«Il n'y a plus rien»: à Hawaï, les habitants de Lahaina retrouvent l'ex-capitale en cendres

John Rey Serrano et Lexie Lara, résidents de Maui, regardent depuis une route au-dessus de la ville de Lahaina après un incendie de forêt à Lahaina, dans l'ouest de Maui, Hawaii, le 11 août 2023. (AFP).
John Rey Serrano et Lexie Lara, résidents de Maui, regardent depuis une route au-dessus de la ville de Lahaina après un incendie de forêt à Lahaina, dans l'ouest de Maui, Hawaii, le 11 août 2023. (AFP).
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Publié le Samedi 12 août 2023

«Il n'y a plus rien»: à Hawaï, les habitants de Lahaina retrouvent l'ex-capitale en cendres

  • Des dizaines de personnes sont progressivement retournées à Lahaina vendredi: les autorités ont rouvert l'accès à cette ville majeure de Maui à la mi-journée
  • Ils ont découvert des scènes de désolation, très loin de l'ambiance de carte postale qui caractérisait cette cité balnéaire de 12 000 habitants fréquentée chaque année par des milliers de touristes

LAHAINA : De retour chez lui, à Lahaina, sur l'île de Maui, où Anthony La Puente a passé ces seize dernières années, il ne restait de sa maison qu'un tas de cendres encore chaudes. Le feu n'a quasiment rien épargné dans l'ancienne capitale du royaume d'Hawaï.

Cet homme de 44 ans est encore abasourdi par la disparition de son foyer.

"La seule chose que je peux dire, c'est que ça fait mal. C'est très éprouvant", confie-t-il à l'AFP. "C'est dur de ne pas pouvoir retrouver les choses avec lesquelles on a grandi, les choses dont on se souvient."

Comme lui, des dizaines de personnes sont progressivement retournées à Lahaina vendredi: les autorités ont rouvert l'accès à cette ville majeure de Maui à la mi-journée.

Ils ont découvert des scènes de désolation, très loin de l'ambiance de carte postale qui caractérisait cette cité balnéaire de 12 000 habitants fréquentée chaque année par des milliers de touristes.

Maisons, voitures, bateaux... les flammes ont réduit d'innombrables structures en cendres, comme si la ville avait été bombardée.

L'ex-capitale du roi Kamehameha - Hawaï a été annexée par les États-Unis en 1898 -, réputée pour son front de mer paradisiaque et les circonvolutions de son majestueux grand banian, arbre centenaire sous lequel avaient lieu de nombreuses danses traditionnelles, ne sera plus jamais la même.

«Les affaires de mon père»

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Davilynn Severson tient une page d'un annuaire alors qu'elle cherche ses affaires dans les cendres de la maison familiale à la suite d'un incendie de forêt à Lahaina, à l'ouest de Maui, à Hawaii, le 11 août 2023. (AFP). 

Au moins 67 personnes sont mortes dans la ville anéantie par le feu, selon le dernier bilan provisoire des autorités.

Dans les rues dévastées, on découvre des restes calcinés de chats et d'oiseaux surpris par les flammes. Des câbles de poteaux électriques détruits pendant dans le vide, et quelques petits foyers de braises continuent de brûler ici et là.

Des carcasses de voitures sont barrées d'un grand X jaune qui signale aux pompiers qu'elles ont déjà été inspectées en quête de possibles dépouilles.

Dans toute la ville, de simples tas de cendres grisâtres, souvent encore fumantes, désignent les emplacements où se dressaient des habitations, il y a encore quelques jours.

Muni du cadre d'une chaise métallique en guise de pelle de fortune, M. La Puente fouille les décombres de son ancienne cuisine. Sous les cendres, il découvre soudain une timbale tenace qui a étrangement survécu.

Mais les boîtes de photos et les souvenirs de son père, défunt, sont partis en fumée.

"J'avais emballé les affaires de mon père" en espérant pouvoir les trier un jour, explique-t-il, en réalisant que cela n'arrivera jamais. "Il n'y a plus rien."

Petits miracles

Au milieu des ruines, certains célèbrent de petits miracles, comme Chyna Cho, qui sert dans ses bras sa voisine Amber Langdon.

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Kim Chang ( à droite) serre un ami dans ses bras après que les feux de forêt aient détruit leur maison sur Front Street à Lahaina, à l'ouest de Maui, à Hawaii, le 11 août 2023. (AFP). 

"Tu as survécu !", s'exclame cette habitante, après des jours marqués par des communications difficiles sur l'île. "J'essayais de te trouver."

Keith Todd, lui, n'en revient pas: dans son coin de rue où tout n'est que cendres, sa maison est le seul bâtiment encore debout. Ses panneaux solaires continuent même d'alimenter sa cuisine en électricité.

"Je suis tellement reconnaissant, mais en même temps c'est tellement dévastateur", souffle-t-il, en regardant la désolation subie par ses voisins.

L'église catholique Maria Lanakila surplombe également les cendres de Waine'e Street, en apparence indemne.

Les murs de pierre de la prison historique de Hale Pa'ahao sont eux toujours debout, mais le bâtiment en bois qui servait à punir les marins indisciplinés n'existe plus: 170 ans d'histoire ont été anéantis.

À quelques pâtés de maisons de là, Front Street, où les restaurants et les magasins de vêtements se suivaient en enfilade le long de la côte, a pratiquement entièrement disparu.

Les bateaux amarrés dans le port de plaisance désolé, sont couverts de cendres, certains en partie fondus. D'autres ont simplement coulé.

Parmi les ruines, la silhouette du grand banian trône encore dans Lahaina. Mais ce vieil arbre aux énormes troncs n'a plus de feuilles. Noirci de suie, il ressemble à un squelette.

Personne ne connaît encore l'étendue des dommages qu'il a subi et s'il arrivera à survivre. Mais une chose est sûre: la ville sur laquelle il veillait a disparu.


Poutine en Chine cette semaine, en quête d'un soutien plus fort de Pékin

Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine
  • Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était «sans limites»

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine cette semaine avec l'espoir d'obtenir de son "cher ami" Xi Jinping un plus net soutien à sa guerre en Ukraine, une visite annoncée mardi par les deux pays.

Le dirigeant russe "effectuera une visite d'Etat en Chine du 16 au 17 mai", jeudi et vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

Baisse des exportations 

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin.

Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

"Les banques chinoises s'inquiètent de l'impact pour leur réputation et cherchent à éviter de grosses sanctions", souligne Elizabeth Wishnick, spécialiste des relations sino-russes au centre de réflexion américain CNA.

Pas «naïfs»

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les Etats-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie.

"Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les Etats-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Les Russes ne sont pas "naïfs" et "savent très bien que les liens avec l'Occident sont très importants pour la Chine" note M. Gabuev du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Mais ils sont toutefois "certains que la Chine ne les laissera pas tomber", souligne-t-il.


Accusations d'interférences au Royaume-Uni: Londres a convoqué l'ambassadeur chinois

Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
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  • Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire
  • Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère

LONDRES: Londres a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur chinois au lendemain de la présentation à la justice de trois hommes accusés d'aide aux services de renseignement hongkongais et d'interférence étrangère.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a été "sans équivoque" sur le fait que le comportement récent de la Chine n'est "pas acceptable", a indiqué un porte-parole dans un communiqué, évoquant cyberattaques, espionnage et promesse de récompense dans la traque de militants pro-démocratie à Hong Kong.

Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur présentation à la justice lundi à Londres.

Chung Biu Yuen est un chef de l'agence du commerce et de l'économie de Hong Kong (ETO) à Londres, selon le gouvernement hongkongais.

Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère, en vertu de la loi britannique sur la sécurité nationale.

Ils sont notamment accusés d'avoir rassemblé des informations, mené des actions de surveillance "susceptibles d'aider matériellement un service de renseignement étranger dans ses actions liées au Royaume-Uni", et ce entre le 20 décembre 2023 et le 2 mai 2024.

Ils ont également été inculpés pour avoir forcé l'entrée dans une habitation, le 1er mai dernier.

Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique.

En juillet 2023, Londres avait vivement protesté contre les mandats d'arrêt et promesses de récompense visant à appréhender des militants pro-démocratie ayant fui Hong Kong.

Le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a défendu mardi ses agences du commerce à l'étranger (ETO).

"Toute tentative d'allégation injustifiée contre le gouvernement (de Hong Kong) est inacceptable", a-t-il déclaré.

M. Lee a accusé lundi le Royaume-Uni d'avoir "inventé des accusations, arrêté arbitrairement des citoyens chinois et calomnié le gouvernement de Hong Kong". Il a dit mardi avoir demandé des précisions sur cette affaire au consulat britannique à Hong Kong et attendre une réponse.


Turquie: environ 500 personnes arrêtées suspectées de lien avec le prédicateur Gülen

Des policiers anti-émeutes turcs arrêtent un manifestant lors d'une audience judiciaire contre l'universitaire Nuriye Gulmen et l'enseignant Semih Ozakca devant la prison de Sincan, dans la province d'Ankara, le 28 septembre 2017 (Photo, AFP).
Des policiers anti-émeutes turcs arrêtent un manifestant lors d'une audience judiciaire contre l'universitaire Nuriye Gulmen et l'enseignant Semih Ozakca devant la prison de Sincan, dans la province d'Ankara, le 28 septembre 2017 (Photo, AFP).
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  • Les suspects sont accusés de s'être inscrits aux concours de la fonction publique sur ordre du mouvement güleniste
  • En exil volontaire outre-Atlantique depuis 1999, Fethullah Gülen, à la tête d'un mouvement aussi puissant qu'opaque, est tenu pour responsable de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016

ANKARA: Les autorités turques ont annoncé mardi l'arrestation de 544 personnes soupçonnées d'être liées au prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan qui l'accuse d'avoir orchestré une tentative de putsch en 2016.

"544 suspects ont été arrêtés dans le cadre de l'opération Pince-15", a affirmé le ministre de l'Intérieur turc Ali Yerlikaya sur X (ex-Twitter).

L'opération, menée dans 62 des 81 provinces turques, visait des "individus destinés à intégrer différents niveaux de la fonction publique par Feto", acronyme utilisé par Ankara pour désigner le mouvement religieux güléniste.

"Nous ne laisserons pas tranquilles les membres de Feto", a prévenu le ministre.

Les suspects sont accusés de s'être inscrits aux concours de la fonction publique sur ordre du mouvement güleniste et d'utiliser la messagerie Bylock pour échanger, considérée par Ankara comme appartenant aux partisans du prédicateur.

Exil

En exil volontaire outre-Atlantique depuis 1999, Fethullah Gülen, à la tête d'un mouvement aussi puissant qu'opaque, est tenu pour responsable de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, ce qu'il a toujours nié.

Autrefois allié précieux de M. Erdogan, le prédicateur musulman, âgé de 83 ans selon l'état civil, avait été accusé par les autorités turques d'être à l'origine des soupçons de corruption qui ont visé le gouvernement en décembre 2013, quand M. Erdogan était encore Premier ministre.

Depuis la tentative du coup d'Etat, le chef de l'Etat accuse l'imam, à la tête d'un mouvement présent sur tous les continents via, notamment, un tentaculaire réseau d'écoles privées, d'avoir mis en place un Etat parallèle destiné à le renverser.

Les autorités turques ont procédé depuis ce putsch manqué à plus de 300.000 arrestations, notamment dans les rangs de la police, de la justice et de l'armée et parmi les intellectuels.

Des poursuites ont été engagées contre près de 700.000 personnes et 3.000 d'entre elles, accusées d'avoir joué un rôle dans le coup d'Etat raté, ont été condamnées à la prison à vie.

La Turquie exige régulièrement des pays occidentaux l'extradition de militants gülénistes vivant sur leurs sols.

Ankara en avait aussi fait l'une des conditions à la ratification par le Parlement turc de l'adhésion la Suède et de la Finlande à l'Otan, avant finalement de passer outre.