Le rappeur Médine fait scandale, les Verts maintiennent leur invitation

Le rappeur Médine (Photo, AFP).
Le rappeur Médine (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 13 août 2023

Le rappeur Médine fait scandale, les Verts maintiennent leur invitation

  • Le parti écologiste a invité Médine à un débat le 24 août au Havre
  • Les Verts restent déterminés à l'accueillir à leur université d'été et ont balayé vendredi les pressions qui s'accroissent sur eux

PARIS: Les Verts restent déterminés à accueillir le rappeur Médine à leur université d'été et ils ont balayé vendredi les pressions qui s'accroissent sur eux comme sur la France insoumise (LFI) pour déprogrammer des débats avec l'artiste taxé d'antisémitisme et de communautarisme.

Face à la polémique qui enfle, la cheffe de file d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Marine Tondelier a souligné dans un entretien à l'AFP l'évolution et le parcours d'une personnalité qui a "ouvert les yeux sur ses erreurs" au fil des années.

"La question de la lutte contre les intolérances (...) passe forcément par des gens qui ne savaient pas et qui ouvrent les yeux, qui se déconstruisent, se conscientisent, qui reconnaissent des erreurs passées, qui avancent", a-t-elle ajouté.

Le parti écologiste a invité Médine à un débat le 24 août au Havre. Il sera aussi convié aux réunions de rentrée du parti de Jean-Luc Mélenchon, le 26 août dans la Drôme.

Dès ces invitations lancées --fin juillet pour EELV--, les critiques ont fusé contre les deux partis de gauche. Car l'artiste est lesté d'une réputation sulfureuse, entretenue par certains gestes et propos, à commencer par la "quenelle", posture antisémite popularisée par l'humoriste Dieudonné, que Médine a réalisée à plusieurs reprises il y a une dizaine d'années.

Celui qui a grandi au Havre s'est toujours défendu d'être antisémite, sans pour autant revenir sur ses gestes ou ses déclarations les plus controversés.

Pourtant, un post publié jeudi par Médine sur le réseau X (ex-Twitter) a déclenché jeudi une nouvelle salve de messages indignés, jusque chez des membres du gouvernement, comme la secrétaire d'Etat chargée de la citoyenneté Sonia Backès et le ministre des Transports Clément Beaune, figure de l'aile gauche de l'exécutif.

«Abject»

Médine y qualifiait l'artiste et essayiste franco-gambienne Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté, de "resKHANpée" et la décrivait comme une personne "dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l'extrême-droite".

Le jeu de mot est "abject", a tonné Clément Beaune, appelant LFI et Marine Tondelier à "revenir à la raison" et à déprogrammer Médine. Une provocation comparable au "Durafour crématoire" lancé dans les années 1980 par Jean-Marie Le Pen à l'encontre du ministre de la Fonction publique de l'époque Michel Durafour, selon une vingtaine de députés du parti présidentiel Renaissance.

Médine aux journées d'été des écolos: Lescure annule sa venue

Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a annoncé samedi qu'il renonçait à se rendre aux journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts en raison de la présence du rappeur Médine auteur d'un message, selon lui de "nature antisémite", posté jeudi sur X (ex-Twitter).

"Son dernier tweet sur Rachel Khan est sans aucune ambiguïté de nature antisémite. Donc une seule décision s'imposait: ne pas y aller", déclare-t-il dans un entretien au Parisien, à propos de ce message adressé à l'artiste et essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté.

"C'est trop facile. Il joue avec les limites, il joue avec l'ambiguïté, puis, finalement, il fait machine arrière", tranche le ministre.

"L'allusion aux rescapés des camps de la mort et la mise en évidence du patronyme juif en fait une attaque antisémite indéniable et intolérable", écrivent ces parlementaires dans un communiqué commun, appelant "fermement" à désinviter le rappeur.

Accusés par la Licra d'"ambigüités trop récurrentes" sur l'antisémitisme, les Verts insistent sur l'importance de maintenir le dialogue avec tout le monde.

"Pour moi, la lutte contre l'antisémitisme, c'est une bataille culturelle qu'il faut mener et qui doit se mener partout et tout le temps, y compris là où c'est plus difficile ou plus risqué", dit Marine Tondelier.

"Je ne connais ni le rappeur Médine, ni Rachel Khan. Mais le +jeu de mot+ publié sur elle est scandaleux - au-delà de la limite malgré ce qu'il prétend", a répliqué le président de la Cour des comptes et ancien ministre socialiste Pierre Moscovici sur le réseau X.

"Maintenir Medine après ce jeu de mots antisémite sur @KhanNRachel serait cautionner cette ignominie", renchérit le président des Républicains Eric Ciotti.

Lui aussi sous la pression, Médine a dû présenter ses regrets à Rachel Khan. "La formule pas adaptée, qui à certainement dû heurter des personnes et je m'en excuse, n'était pas dirigée vers sa famille ni vers les victimes du drame de la Shoah", a-t-il posté sur X vendredi.

Habitué des réseaux sociaux, le rappeur y est régulièrement confronté à ses prises de position passées, mais aussi aux paroles de certaines chansons, vues comme hostiles à la laïcité, proche des idées islamistes.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.