Darmanin sort du bois pour la présidentielle de 2027

Le ministre français de l'Intérieur et de l'Outre-mer Gérald Darmanin (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur et de l'Outre-mer Gérald Darmanin (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Darmanin sort du bois pour la présidentielle de 2027

  • Elisabeth Borne n'a pas été conviée à cet événement, selon une source dans l'entourage de la Première ministre
  • Darmanin,qui nourrit l'ambition de rassembler la droite et d'être capable de battre Marine Le Pen, doit faire face à une forte concurrence

PARIS: Gérald Darmanin est sorti du bois dimanche en vue de l'élection présidentielle de 2027, dressant le portrait du candidat capable à ses yeux de remporter ce scrutin, pour en définitive se dépeindre lui-même.

Dans des confidences au Figaro, avant son déplacement en Polynésie jusqu'à la fin de la semaine prochaine, le ministre de l'Intérieur donne le ton de "sa rentrée politique" prévue le 27 août dans son fief de Tourcoing dans le Nord, axée sur "les classes populaires" délaissées, selon lui, par les partis politiques.

"Ce qui m'intéresse, ce n'est plus de regarder ce qu'il s'est passé en 2017 et 2022. Ce qui m'inquiète maintenant, c'est ce qui se passera en 2027", dit Gérald Darmanin au quotidien.

"Il ne faudrait pas que l'on remette notre avenir entre les mains de la technique et des techniciens en utilisant des mots que les Français ne comprennent pas toujours. On doit parler avec le cœur, pas avec des statistiques", poursuit-il en éreintant ceux qui à ses yeux représentent au gouvernement "la gauche bobo-libérale".

Gérald Darmanin, qui a fait campagne en vain pour remplacer en juillet Elisabeth Borne à Matignon, considère que "si la réponse du prochain candidat à la présidentielle (de la majorité) est de s'en remettre aux jurisprudences et aux marchés internationaux, alors il actera que la volonté politique n'est plus que chez les extrêmes". "On perdra l'élection et Marine Le Pen sera élue", ajoute-t-il.

Il dit "penser comme Ruffin (LFI) et Roussel (PCF) que c'est la question sociale qui est la plus importante". "J'ai été plutôt minoritaire pour l'instant sur l'importance de la question sociale mais j'espère que la boussole populaire que je propose sera un jour totalement entendue par la majorité", poursuit le ministre.

Rentrée personnelle 

"Après six ans au gouvernement, je suis heureux de répondre à l'appel de mes amis qui me pressent d'affirmer un peu plus la boussole populaire que je propose", fait valoir Gérald Darmanin pour expliquer l'organisation de sa réunion à Tourcoing où environ 400 personnes sont attendues dont 90 parlementaires et des ministres, parmi lesquels Olivier Dussopt (Travail).

Lui qui a des responsabilités au sein du parti présidentiel Renaissance - il en est le secrétaire général délégué en charge de la formation -, et n'a pas de micro-parti, a décidé d'une rentrée politique toute personnelle.

Elisabeth Borne n'a pas été conviée à cet événement, selon une source dans l'entourage de la Première ministre. Le président de Renaissance, Stéphane Séjourné, a été informé et invité, selon un membre du parti.

Mais on souligne à Renaissance que le rendez-vous du 27 août est organisé "par les militants Renaissance du Nord". "C'est un statut hybride ", reconnaît-on.

Tous les parlementaires de la majorité ont été invités, selon une source proche des organisateurs.

Gérald Darmanin, qui nourrit l'ambition de rassembler la droite et d'être capable de battre Marine Le Pen, doit faire face à une forte concurrence.

Moins de trois ans avant l'échéance, la classe politique bouillonne déjà, Emmanuel Macron ne pouvant pas être candidat à sa succession.

A droite, Bruno le Maire, Edouard Philippe, Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez sont régulièrement cités comme pouvant être tentés.

Dans cette bataille, les liens d'amitiés n'ont plus leur place apparemment. C'est ainsi que Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais, dont Gérald Darmanin était proche, n'a été ni informé ni invité le 27 août, selon une source régionale.

Durant ses vacances dans le sud-est, le ministre de l'Intérieur et son épouse ont été reçus fin juillet à dîner au Cap-Nègre par Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, a-t-on appris de source proche, confirmant une information du JDD.

Gérald Darmanin se réclame régulièrement de l'ancien président, qu'il décrit comme son mentor.

Il ne dit pas qu'il pense à la présidentielle "tous les jours en se rasant", comme l'avait dit Nicolas Sarkozy, mais promet que son 27 août aura "une suite". Au Figaro qui lui demande s'il s'agit d'un "coup d'éclat", il répond: "+Un coup d’éclat+, cela voudrait dire qu'il n'y aurait pas de suite à ce rendez-vous, alors qu'il y en aura évidemment une".


Darmanin veut mettre les victimes «au centre» du système judiciaire

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
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  • "Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat"
  • "Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme"

PARIS: Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mardi soir avoir donné instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire et précisé son projet de loi prévoyant une "peine minimum" d'un an de prison pour toute agression d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI.

Gérald Darmanin a assuré avoir pris une instruction ministérielle qui prendra effet "lundi prochain", exigeant que toute victime puisse être "reçue à (sa) demande" par les instances judiciaires ou encore qu'une notification lui soit adressée pour la prévenir "quand (son) agresseur sort de prison".

"Il est normal, si vous êtes victime de viol (...) que vous puissiez savoir quand la personne va sortir de prison", a illustré le garde des Sceaux.

"On va changer totalement le paradigme du ministère de la Justice. Au lieu de mettre l'accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre", a encore souligné M. Darmanin.

Il a également précisé les contours d'un projet de loi pour instaurer une "peine minimum" d'un an de prison pour tout agresseur d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat", a-t-il affirmé.

"Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme", a-t-il insisté, espérant une entrée en vigueur en "début d'année prochaine" après un vote au Parlement.

Gérald Darmanin veut aussi légiférer pour qu'une peine de sursis ne puisse être prononcée qu'une seule fois avant le prononcé d'une peine de prison ferme, pour lutter contre les multirécidivistes.

"Les gens auront un seul sursis. Et puis s'ils en ont un deuxième, c'est directement la case prison ou c'est directement l'application de la peine de sursis, par exemple le travail d'intérêt général", a-t-il prôné lors de cet entretien donné après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu.

"Si nous ne corrigeons pas nos excès, si nous ne faisons pas preuve d'humilité, si nous ne disons pas que nous nous sommes trompés (...), je crois que nous courons le grand danger d'être éliminés totalement de la vie politique française et de laisser aux Français le choix entre l'extrême droite et l'extrême gauche" lors de la présidentielle de 2027, a-t-il ajouté.

 


Lecornu face à l'Assemblée, son gouvernement suspendu à la réforme des retraites

 C'est l'heure de vérité pour Sébastien Lecornu, après des semaines de crise politique: le Premier ministre va enfin prononcer mardi sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée, où ses engagements sur les retraites dicteront la conduite des socialistes, qui détiennent la clé de la censure. (AFP)
C'est l'heure de vérité pour Sébastien Lecornu, après des semaines de crise politique: le Premier ministre va enfin prononcer mardi sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée, où ses engagements sur les retraites dicteront la conduite des socialistes, qui détiennent la clé de la censure. (AFP)
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  • Le pensionnaire de Matignon se rendra d'abord à l'Elysée pour un premier Conseil des ministres à 10H00
  • Sa nouvelle équipe examinera les projets de budget de l'Etat et de la Sécurité sociale, afin qu'ils soient transmis dans les temps au Parlement

PARIS: C'est l'heure de vérité pour Sébastien Lecornu, après des semaines de crise politique: le Premier ministre va enfin prononcer mardi sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée, où ses engagements sur les retraites dicteront la conduite des socialistes, qui détiennent la clé de la censure.

Le pensionnaire de Matignon se rendra d'abord à l'Elysée pour un premier Conseil des ministres à 10H00. Sa nouvelle équipe examinera les projets de budget de l'Etat et de la Sécurité sociale, afin qu'ils soient transmis dans les temps au Parlement.

Mais c'est à partir de 15H00 que les choses se joueront, à la tribune de l'Assemblée nationale, avec sa déclaration de politique générale. Les responsables des groupes parlementaires pourront ensuite lui répondre avant qu'il ne reprenne une dernière fois la parole.

Si l'exercice impose qu'il aborde de nombreux sujets cruciaux pour le pays, l'attention sera focalisée sur les retraites.

"Nous demandons clairement la suspension immédiate et complète de la réforme" de 2023, adoptée sans vote au prix d'un recours au 49.3, a martelé lundi le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

La question est délicate pour Sébastien Lecornu, dont la priorité est de "donner un budget à la France d'ici la fin de l'année".

Même le camp présidentiel est divisé sur la question: si certains ne veulent pas voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, d'autres espèrent une suspension pour tenter de sortir de la crise politique.

"Il faut bouger clairement sur les retraites et j'espère que le Premier ministre le fera demain", a ainsi estimé lundi le député macroniste Charles Sitzenstuhl.

Selon des sources gouvernementales et parlementaires, Sébastien Lecornu invitera mardi à Matignon les ministres et députés du camp gouvernemental, avant de se rendre à l'Assemblée prononcer son discours.

"Pente naturelle" 

Le PS tiendra un Bureau national à 13H00, a-t-on appris auprès d'une source socialiste. Et se retrouve sous la pression des autres oppositions, RN et LFI en tête.

"C'est le moment de vérité", a lancé lundi le patron du RN Jordan Bardella. Le gouvernement "va évidemment tomber puisqu'il n'y a aucune possibilité de suspension des retraites avec les gens qui sont là-dedans", a jugé pour sa part le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon.

A ce stade, deux motions de censure ont été déposées, par LFI et des alliés de gauche, et par la coalition RN/UDR, le parti d'Eric Ciotti.

Le PS pourrait décider de déposer sa propre motion mardi après le discours de politique générale.

Le choix des socialistes sera décisif: leurs voix feraient presque assurément pencher la balance de la censure, qui nécessite 289 voix.

Si tout le reste de la gauche (insoumis, écologistes et communistes) et l'alliance RN-UDR votaient une censure, il ne faudrait même qu'une vingtaine de voix du PS pour faire tomber le gouvernement.

Une équation qui interroge un conseiller de l'exécutif: "est-ce que Faure tient le groupe?"

"On a peut-être une douzaine, une dizaine de députés, qui voteront quand même" la censure, même si le groupe appelait à s'abstenir, a commenté sur LCP le porte-parole des députés socialistes Romain Eskenazi.

Il estime toutefois que si le gouvernement accède à des demandes sur les "retraites, le pouvoir d'achat et la fiscalité", il sera épargné.

"Je pense que la pente naturelle des députés est de dire +franchement, on sanctionne tout ça+", résume une source au sein du groupe. Selon lui, "en leur for intérieur", les députés socialistes sont partagés alors que "les Français sont aussi fatigués" par la crise politique et "qu'ils nous demandent de nous entendre".

D'autant que le PS escompte décrocher d'autres victoires dans l'hémicycle.

L'objectif du projet de budget est de garder le déficit en dessous des 5% du PIB, au lieu de 4,7% initialement prévu, un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d'euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions.

"Sur ces bases là, nous allons pouvoir réviser complètement la copie qui va être présentée en Conseil des ministres", a estimé lundi Olivier Faure.


Gouvernement Lecornu: «le devoir de tous c'est d'oeuvrer à la stabilité», exhorte Macron

Le gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé dimanche soir, est déjà la cible d'une motion de censure initiée par La France insoumise et déposée lundi matin. Le Rassemblement national a également annoncé en avoir déposé une de son côté. (AFP)
Le gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé dimanche soir, est déjà la cible d'une motion de censure initiée par La France insoumise et déposée lundi matin. Le Rassemblement national a également annoncé en avoir déposé une de son côté. (AFP)
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  • Le gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé dimanche soir, est déjà la cible d'une motion de censure initiée par La France insoumise et déposée lundi matin
  • Le Rassemblement national a également annoncé en avoir déposé une de son côté

CHARM EL-CHEIKH: Emmanuel Macron a appelé lundi les forces politiques à "oeuvrer à la stabilité" et non à "faire des paris sur l'instabilité", au lendemain de la nomination du nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, déjà menacé de censure par LFI et le RN.

"Je trouve que beaucoup de ceux qui ont nourri la division, les spéculations, n'ont pas été au niveau du moment où vit la France et de ce qu'attendent les Françaises et les Français", a insisté le chef de l'Etat à son arrivée en Egypte où il assiste à un "sommet pour la paix" à Gaza.

"Les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seules responsables de ce désordre", a-t-il martelé.

Le gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé dimanche soir, est déjà la cible d'une motion de censure initiée par La France insoumise et déposée lundi matin. Le Rassemblement national a également annoncé en avoir déposé une de son côté.

M. Lecornu, reconduit vendredi, avait été contraint à la démission il y a une semaine, en voyant sa coalition gouvernementale voler en éclats avec la fronde des Républicains (LR).

Face à ce chaos politique, M. Macron a demandé "à tout le monde de se ressaisir, de travailler avec exigence, respect". Et, interrogé sur une possible dissolution en cas de nouvelle chute du gouvernement, il a assuré ne "faire aucun pari".

"Je souhaite que le pays puisse avancer dans l'apaisement, la stabilité, l'exigence et le service des Français", a encore déclaré le président.