L'Argentine aux urnes pour pré-sélectionner son futur président lors de primaires

Un homme vérifie son nom sur les listes avant de voter lors des élections primaires à Buenos Aires le 13 août 2023. (AFP).
Un homme vérifie son nom sur les listes avant de voter lors des élections primaires à Buenos Aires le 13 août 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 14 août 2023

L'Argentine aux urnes pour pré-sélectionner son futur président lors de primaires

  • Plus de 35 millions d'électeurs sont appelés à présélectionner à la fois les partis qui seront en lice le 22 octobre pour la présidentielle - il faut pour cela obtenir 1,5% des votes nationalement - et leurs candidats
  • Comme un sondage grandeur nature, à double détente

BUENOS AIRES: Les Argentins, à la fois épuisés par l'inflation et désabusés par leurs politiciens, ont voté dimanche lors de primaires pour désigner les candidats à la présidentielle d'octobre, un scrutin à l'issue incertaine pour la succession d'Alberto Fernandez (centre gauche).

Plus de 35 millions d'électeurs étaient appelés à présélectionner à la fois les partis qui seront en lice le 22 octobre à la présidentielle - il faut pour cela obtenir 1,5% des votes nationalement - et leurs candidats. Comme un sondage grandeur nature, à double détente.

A l'issue d'une journée sans incidents notables, les bureaux de vote, ouverts à 8H00, ont fermé pour la majorité à 18H00, hormis des extensions ponctuelles à Buenos Aires, qui testait un nouveau système de vote électronique. Les premiers résultats devaient être connus vers 22H00 (01H00 GMT lundi).

Une première estimation faisait état de 68,3% de participation, très en deçà des primaires d'il y a quatre ans (76,4%), et malgré le caractère obligatoire du vote, semblant confirmer les craintes de désaffection d'un électorat désenchanté.

Qui veut vraiment diriger l'Argentine, 3e économie d'Amérique latine au spectaculaire potentiel agricole et de matières premières, mais malade longue durée du continent? Le pays est enferré entre une inflation à deux chiffres depuis 12 ans (et même trois chiffres cette année, 115% sur an), une dette colossale auprès du FMI, une pauvreté à 40%, et une monnaie, le peso, qui dévisse.

Des 22 tickets "président + vice-président" en lice, il ne restera qu'une demi-douzaine lundi en vue du 22 octobre, dont deux blocs dominants, d'où devrait émerger le futur président. Le sortant Alberto Fernandez, très impopulaire, ne se représente pas.

Dans le camp gouvernemental (centre gauche), Sergio Massa, ministre de l'Economie de 51 ans, est assuré d'emporter la primaire, malgré une candidature mineure sur sa gauche. Le centriste Massa a réussi à rallier le camp péroniste et à garder l'oreille du FMI. Mais il a contre lui de gérer, depuis un an, une économie en soins intensifs.

Grande inconnue à droite 

Dans l'opposition de droite, une vraie primaire, indécise, oppose le maire de Buenos Aires depuis 2015, Horacio Larreta, 57 ans, qui se dépeint en modéré et adepte de la concertation, à une ex-ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, 67 ans, qui promet des méthodes "choc", tant en économie qu'en sécurité.

Un intérêt majeur des PASO (Primaires ouvertes, simultanées et obligatoires) est de donner une tendance, un baromètre de l'état des forces, augurant parfois de la présidentielle.

C'était le cas en 2019, lorsque le score aux primaires d'Alberto Fernandez - seul pré-candidat du camp péroniste - avait préfiguré sa victoire à la présidentielle sur Mauricio Macri. Mais l'aspect "sondage grandeur nature" ne joue qu'en cas d'écart important, beaucoup de choses pouvant encore se passer en deux mois de campagne.

D'ores et déjà, les PASO 2023 marquent une rupture, avec l'absence de deux figures dominantes de la politique argentine des dernières années: la péroniste Cristina Kirchner, 70 ans, ex-cheffe de l'Etat (2007-2015), et Mauricio Macri, 64 ans, le président libéral qui lui succéda en 2015, avant d'être défait par Alberto Fernandez en 2019.

A qui profite le désenchantement ?

Le retrait de ces deux grands rivaux, personnalités antagoniques, clivantes, pourrait-il annoncer un répit dans la polarisation aigüe de la politique argentine? A moins qu'il ne signale une désillusion générale, après deux présidences très contrastées, l'une libérale, l'autre interventionniste, qui ont toutes deux amèrement déçu.

"Je veux le meilleur pour mes petits-enfants, mais je ne vois guère d'espoir", se désolait Isabel Asebal, une électrice 77 ans. "Ils (les jeunes) sont tous apolitiques, ça ne les intéresse pas, ils ne pensent qu'à une chose, quitter le pays".

"Il y a une désaffection croissante de l'électorat, dans un pays qui avait des identités politiques marquées", diagnostique Juan Negri, politologue de l'Université Torcuato di Tella.

Ce désenchantement pourrait profiter au "troisième homme", l'économiste ultralibéral-libertaire Javier Milei, au discours incendiaire contre la "caste" politique, qui a fait sensation aux législatives en 2021, son parti devenant la troisième force à Buenos Aires (17,3%). Mais il pourrait peiner à reproduire cet impact à l'échelle du pays.

"Il faut casser ce qui a été fait, puis recoller les morceaux et tout recommencer", lançait Facundo Cardozo, commercial de 27 ans près d'un bureau de vote de Barrio Norte, évoquant l'attrait d'une solution radicale type Milei, "au point où en sont les choses".

Les Argentins votaient aussi dimanche pour pré-sélectionner des candidats à la Chambre des députés et au Sénat, renouvelables pour partie lors du scrutin du 22 octobre.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.