urbaines qui ont embrasé plusieurs villes de France il y a un mois ont ravivé le spectre de l'insécurité. La mairie de Paris s'est dite "préoccupée" par ces violences mais n'a "pas d'inquiétude" quant à d'éventuelles répercussions sur les JO.

"Le contexte social et sociétal est assez préoccupant, mais on est à un an des Jeux. Il ne faut pas confondre les échéances", estimait début juillet le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.