Dans l'arrière-pays niçois, l'intelligence artificielle pour alerter sur des feux de forêt

Selon les données officielles, sur le pourtour méditerranéen français, on est passé de près de 32.500 hectares brûlés chaque année entre 1973 et 1982 en moyenne, à 12.700 sur la période 1993-2002. (AFP).
Selon les données officielles, sur le pourtour méditerranéen français, on est passé de près de 32.500 hectares brûlés chaque année entre 1973 et 1982 en moyenne, à 12.700 sur la période 1993-2002. (AFP).
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Publié le Mercredi 09 août 2023

Dans l'arrière-pays niçois, l'intelligence artificielle pour alerter sur des feux de forêt

  • Installés depuis juin sur la tour de cette petite ville de 4.000 habitants, mais aussi sur un belvédère naturel dans la campagne environnante, les cinq détecteurs de la commune fonctionnent en permanence
  • Dès qu’une fumée suspecte est détectée, l’alerte est donnée sur le téléphone du maire et auprès de la Force opérationnelle "risques catastrophes environnement" du département

TOURETTES-SUR-LOUP: Petite commune de l’arrière-pays niçois très exposée au risque incendie, Tourrettes-sur-Loup est l’une des premières des Alpes-Maritimes, dans le sud-est de la France, à expérimenter des capteurs basés sur l’intelligence artificielle pour détecter au plus vite les départs de feu de forêt.

Installés depuis juin sur la tour de cette petite ville de 4.000 habitants, mais aussi sur un belvédère naturel dans la campagne environnante, les cinq détecteurs de la commune fonctionnent en permanence, chacun prenant toutes les cinq secondes une photographie de sa zone.

Dès qu’une fumée suspecte est détectée, l’alerte est donnée sur le téléphone du maire et auprès de la Force opérationnelle "risques catastrophes environnement" du département (Force 06), qui relaie l’information auprès des pompiers. En cas d’alerte, le maire ou les agents de cette force entendent une sonnerie sur leur téléphone et reçoivent la photo de l’endroit où la fumée a été détectée ainsi que son point GPS.

"Je me dois de protéger les habitants, le patrimoine, mais aussi l'environnement, ça fait partie de mes fonctions de maire", explique Frédéric Poma, également pompier volontaire.

Avec 30 km2, sa commune est à 80% en zone rouge de risque de feux de forêt.

"Nous avons déjà eu par le passé un certain nombre d'incendies, la mise en place de ces dispositifs était quelque chose d’important", affirme l’élu. Installés à titre gracieux, ces cinq détecteurs, fabriqués en Pologne, lui reviendront à 6.000 euros de location par an, si la commune poursuit l’expérience dans un an.

Moins de cinq minutes

"L’intérêt de ces capteurs est de pouvoir détecter en moins de cinq minutes une fumée issue d’un incendie de forêt, et ce 24 heures sur 24 et 365 jours par an", explique Pierre Borghini, un pompier professionnel de Nice qui a fondé la société distributrice de ces détecteurs.

"L’intelligence artificielle amène ce petit plus qui est la comparaison entre elles des photos prises à intervalles réguliers, un peu comme un jeu des sept erreurs, ce qui permet d’analyser l’apparition d’une fumée à la suite d'un départ d'incendie", détaille-t-il.

"Les caméras installées par le département sur ses postes de vigie sont des caméras de levée de doute, elles vérifient la présence d’une fumée lorsqu’il y a déjà eu une alerte, tandis que ces détecteurs produisent l’alerte", ajoute M. Borghini, qui souligne aussi la faculté de l’intelligence artificielle à se perfectionner sans cesse.

Au début, le système déclenchait l’alerte pour un nuage de poussière sur une piste, ce qu’il a rectifié.

Chef des opérations du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis 06), le commandant Xavier Wiik estime que ces technologies sont "un réel plus".

"La doctrine française, c’est une attaque massive et rapide de tout départ de feu de forêt", note-t-il. "Plus le feu est détecté rapidement, plus la levée de doute est fiable, et plus vite nous pouvons envoyer les moyens adaptés, des hommes au sol avec des camions ou des hélicoptères bombardiers d’eau", ajoute M. Wiik.

Cependant, ces capteurs trouvent surtout leur intérêt dans des zones éloignées du littoral. Sur la côte méditerranéenne, très urbanisée et fréquentée par les touristes, la détection est faite par les appels au 18 ou au 112 assez rapidement.

"Dans des zones plus reculées, il y a un intérêt réel à ce que la technologie puisse nous apporter ce regard, de même que la nuit où il y a moins de circulation", précise le chef pompier.

Depuis le début de la saison estivale, près d’une centaine d’hectares de végétation sont partis en fumée dans les Alpes-Maritimes, contre 36 l’été dernier qui avait bénéficié de conditions tropicales et d'un air humide peu propice aux incendies.

Selon les données officielles, sur le pourtour méditerranéen français, on est passé de près de 32.500 hectares brûlés chaque année entre 1973 et 1982 en moyenne, à 12.700 sur la période 1993-2002, puis à 8.780 entre 2013 et 2022, grâce à la stratégie d'alerte et de réaction rapide.


Jeudi "noir" de manifestations en France pour peser sur le prochain gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.